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Hommage rendu à feu Ismaël Tidjani Serpos : Louis Vlavonou fait ses adieux à son ancien collègue

Publié le vendredi 15 novembre 2019  |  Matin libre
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La dépouille mortelle de l’ancien député Ismaël Tidjani Serpos a reçu les hommages de la 8ème législature hier jeudi 14 novembre 2019 au Palais des gouverneurs à Porto-Novo. C’est à la faveur d’une cérémonie d’hommage dédiée que le président Louis Gbèhounou Vlavonou a rendu un témoignage singulier à son ancien collègue rappelé à Dieu le vendredi 8 novembre 2019 dans sa 72ème année. Ainsi Après feu Albert Tévoédjrè, l’Assemblée nationale du Bénin a sacrifié à la tradition pour le cas de la mémoire de feu Ismaël Tidjani Serpos qui s’est éteint au Maroc le vendredi 8 novembre 2019 des suites d’une longue maladie. C’était en présence des 83 députés et de l’ensemble du personnel civil et militaire.
Il est à signaler que l’ancien ministre de la justice et de la législation sous le Général Mathieu Kérékou en 1996, feu Ismaël Tidjani Serpos a été plusieurs fois élus députés à l’Assemblée nationale sous la bannière du Parti du renouveau démocratique. C’est au cours de l’une de ces législatures d’ailleurs qu’il a présidé la Commission des lois.
Feu Ismaël Tidjani Serpos a vu le jour en 1948 à Allada. Pour le président de l’Assemblée Nationale Louis Gbèhounou Vlavonou, Ismaël Tidjani Serpos a géré l’administration du service de la justice, avec vérité et autorité.
Kola PAQUI

Lire ci-dessous l’oraison funèbre du président Vlavonou

« Porto-Novo, le 14 novembre 2019
– Mesdames et Messieurs les membres du Bureau ;
– Mesdames et Messieurs les membres de la Conférence des Présidents ;
– Mesdames et Messieurs les Députés ;
– Monsieur le Maire de la ville de Porto-Novo ;
– Mesdames et Messieurs les Notables, dignitaires et sages de Porto-Novo ;
– Mesdames et Messieurs les membres de la famille TIDJANI-SERPOS ;
– Honorables invités ;
– Mesdames et Messieurs,
L’adage bien connu d’un vieillard dit : « Le jour de ta naissance, tu étais le seul à pleurer pendant que tout le monde riait. Conduis ta vie de manière qu’à ta mort, tu sois le seul à rire pendant que tout le monde te pleure ;
« La mort a pour tous un regard. La mort viendra et elle aura tes yeux », disait Cesare PAVEZE.
La mort ! Oui, la mort.
Elle nous a arrachés, à notre affection, notre ancien collègue Ismaël Serpos TIDJANI, le vendredi 8 novembre 2019.

– Cher frère Ismaël,
J’aurais aimé avoir à te rendre cet hommage en d’autres circonstances ; porter le toast en l’honneur d’une bougie soufflée ; éprouver ta joie de vivre dans l’éclat d’un rire vivace ; chanter ta rigueur professionnelle, magnifier ton don de soi, te serrer la main et la secouer vivement pour saluer ton dévouement au service de notre patrie…
Mais il est écrit que « ce que la mort touche de ses mains froides ne se réchauffe plus aux foyers d’ici-bas » : Victor HUGO.
Et c’est elle, hélas, qui nous rassemble autour de toi, ici, drapé des couleurs de cette nation que tu auras servie, avec une humilité qui n’a d’égale que ton sens du devoir, ta fidélité à elle.
Nous sommes, députés de la 8ème législature, venus ici pour répondre au devoir, le cœur lourd d’émotions.
Mais ce n’est pas qu’au nom de ce parlement, de ses élus.
La représentation nationale, à travers chaque mandature, porte l’écho silencieux de nos compatriotes ; ceux qui furent, ceux qui œuvrent dans le présent,
et ceux qui incarneront demain, le chemin qui va sédimenter les valeurs de la République arc-boutées au fronton de toutes les institutions, comme une vieille gargouille qui crie et libère dans l’écho de sa voix qui retentit, les aspirations du peuple pour qui nous légiférons.
Notre hommage à l’auguste parcours qui fut le tien, dans chacun des trois compartiments du pouvoir, c’est l’hommage à l’homme de justice qui, au Palais où se dit le droit, aura marqué les esprits par sa compétence et sa droiture.
Mais ce n’est pas que cela. C’est aussi l’hommage au distingué citoyen qui, au cœur de l’Exécutif, aura incarné l’administration du service de justice, avec vérité et autorité ; l’implacable autorité de la loi qui élève le plus humble à la dimension du plus grand ; par le mécanisme de la balance tenue par la Vierge Aveugle dont l’immaculée vocation est de restaurer l’équilibre, là où la société tend à instaurer des déséquilibres.
Enfin, cet hommage est surtout rendu à l’Honorable Citoyen qui, le long de quatre mandatures, aura occupé les fonctions les plus exigeantes au sein du Parlement et aura produit un rendement que les législatures suivantes reconnaissent et saluent avec déférence.
Et n’est-ce pour la consistance du parcours, tant au sein de ce Parlement, où tu fus, entre autres, président de la commission des Lois, qu’au parlement panafricain, où tu fus président de la Commission permanente des règlements, des privilèges et de la discipline, que tu auras engrangé toutes les distinctions honorifiques de l’ordre national, parachevées, la dernière mais pas la moindre, par la Grand’ Croix ?
Ismaël, nous avions psalmodié, à la suite du poète, que « ce que la mort touche de ses mains froides ne se réchauffe plus aux foyers d’ici-bas ».
Mais la mort touche-t-elle à l’essence des choses ?
Lorsque sous son empire, elle fait s’évaporer la matière, n’est-ce pas alors que l’âme, légère, s’élève, monte et s’avance vers le Créateur ?

Ismaël, cher collègue, cher frère,
Tu retournes dans l’Eternité. Mais derrière toi, l’émotion de perdre un être cher se mêle à la fierté d’avoir connu un grand homme, un digne habitant de la terre qui a excellé dans l’utile et l’agréable ; un homme qui a fait fleurir les arts de la Paix.
A soixante-onze ans sept mois environs, une histoire a pris corps. Cette histoire, c’est bien toi, cher frère Ismaël, dont les pages flamboient encore, parce que, derrière la chair qui s’éteint, nos yeux convergent et voient l’esprit qui monte ; et son élan ascensionnel est le chant d’hommage de toute l’Assemblée Nationale, que dis-je, de toute la Nation, à un citoyen qui, à travers son nom et son parcours, aura gravé son souvenir en lettres d’or dans les annales d’histoire de toute une nation.
Il est écrit que l’homme est poussière et qu’il retournera à la poussière. Te voilà revenu ici, à cet endroit où la chair s’évanouit dans la poussière, sa mère.
Du fond de cette terre qui s’ouvre, hospitalière pour accueillir dans ses entrailles un fils qui retourne dans la gloire du Père Céleste, l’envie de pleurer s’émousse face à la majesté de ton parcours, soldat qui aura combattu l’injustice ; qui aura servi la nation encore assoiffée de toi ; qui se sera ensuite retranché dans un digne silence, espace de méditation où les Grandes Âmes savent converser avec le Maître des Temps.
Quelle idée de te pleurer, quand tu auras tant combattu, quand tu auras donné ton utile coup de truelle dans le chantier, aux côtés de nombreux autres bâtisseurs qui, par générations successives, auront tissé la nouvelle corde au bout de l’ancienne !
Comment ne pas rester impressionné par l’humilité qui t’aura caractérisé, dans toutes tes fonctions !
Et puisqu’il est écrit que « Dieu fait grâce aux humbles », et que « l’humilité précède la gloire », c’est à lui, qu’au nom de mes collègues et en mon nom propre, je te confie.
Comment finir de m’adresser à toi sans un mot de compassion et de vive émotion à l’endroit de ta famille, mes collègues et moi.
Tout particulièrement, nos pensées s’adressent à cette jeune veuve dévouée au service de l’administration parlementaire, notre collègue Noëllie ASSOGBA, qui devra, à trente-huit ans, s’habituer à embrasser l’absence, et veiller, avec l’exigence que peut requérir telle mission, sur l’éducation de six jeunes orphelins.
Brave pèlerin, rentre donc dans la gloire du Père Céleste, là où la joie fleurit en abondance ; où les justes marchent, fiers, dans les sillons tracés par l’Eternel.
Va, et repose en paix ! »
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