Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Diplomatie
Article
Diplomatie

30 années après la chute du mur de Berlin: Jean-Pierre Edon fait l’état des lieux et propose des solutions pour un monde uni

Publié le vendredi 6 decembre 2019  |  L`événement Précis
Comment


Dans le cadre de la célébration le 9 novembre 2019 du 30è anniversaire de la chute du mur de Berlin qui séparait physiquement Berlin-Est du Berlin-ouest, l’Ambassadeur, spécialiste des questions internationales, Jean-Pierre Adelui Edon a rendu publique, une tribune dans laquelle, il est revenu sur les causes de cette chute qui sont entre autres, l’affaiblissement de l’Union des Républiques Soviétiques Socialistes (Urss), la pérestroïka conduite par le nouveau Chef d’Etat d’alors et la détermination des Allemands de l’Est à unifier le pays. Trente ans après cet événement de grande portée historique, l’Ambassadeur déplore la multiplication des tensions sur la planète, l’expansion des gouvernements populistes, le renforcement des frontières, la persistance de la pauvreté, l’émergence du terrorisme, les menaces sur le multilatéralisme etc. Il s’est basé sur des exemples de plusieurs pays du monde pour démontrer que l’humanité n’a pas suffisamment tiré des leçons de la fin de la guerre froide. Il a fini sa tribune par des propositions en vue de renforcer la cohésion sociale entre les peuples.

Le 9 novembre 2019, l’Allemagne a célébré le 30e anniversaire de la chute du mur de Berlin .La communauté internationale a soutenu cette célébration car l’évènement est important. Il mettait fin à la guerre froide qui pouvait à tout moment se transformer en guerre chaude. Une bonne compréhension de ce fait historique recommande la présentation sommaire de ce mur et son impact sur l’évolution du monde.
Dans la nuit du 12 au 13 Août 1961, ont commencé les travaux de l’édification du mur en pleine ville de Berlin. La république démocratique d’Allemagne (RDA) cherche ainsi à mettre fin à l’exode croissant de ses habitants vers la République Fédérale d’Allemagne (RFA).
Séparant physiquement la ville en Berlin-Est et Berlin- Ouest, ce mur était en fait un dispositif militaire complexe comportant deux volets de mur de 3,6 m de haut avec un chemin de ronde, 302 miradors munis de dispositifs d’alarme, des milliers de gardes, 600 chiens policiers et des barbelés dressés vers le ciel.
Cette frontière était surveillée par 50.000 gardes-frontières de la RDA qui faisaient face à plusieurs dizaines de milliers de gardes et soldats ouest-allemands, américains et britanniques. A l’arrière de cette séparation frontalière, plus d’un million de soldats de l’OTAN et du pacte de Varsovie attendaient le possible déclenchement de guerre.
Appelée par les Allemands de l’Ouest « mur de la honte » et officiellement dénommée par le gouvernement Est-allemand « mur de la protection antifasciste », cette barrière murale longue de 155 km, est le symbole du clivage idéologique et politique de la guerre froide. Elle marque la limite entre deux systèmes idéologiques : le capitalisme et le communisme. C’est l’expression d’un monde bipolaire ayant duré près de trois décennies.
Le 9 novembre 1989, ce mur s’effondre et une marée humaine du Berlin-Est envahit Berlin-Ouest.
Pour l’Europe et le monde entier ce fut un grand étonnement bien que pour certains analystes politiques européens, ce ne soit pas surprenant du fait de l’évolution récente de la situation politique en Union Soviétique.
En effet les causes de cette chute étaient l’affaiblissement de l’Union des Républiques Soviétiques Socialistes (URSS), la pérestroïka conduite par le nouveau chef de l’Etat Monsieur Mikhaïl Gorbatchev, ainsi que la détermination des Allemands de l’Est à réunifier le pays. Admirée et soutenue par le « monde occidental », la chute du mur de Berlin ouvrait la voie à la réunification allemande devenue une réalité en Octobre 1990. Elle a eu pour conséquence l’effondrement de la RDA et la disparition des démocraties populaires.
Trente années après cet évènement de grande portée historique, le monde a-t-il tiré tous les enseignements qui en découlent pour l’amélioration de sa gouvernance en faveur de la paix et du bienêtre de ses habitants ?
Face à la chute du mur qui marquait la fin de la guerre froide, on pouvait espérer une longue ère de détente et d’unité. Cet espoir est malheureusement dissipé aujourd’hui avec une sorte de résurgence de la guerre froide entre les Occidentaux d’une part, la Chine, la Russie, la Corée du Nord d’autre part. Montrant du doigt la Chine et la Russie, le Secrétaire d’Etat américain Monsieur Mike Pompeo déclarait à l’occasion de ce 30e anniversaire, qu’il « faut prendre conscience que nous sommes dans une compétition de valeurs avec les nations non-libres ». Ce langage rappelle les propos souvent tenus pendant la guerre froide.
Trente ans après la fin du monde bipolaire, on assiste encore de nos jours à la multiplication des tensions sur la planète, l’expansion des Gouvernements populistes, le renforcement des frontières, la persistance de la pauvreté, l’émergence du terrorisme, les menaces sur le multilatéralisme, la remise en cause unilatérale des conventions internationales, notamment celle ayant trait au changement climatique, la dénonciation des traités sur le nucléaire et les missiles de longue portée, la guerre économique, le développement effréné du nationalisme étroit et l’égoïsme d’Etat.
L’ensemble de cette situation crée une ambiance de guerre froide qui ne dit pas son nom, et justifie les propos de Monsieur Franck-Walter Stein Meier, Président allemand qui, à l’occasion de ce jubilé, priait les Etats-Unis à tourner le dos à leur égoïsme national. De son côté, la chancelière allemande, Mme Angela Merckel demande à l’Europe de défendre davantage ses valeurs de liberté et de démocratie face aux contestations grandissantes. Elle lance un appel pour combattre la haine, le racisme et l’antisémitisme.
Dans le même ordre d’idées, le président français, Monsieur Emmanuel Macron, conscient des menaces persistantes sur la coopération internationale, a fortement plaidé en faveur du multilatéralisme au cours de la deuxième édition du forum de Paris sur la paix tenue les 12 et 13 Novembre 2019 avec la participation de plus de 30 chefs d’Etat et du Secrétaire Général des Nations-Unies. Ce dernier a aussi abondé dans le même sens que son hôte français.
Ceci permet de souligner un autre constat lié à la multiplication de sujets de friction entre les anciens alliés de l’Ouest. Ainsi le chef d’Etat français a-t-il déclaré le 7 Novembre dernier que l’OTAN est « en état de mort cérébrale ». Il illustre sa pensée par l’absence de coordination entre les Etats-Unis et les partenaires de l’Alliance Atlantique, ce qui s’est manifesté par l’intervention récente, en cavalier seul, d’un membre de l’organisation, en l’occurrence la Turquie, dans le Nord de la Syrie. La chancelière allemande, toujours très atlantiste a immédiatement désavoué la vision radicale et intempestive de son homologue français.
Sur le plan interne, l’Allemagne est loin d’afficher le même optimisme qu’il y a 30 ans. La fracture politique et économique entre l’Est et l’Ouest du pays plus riche, reste d’une brûlante actualité, en particulier avec le succès du parti de l’extrême droite, Alternative pour l’Allemagne (AFD) dans l’ex-République Démocratique d’Allemagne communiste. Nombreux sont les citoyens de l’ancienne
Allemagne de l’Est qui éprouvent aujourd’hui le sentiment d’être traités comme les citoyens de seconde classe.
Ailleurs, la situation n’est pas non plus reluisante. Un peu partout les populations sont en colère.
C’est le cas au Chili, Liban, Bolivie, Soudan, Haïti, Algérie, Hong Kong, Irak, Equateur, Egypte, Guinée Conakry etc… Les raisons de ces soulèvements populaires contre les dirigeants nationaux, sont dans certains pays d’ordre économique, ailleurs, politique. Dans l’un ou l’autre cas, tout se résume à la déception de la population qui a marre des souffrances liées à la corruption, au chômage, aux inégalités sociales criardes, à l’injustice, aux conditions de travail et de vie de plus en plus difficiles, voire précaires.
En Equateur, en France (gilets jaunes), en Haïti et tout récemment en Iran (effets des violentes sanctions économiques américaines), l’augmentation du prix de l’essence a été le détonateur de la crise. Au Chili, c’est celle du prix du ticket du métro, tandis qu’au Liban, l’institution de la taxe sur le WhatsApp a déclenché le mécontentement général, comme la hausse du prix du pain au Soudan. En Irak, le limogeage d’un Général a suffi pour susciter des mouvements de protestation devenus politiques de par les revendications d’ordre socio-politiques des manifestants très nerveux.
A Hong Kong, le motif était l’adoption d’une loi sur l’extradition en Chine. En Algérie il s’agit de l’annonce du 5e mandat du président Bouteflika, et en Guinée Conakry, la révision de la constitution pour un troisième mandat du Président Alpha Condé. En Tunisie en 2011, le chômage des jeunes diplômés sans emploi a été la cause du déclenchement du printemps arabe. Le mouvement s’est déclenché à la suite de l’immolation en public, à titre de protestation contre le pouvoir, d’un jeune chômeur dont la police a saccagé au bord de la rue, l’étalage de fortune qui lui permettait d’avoir péniblement de quoi se nourrir chaque jour.
En Amérique latine, l’ingérence étrangère dans les affaires intérieures du Venezuela subissant alors de sévères sanctions économiques américaines, et l’entêtement à se maintenir au pouvoir pour un quatrième mandat présidentiel en Bolivie, empêchant ainsi l’alternance, ont mis en danger la vie de millions d’hommes et de femmes dont certains sont devenus des réfugiés dans les pays voisins.
Au Moyen-Orient, passant outre les résolutions des Nations-Unies, ce qui est une négation du multilatéralisme, l’Etat d’ Israël, fortement soutenu et encouragé par le Président américain Donald Trump, poursuit intensément la colonisation des terres arabes occupées. Cet acte est une violation du droit international et compromet gravement la paix dans cette région. La preuve en est les frappes israéliennes fréquentes et disproportionnées dans la bande de Gaza, en représailles aux tirs des roquettes des palestiniens. Ceux-ci ne demandent que la justice par la création de leur Etat.
Dans la plupart de ces pays, face à la ferme détermination des populations, le pouvoir a reculé en annulant purement et simplement les mesures anti-populaires ayant provoqué le mécontentement des citoyens. En dépit de ce geste d’apaisement de la part des Autorités, les protestations se poursuivent avec plus de vigueur. On peut donc dire sans risque de se tromper que le motif évoqué plus haut pour chacun de ces pays, n’est qu’une goutte d’eau ayant fait déborder le vase.
Le problème fondamental est que le peuple n’a plus confiance en ses dirigeants. Il demande alors des changements politiques et économiques profonds de nature à garantir les libertés démocratiques et assurer son bienêtre, son épanouissement social. En Algérie par exemple, les manifestants réclament avec insistance la fin du système en place depuis 20 ans, à travers le limogeage des hommes et la dissolution des structures qui l’animaient.
Par ailleurs, la paix est sérieusement perturbée depuis plusieurs années en Afghanistan, en Syrie, en Palestine, au Yémen où se joue un drame social sans précèdent. En Birmanie, les Rohingyas, victimes de la discrimination ethnique et de l’intolérance religieuse, ont été forcés de quitter leur pays pour devenir des réfugiés sans droit au Bangladesh.
Il en est de même de la population libyenne ayant perdu le sommeil depuis l’intervention en 2011 des forces de l’OTAN sous la direction de la France et du Royaume-Uni, dans le but de protéger les prétendus contestataires Libyens qui seraient maltraités par leur guide, Mouammar Kadhafi. Celui-ci y a finalement perdu la vie et depuis ce moment, la paix est devenue une denrée rare dans ce pays transformé en terrain de guerres, un non-Etat. Malheureusement les activités de ces milices ont des affinités, voire des liens avec celles des djihadistes dans le Sahel et de BokoHaram au Nigéria. Toutes ces organisations terroristes bénéficient de solides soutiens extérieurs bien connus.
A cela s’ajoute un environnement international complexe caractérisé par l’isolationnisme ou le repli sur soi des USA, de la Grande Bretagne avec le Brexit, le réveil des nationalismes en France, en Italie en Allemagne, la croissance du nombre des Etats détruits (Libye, Irak, Yémen, Syrie), la fragilisation des Etats faibles (Cas de l’Afrique de l’Ouest), l’immigration massive et irrégulière des Africains vers l’Europe avec tous les risques liés au transit en Lybie, ainsi qu’à la traversée de la méditerranée. Il en est de même de l’exode massif des latino- américains vers les Etats-Unis, mouvement migratoire extraordinaire que le président américain envisage d’arrêter par la construction d’un autre mur de Berlin qu’on pourrait appeler cette fois-ci « mur du Mexique ». La solution au problème se trouve ailleurs et non dans l’édification d’un mur frontalier, ce qui explique l’opposition du Congrès.
Du tableau sommaire ci-dessus présenté de la situation internationale préoccupante, trente ans après la chute du mur de Berlin, il ressort que l’humanité n’a pas suffisamment tiré profit des leçons découlant de la fin de la guerre froide. La preuve en est la remise en cause en cascade des acquis difficilement obtenus pour la paix et la sécurité, ainsi que les menaces persistantes sur la coopération internationale.
Il est apparu ces dernières années, la tendance dangereuse à substituer l’égoïsme national au multilatéralisme qui, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, a permis de préserver la paix et de favoriser le développement. L’instinct de domination, d’exploitation économique, d’expansion de zones d’influence, demeure encore vivace, de même que l’esprit de la supériorité militaire, d’enrichissement d’une classe face à l’appauvrissement continu d’autres couches sociales et la prospérité renforcée d’un petit nombre de pays au détriment de nombreuses autres nations moins loties.
La remise en question unilatérale des accords internationaux conclus au prix de longues négociations, ne peut qu’entrainer une autre forme de guerre froide dont le monde d’aujourd’hui n’a pas besoin. On le voit déjà dans la course de l’Iran vers l’enrichissement de l’uranium, comme conséquence de la dénonciation autoritaire de l’accord le liant aux puissances occidentales. Cette course à l’armement nucléaire est aussi un moyen, une stratégie pour assurer sa propre sécurité.
Une grande part de responsabilité de cette situation déplorable incombe aux pays avancés qui ont la possibilité d’empêcher les conflits armés et de contribuer réellement à la lutte contre la pauvreté dans les pays moins nantis, dont ils ne peuvent pas se passer. La réalité de ce siècle marqué par de profondes mutations dans tous les domaines, et surtout par le développement fulgurant des innovations technologiques de l’information et des communications, est que la coopération bilatérale et internationale s’impose à tous les pays, les interactions économiques étant de plus en plus prononcées et inévitables.
Il est donc de l’intérêt général que soit encouragée et défendue la coopération internationale et l’action collective pour la paix sans laquelle il n’y a pas de développement. Dans cet esprit, la guerre commerciale et les sanctions économiques non validées par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), doivent cesser et céder la place à une coopération mutuellement avantageuse aux acteurs étatiques en présence. C’est là que réside l’avenir de l’humanité.
Le monde unipolaire en vigueur depuis 30 ans n’a pas satisfait les attentes, ce qui explique la colère des peuples et pousse progressivement encore vers une autre forme du bipolarisme mondial. Il en découle que l’humanité continue de se chercher à cause de son incapacité à établir la justice sociale et faire de l’homme l’Alfa et l’Omega, en le mettant au début, au centre, et à la fin de toute initiative.
La politique économique foncièrement libérale qui fait abstraction des mesures sociales et accentue les inégalités, ne peut qu’aboutir à court ou moyen terme au mécontentement populaire dont les conséquences sont imprévisibles. On le voit en France avec le mouvement des gilets jaunes qui ne faiblit pas depuis maintenant un an. Les faveurs accordées par le pouvoir à la suite du débat national, ne satisfont pas les manifestants qui continuent de se plaindre de leurs difficultés à joindre les deux bouts au cours des mois, les salaires étant faibles par rapport au coût de la vie, et les taxes, nombreuses.
Au chili le mouvement s’intensifie à cause de l’inadaptation de la politique économique qui dessaisit l’Etat de son rôle régalien pour tout confier aux privés. Le secteur privé ne faisant pas du social, la recherche du profit maximum étant son souci, la vie est devenue très difficile aux chiliens qui ne pouvaient pas supporter la moindre augmentation du prix des transports en commun, d’où l’explosion sociale que le pouvoir a du mal à gérer. Il est donc important de savoir ce qui est bon pour la majorité de la population et le décliner en actes concrets, au lieu de se préoccuper des intérêts de la minorité nantie.
De la même manière, il est nécessaire que des dispositions soient prises pour mettre fin à la domination économique des peuples qui s’exerce aujourd’hui par des actes d’une violence rare,
visant à s’accaparer des territoires entiers ou partiels pour exploiter sans aucune autre forme de procès, les ressources du sous-sol dont l’Afrique surtout est dotée.
L’illustration la plus éloquente de cette nouvelle forme de conquête territoriale en vue de jouir impunément des richesses du sous-sol, se trouve dans les attaques terroristes au Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger) regorgeant d’abondantes ressources aurifères et pétrolifères. Au Nigéria, l’action des mouvements terroristes se cachant derrière la religion et bénéficiant de grand soutien extérieur, vise la division du pays en plusieurs entités territoriales, en vue de l’affaiblir, car sa puissance économique et militaire ainsi que l’affirmation de son indépendance dans tous les domaines, font peur aux ennemis du continent.
Il en est de même de la République Démocratique du Congo où depuis des années, une oligarchie étrangère en complicité avec des agents locaux, entretient des chefs de guerre pour perpétrer sans cesse l’ambiance de troubles permanents à la paix, ce qui lui permet d’exploiter librement les ressources minières, notamment le cobalt très recherché et disponible en quantité industrielle dans ce pays qualifié d’anomalie géologique.
La communauté internationale doit repenser sa gouvernance pour éviter le retour à une autre forme de guerre froide dont l’expérience par le passé n’a pas été concluante. Il y a lieu de mettre l’accent sur le multilatéralisme qui a fait ses preuves depuis 74 ans, et aussi sur la nécessité de procéder à la démocratisation de la gouvernance mondiale. Dans cette optique, l’Europe ferait mieux de tisser des liens solides, d’entretenir une coopération étroite avec la Russie, au lieu de la rejeter en raison de la question ukrainienne, la poussant ainsi vers la Chine qui en tirera partie.
Désormais l’Union Européenne devra tout faire pour que la Russie participe au groupe des 7 et des
20 pays industrialisés. Il est notoire que c’est une puissance nucléaire qui a la capacité de rivaliser avec les Etats-Unis. N’oublions pas non plus que cette république était le poumon, voire le cœur de l’ancienne Union Soviétique.
Les erreurs d’appréciation que commettent aujourd’hui les pays européens en voulant faire plaisir aux Etats-Unis, amène Moscou à retrouver les réflexes de l’ancienne URSS. La guerre déclenchée depuis plusieurs années en Syrie par exemple, n’est que la confrontation déguisée entre Américains et Russes, chacune des deux puissances cherchant à sauvegarder sa zone d’influence. Or la politique nationaliste de l’administration américaine actuelle, ne garantit plus la protection de l’Europe par Washington. Le vieux continent a alors intérêt à repenser sa propre protection dont l’un des volets demeure le rapprochement avec la Russie.
Au niveau national les dirigeants doivent se remettre en cause et établir de nouvelles stratégies inspirées des normes de la démocratie et de l’économie fondamentale pour la satisfaction des besoins de leurs administrés, sur la base de la justice sociale et de l’esprit du partage de la prospérité. En procédant ainsi on pourrait éviter des soulèvements populaires qui de nos jours, ont la particularité de n’avoir aucune base idéologique, ni de leaders, ce qui est inédit. Ils emballent tout le monde, la société civile, les confessions religieuses, les jeunes ainsi que les acteurs de diverses sensibilités politiques confondus.
Leur dénominateur commun reste la pauvreté, les souffrances, les inégalités sociales, la détérioration continue de leurs conditions de vie, pendant que la minorité constituée d’élites au pouvoir et de leurs courtisans, s’accapare des richesses nationales. Dans ces conditions d’absence de paix et du bienêtre, la population n’a de choix que de s’organiser pour réclamer ses droits par tous les moyens à sa disposition. On a tendance à occulter la vérité que les guerres intra-étatiques (guerres civiles) sont aussi dommageables que les guerres interétatiques (guerres mondiales). Mieux le fond du problème que l’on évertue à cacher, c’est que l’idéologie du profit personnel, pousse inexorablement à la guerre, donc à la situation de non-paix.
La complexité de la situation dans le monde aujourd’hui est telle que les institutions du système des Nations-Unies y compris l’ONU elles- même, sont débordées et mal préparées à faire face à la vitesse de l’évolution des évènements ainsi qu’à la grande diversité et à la multiplication des problèmes.
Les solutions existent à travers un travail commun de réflexions et d’actions dans un cadre global, ce qui suppose le renforcement du multilatéralisme et la conduite des politiques d’intégration régionale. Par exemple, nul n’ignore aujourd’hui le rôle qu’a joué la CEDEAO dans la préservation de la paix au Libéria, en Sierra Leone, en Guinée Bissau, en Côte d’Ivoire, en Gambie, même au Benin avant et après la crise électorale d’Avril 2019.
Si aucun changement approprié et notable n’est fait à court terme, la probabilité est forte pour qu’une grande révolution sans précèdent bouleverse et refaçonne le monde dans un avenir proche.
Les signes annonciateurs de ce grand bouleversement commencent par apparaitre. La guerre commerciale en cours entre les Etats-Unis et la Chine est un mauvais signal car son maintien dans le temps pourrait se transformer en une confrontation violente.
Or il s’agit des deux premières puissances économiques mondiales disposant d’un arsenal militaire énorme. Tout se passe comme si la première puissance, craint de perdre sa place privilégiée au profit de la Chine à moyen ou long terme. Aussi l’acharnement américain contre Huawei n’est-il pas anodin. On n’y peut rien au décollage chinois irréversible, perçu depuis 1973 par l’homme politique français Alain Peyrefitte qui, comme un prophète, annonçait le miracle chinois à travers son livre intitulé « Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera ». Normalement les enseignements issus de la fin de la guerre froide, devaient aider à éviter des excès pour focaliser l’attention sur la coopération. Malheureusement la mauvaise gouvernance nationale et mondiale n’a pas permis déstabiliser comme il se doit, la paix et la sécurité. Des efforts restent donc à faire pour assurer un avenir meilleur aux habitants de notre planète, dans l’esprit de la chute du mur de Berlin.

Jean-Pierre Adelui EDON
Ambassadeur, spécialiste des questions internationales
Commentaires