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Art et Culture

Fête de la chicotte à Parakou: Le courage Lokpa à travers l’épreuve de la flagellation

Publié le vendredi 22 novembre 2019  |  La Nation
Fête
© aCotonou.com par DR
Fête de la chicotte à Parakou
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Le Kamouhou, la fête de la chicotte, a sonné les grandes retrouvailles entre les membres de la communauté Lokpa résidant dans le département du Borgou, samedi 16 novembre dernier, à Parakou. Agés de 5 à 18 ans, ils se sont soumis sans retenue et sans désemparer à l’épreuve de la flagellation, symbole de courage, d’endurance et de maturité.
Considéré comme l’une des valeurs identitaires de l’aire culturelle Lokpa, le Kamouhou célébré à Parakou, samedi 16 novembre dernier, ne sera pas de sitôt oublié. Il en était de même pour ses précédentes éditions. Loin de leur terre natale d’où ils sont partis, pour s’établir à Parakou, N’Dali, Tchaourou et leurs environs à la recherche d’espaces fertiles à cultiver, les membres de la communauté Lokpa n’ont donc pas oublié leur culture. Ils veillent à sa sauvegarde. Cette célébration marque le début des moissons dans leur aire.
En effet, torse nu, les bras bardés d’amulettes, les reins ceints d’attirails ou d’accoutrements de toutes sortes, puis les visages barbouillés au kaolin ou au charbon, et pour certains, les têtes ornées de plumes d’oiseaux, c’est par petits groupes qu’ils ont afflué au lieu de rendez-vous. Munis d’impressionnantes chicottes et de bâtons pour parer les coups, ils se sont affrontés à cœur joie entre plus jeunes, adolescents et adultes. C’est sans qu’ils ne laissent transparaître sur leurs visages, le moindre signe de douleur. Soutenus par des groupes d’accompagnateurs, ils se sont fait flageller sous le regard admiratif du public.
« Je ne souffre pas. Même si ces traces de lanière me font mal, l’émotion qui m’anime actuellement ne me permet pas de ressentir la douleur. La tradition doit se perpétuer», confie Modeste Nouhoum. Il venait de se livrer à une partie de flagellation. D’ailleurs, son corps meurtri et bien lacéré, portait de nombreux stigmates.
Devenir un homme mûr

« C’est pour permettre aux jeunes de se préparer pour les combats futurs. Il en est ainsi depuis le temps de nos ancêtres », a expliqué le roi de Dompago, Akpaloba Koumaï, qui, pour la circonstance, a effectué le déplacement. « C’est chaque année et au cours d’un mois donné, que nous organisons cette fête», a souligné le président du comité d’organisation de l’édition 2019 du Kamouhou de la communauté Lokpa à Parakou, Salifou Yorou. Situant l’importance de cette fête, il a indiqué qu’elle permet aux jeunes Lokpa de mesurer leur courage, puis de connaître leur place dans le milieu où ils vivent. C’est une initiation à laquelle ne participe pas qui veut. « Elle exige une certaine préparation », a-t-il poursuivi.
Ainsi, le jeune Lokpa qui est candidat au Kamouhou a à cœur de ne pas décevoir les membres de sa famille et ses nombreux amis venus pour le soutenir. Il se doit alors de parer les coups. « C’est 3 coups de fouets. Lorsque, sans en donner à votre adversaire, vous vous laissez emporter par la douleur sous leurs effets, c’est un signe d’humiliation pour vos proches », a laissé entendre un participant.
Aux rythmes endiablés d’un petit tam-tam qui se joue au cours de cette cérémonie et appelé le Kamou, les participants entrent en transe. Comme s’ils les envoûtaient, ils se livrent à une flagellation. Des jeunes filles ou des femmes, pour les féliciter, leur font passer de la poudre parfumée sur le corps. Par ces temps d’harmattan dans le septentrion, leurs dos, leurs bras et leurs pieds martyrisés et ensanglantés à l’arrivée, se rétabliront très vite. Mais, ce sera en leur laissant des cicatrices indélébiles qu’ils pourront montrer avec fierté. Ils pourront désormais s’asseoir parmi les hommes ayant déjà subi cette cérémonie initiatique.
La fête de la chicotte ne saurait donc être assimilée à une partie de pure adversité. Elle prépare le jeune Lokpa à affronter les épreuves de la vie et à devenir un homme mûr.

Par Maurille GNASSOUNOU A/R Borgou-Alibori,
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