L'ambassadeur du Nigeria à Cotonou a été
convoqué par le ministre des Affaires étrangères du Bénin à la suite
d'attaques contre des commerçants béninois à la frontière entre les deux pays,
a-t-on appris dimanche de source officielle béninoise.
"Le fait pour moi de convoquer l'ambassadeur du Nigeria est l'expression du
mécontentement du Bénin", a déclaré à l'AFP le ministre des Affaires
étrangères du Bénin, Aurélien Agbénonci.
Vendredi dernier, des hommes en armes venus du Nigeria voisin ont fait
irruption à la frontière entre les deux pays, à la hauteur des localités de
Adja-Ouèrè et Pobè pour vandaliser des magasins de commerçants béninois, selon
des habitants.
"Des militaires et douaniers nigérians ont défoncé les grilles de sécurité
de ma boutique située au quartier Adéromou", a témoigné Antoine Bamigbola,
commerçant béninois joint par l'AFP.
"Ils ont emporté 350 sacs de riz de 50 kgs, 850.000 nairas (la monnaie du
Nigeria très utilisée à la frontière, soit 2.200 euros), et quatre portables",
a-t-il précisé.
D'autres magasins de riz appartenant à des Béninois à la frontière ont subi
le même sort, selon les autorités locales.
"Ils étaient armés jusqu'aux dents et ont tenu tout le monde en respect",
raconte un autre témoin selon lequel les assaillants étaient plus de 30 et
disposaient de plusieurs pick-up.
Selon la Banque mondiale, l'économie béninoise est fortement tributaire du
commerce de transit avec le Nigeria qui représente environ 20% de son PIB.
Le Nigeria a fermé ses frontières terrestres avec le Bénin, sans
avertissement, depuis le 21 aout et accuse ce pays de faire entrer sur son
territoire du riz importé, portant un coup à la production locale.
Les présidents Patrice Talon et Muhamadu Buhari se sont rencontrés fin août
à la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de
l'Afrique(Ticad) et ont échangé sur le sujet, sans qu'il y ait amélioration.
La semaine dernière, des délégations ministérielles des deux pays et du
Niger voisin se sont rencontrés à Abuja pour tenter de trouver une solution à
la crise.