Au Bénin, tels des champignons, les établissements scolaires privés se créent un peu partout. Plusieurs parents d’élèves préfèrent inscrire leurs enfants dans ces écoles et collèges non étatiques au détriment des établissements publics. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, on y retrouve des enfants d’enseignants du public. Quelle est la raison fondamentale de ce choix ? Certains enseignants se justifient.
Les écoles qu’elles soient publiques ou privées accueillent des enfants de toutes origines. Le constat fait dans certains établissements privés révèle que beaucoup d’enseignants du public envoient leurs enfants dans ces établissements privés. Et selon eux, plusieurs raisons expliquent ce comportement. Justin Comlan Ayélo, enseignant chercheur au département de sociologie à l’Université d’Abomey-Calavi (Uac) se prononce sur la question: « Si nous préférons le privé, c’est surtout pour les grèves qui perturbent l’année scolaire. Ensuite, il faut relever la distance qui sépare l’école publique du domicile où vit l’enfant. L’école privée étant à quelques pas de son domicile, on la préfère ». De son côté, Euloge Ogouwalé, enseignant chercheur au département de géographie à l’Uac confirme que « certains préfèrent les cours privés pour la distance et les grèves qui entravent la régularité des activités académiques au niveau du public ». Pour sa part, Alain Hounyo, enseignant d’instruction civique et de morale confie que « dans les établissements privés, les gens ne sont pas esclaves des programmes d’étude comme c’est le cas dans les établissements publics. » Selon ses observations, il y a un suivi sérieux. Il compare ce suivi à une entreprise où il y a un résultat qui est attendu Amadou Sanni Sikirou, professeur certifié de français, ne dira pas autre chose. Il repose lui aussi son choix sur le sérieux du travail dans le privé qui attire du monde : « Dans le privé, le professeur est évalué sur la base de ses rendements. Lorsque le rendement n’est pas ce qu’il faut, le responsable de l’école est en droit de le remercier l’année qui suit. Nous n’avons pas ce type d’exigence, ce type de contrôle dans le public. Chacun vient, il fait le minimum et il s’en va. Et dans ce cas, il est évident qu’on n’ait pas de bons résultats». Par ailleurs d’autres raisons ni pédagogiques ni sociales conduisent une catégorie d’enseignants dans le privé. Il s’agit de leur religion. « J’ai inscrit mon enfant dans une école catholique » confie Paul Sossavi, enseignant à la retraite. Et à Basile Toulassi, instituteur dans une école d’Abomey-Calavi de renchérir : « J’ai inscrit mes enfants dans une école privée parce que c’est une école confessionnelle et il y a le catéchisme ». Dans l’ensemble, les avis sont partagés mais se rejoignent au regard de l’objectif visé en inscrivant les enfants, une formation de qualité qui manque depuis quelques années dans le public. Pour beaucoup, le système éducatif est à formater. Le gouvernement devra revoir les conditions de vie et de travail des enseignants. C’est le cas de Blaise Codo Toaffodé, professeur d’histoire et de géographie qui pense que la politique doit s’éloigner de l’école pour le retour à une formation de qualité.