Mercredi 20 novembre dernier, une délégation de la Cedeao a rencontré le chef de l’Etat Patrice Talon. Officiellement, la mission entre dans le cadre de la poursuite des consultations engagées par l’institution sous-régionale en vue d’une sortie de crise. Quel que soit ce qui s’est passé pour que la délégation conduite par l’ex président du Nigéria Abdusalami Abubabakar quitte précipitamment Cotonou sans pouvoir rencontrer l’Opposition et le Clergé conformément à son agenda, la présence à Cotonou d’une mission de bons offices de la Cedeao est révélateur d’une chose. La crise née des dernières législatives entre le pouvoir de la Rupture et l’Opposition est encore intacte. Ni le dialogue politique tenu aux frais du contribuable et à grand renfort médiatique, ni la mise en œuvre de certaines mesures d’apaisement comme la libération des personnes soupçonnées de participer aux violences post-électorales, n’ont pas réussi à dégeler la crise. L’Opposition continue d’exiger la reprise des législatives, le retour des exilés, la libération des prisonniers politiques, l’arrêt des poursuites, le rétablissement de l’Etat de droit et de la démocratie. Quand on tient compte du fait que l’un des membres influents de l’Opposition, l’ancien président Boni Yayi qui, en soit, incarne la résistance pour tout ce qu’il a personnellement subi, était à bord, à l’aller comme au retour, de l’avion qui a amené la délégation de la Cedeao à Cotonou, on peut oser dire que, tout comme l’Opposition, la Cedeao est aussi convaincue que rien n’est encore joué dans la crise politique qui secoue le Bénin suite aux législatives exclusives. Autrement, elle aurait mis fin à sa mission.
Finalement, à quoi aura servi le dialogue politique ?
Le dialogue politique n’aurait donc rien résolu. Il fallait s’y attendre. Ces assises convoquées par le pouvoir pour, dit-on, aplanir les divergences nées de l’application des lois électorales crisogènes votées au Parlement portaient en elles les germes d’un dialogue à sens unique. L’Opposition, la vraie, celle qui est victime d’exclusion a été écartée. Il en est de même pour la société civile qui, tout le temps, a attiré l’attention du pouvoir sur les risques pour le pays à vouloir aller aux élections dans de telles conditions. Même le Clergé catholique qui avait entamé des pourparlers avec les parties en conflit n’a pas été associé au dialogue. Au finish, il y a eu dialogue entre le pouvoir et les autres partis qui se réclament du pouvoir. L’aile contestée des Fcbe a servi d’enjoliveur. Résultat, les résolutions et mesures d’apaisement prises à la fin des assises n’engagent pas l’Opposition. Même la libération des personnes soupçonnées de participer aux violences post-électorales, une revendication de l’Opposition, n’émeut guère la Résistance. Elle reste droit dans ses bottes. Certaine que ce n’est pas une rencontre Talon-Yayi qui servira de dégel à la crise mais une rencontre avec toute l’Opposition mais encore plus et surtout le rétablissement de l’Etat de droit et de la démocratie. Après le fiasco du mercredi 20 novembre dernier, quel autre épisode va livrer ce feuilleton ?