Mis en cause dans le 8e dossier de la session criminelle du tribunal de première instance de deuxième classe de Natitingou, les quatre accusés poursuivis pour coups mortels et complicité de coups mortels ont été condamnés à cinq ans de réclusion criminelle. Mais pour avoir déjà passé plus de 5 ans en détention préventive, ils sont désormais libres.
N’Po N’Tcha, N’dah N’Kouei, Sekmapa N’Kouei et N’Botaré Botti N’Tcha poursuivis pour coups mortels et complicité de coups mortels par le tribunal de première instance de deuxième classe de Natitingou statuant en matière criminelle ont été reconnus coupables et condamnés à cinq ans de réclusion criminelle. La journée a été très longue, car le verdict a été rendu tard dans la nuit.
Lors de l’instruction à la barre, les accusés ont reconnu avoir porté des coups avec chicottes ou branchages à la victime sans l’intention de lui donner la mort.
Les témoins Sotiré Yombo et Batikpa Kpacou ont soutenu avoir vécu des moments difficiles. Le premier assistant sa tante accusée de sorcellerie et la deuxième soupçonnée du même phénomène.
Dans ses réquisitions, le ministère public a retenu que les faits reprochés aux accusés sont constitués. Pour lui, les éléments légal, matériel et intentionnel des infractions de coups mortels et de complicité de coups mortels étant réunis, il a requis de les condamner à cinq ans de réclusion criminelle.
Commis aux intérêts de Sekmapa N’Kouei, Me Rufin Tchiakpè a fait observer que les accusés avaient voulu intimider et effrayer la victime afin qu’elle libère les âmes des enfants emprisonnées. Selon lui, c’est la foule de curieux attirés par un attroupement peu ordinaire qui aurait porté des coups à la victime. Regrettant l’absence du rapport de médecin légiste prouvant les causes réelles de la mort de la victime, il a plaidé la disqualification des coups mortels en coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort et le bénéfice au profit des accusés de larges circonstances atténuantes.
Me Florent Koukoui défendant M’Botaré Botti N’Tcha, abonde dans le même sens et explique que l’acte des accusés était mû par l’unique souci de faire libérer les âmes des enfants. Se fondant sur l’adage selon lequel le peuple périt faute de connaissances, il a conclu qu’il n’y a aucune certitude sur la culpabilité des accusés. Alors, il demande au tribunal de laisser les accusés rentrer chez eux.
Me Roland Adjakou constitué aux intérêts de N’Dah N’Kouei appuie son confrère qui l’a précédé et fait observer que le problème des accusés était de comment faire pour obtenir la délivrance des enfants souffrants. Ils étaient en détresse, relève-t-il, pour retenir à leur profit la naïveté. Ce qui lui a permis de plaider l’homicide involontaire. Il sollicite de les condamner à deux ans du fait de leur maladresse.
Me Huguette Bokpè Gnacadja pour le compte de N’Po N’Tcha pense qu’il faut entrer dans l’irrationnel pour apprécier le dossier en examen. Pour elle, les quatre accusés n’auraient pas pu vouloir tuer celle qui a la solution, la sorcière qu’il fallait supplier pour faire revenir en vie les enfants envoûtés. Ils n’ont pas eu d’autre choix que d’aller dans le sens où ils sont allés, clame-t-elle. Elle déclare s’associer au voeu du témoin Sotiré Yombo alias Dieudonné qui souhaite que les accusés qui sont leurs parents retournent à la maison afin qu’ils fument le calumet de la paix.
Le tribunal se retire après 23 heures pour délibérer et décide au retour qu’il n’y a pas lieu de requalifier les faits. Ayant reconnu les accusés coupables des faits mis à leur charge, il les a condamnés à cinq ans de réclusion criminelle. Mis sous mandat de dépôt depuis mai 2014, tous rentrent chez eux pour avoir passé plus de cinq ans en détention préventive.
Les faits
Dame Yarika Baropa est soupçonnée de pratique de charlatanisme et de sorcellerie dans le village Sossouna à Natitingou chaque fois qu’il y a un décès. Christelle Kobouta, la petite fille de dame Yarika Baropa, est décédée suite à une maladie dont elle souffrait.
Les nommés M’Botaré Botti N’Tcha, N’Dah N’Kouei, M’Po N’Tcha et Sekmapa N’Kouei l’ont conduite chez une voyante pour consultation afin de s’assurer si elle est à l’origine du décès de la petite fille.
La consultation a indexé dame Yarika Baropa. Ainsi, les personnes ci-dessus nommées l’ont rouée de coups à mort. Interpellés et appréhendés, ils ont reconnu les faits en partie sous la qualification coups mortels, sauf Sekmapa N’Kouei.