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Au Bénin, un bracelet pour surveiller les bébés en sous-poids

Publié le samedi 14 decembre 2019  |  LeMonde.fr
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© aCotonou.com par DR
Une mère béninoise et son enfant équipé du bracelet Bempu
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L’Afrique au défi de la santé infantile. Le dispositif développé par une firme indienne mesure la température des nouveau-nés et bipe dès qu’elle descend trop.

Marimade est une petite fille aux joues rondes et au regard vif. Dans les bras de sa jeune mère, Gisèle, l’enfant sourit. Née le 22 juillet, elle pèse aujourd’hui 4,5 kg. « Mais elle ne faisait que 2,2 kg à la naissance », souligne sa mère, qui vit à Zakpo, un quartier populaire de Bohicon, une ville du Bénin située à une centaine de kilomètres au nord de Cotonou.

Cette bourgade a été choisie en septembre 2018 par l’Unicef pour tester un petit bracelet de la firme indienne Bempu, posé au poignet des nouveau-nés prématurés ou en sous-poids. Tous les nourrissons qui naissent dans la région avec un poids compris entre 1,5 et 2,5 kg en sont équipés. Le bracelet, qui émet en permanence une légère lumière bleue, passe à l’orange et émet un bip lorsque les bébés sont en situation d’hypothermie.

« La baisse de la température corporelle est l’une des principales causes de la mortalité des enfants prématurés, à cause d’un déficit de maturité de certains organes », souligne le docteur Saliou Badarou, de l’Unicef. Lorsque la température des nouveau-nés est inférieure à 36 °C, le bracelet émet un son qui ne s’arrête qu’après qu’elle soit remontée à au moins 36,4 °C. Le bébé conserve le dispositif pendant 28 jours « car c’est la période la plus risquée ».

Le Bénin, petit pays d’Afrique de l’Ouest de 11,5 millions d’habitants, fait face à de nombreux défis en matière de mortalité infantile. En 2016, selon les données de l’Unicef, 38 000 enfants de moins de 5 ans sont morts, dont 12 000 avaient moins d’un mois. Et le pays n’est pas doté d’un nombre suffisant de praticiens, avec seulement 8,3 professionnels de santé qualifiés pour 10 000 habitants. Bohicon ne fait pas exception. La ville, qui enregistre autour de 15 000 naissances chaque année, ne dispose pas d’un seul pédiatre.

« Un outil parmi d’autres »
« Le bracelet est un excellent moyen de réduire la mortalité infantile et il est extrêmement simple à expliquer aux parents », affirme Saliou Badarou. Hermine Adjatan, sage-femme à la maternité de Bohicon, précise : « Lorsqu’un bébé naît en situation de sous-poids, nous lui mettons directement le bracelet et nous apprenons à la mère les gestes à faire, comme la méthode kangourou, qui consiste à mettre le nourrisson peau contre peau avec soi afin de le réchauffer. » Une méthode utilisée par Gisèle : « Le bracelet bipait trois fois par jour et je mettais Marimade sur mon ventre, enveloppée dans une couverture, jusqu’à ce que sa température remonte. Cela prenait en général une heure », dit-elle en fon, la langue la plus parlée au Bénin.

Depuis septembre 2018, environ 350 enfants ont été équipés dans la région de Bohicon. « Nous avons eu deux décès, ce qui est beaucoup moins qu’avant l’utilisation des bracelets, avance Blaise Guezo-Mevo, médecin à la maternité de Bohicon. C’est un dispositif formidable, qui permet de passer la phase critique néonatale, mais ça ne doit pas être une panacée : nous faisons également de la sensibilisation auprès des mères pour promouvoir l’allaitement. Le bracelet n’est qu’un outil parmi d’autres. »

« Les premiers résultats que nous avons sont encourageants, se félicite Soliou Badarou. Avec l’utilisation du bracelet, les bébés en situation de sous-poids gagnent en moyenne 669 grammes après quatre semaines. » Mais l’argent manque pour l’étendre à l’ensemble du pays. L’expérimentation est soutenue à hauteur de 200 000 dollars (environ 180 000 euros) par le Fonds français Muskoka (partenaire du Monde Afrique), qui finance des programmes de lutte contre la mortalité maternelle, néonatale et infantile dans huit pays d’Afrique francophone. Mais chaque bracelet, non réutilisable, coûte 18 dollars. « Nous avons entre 40 000 et 45 000 bébés prématurés ou en situation de sous-poids qui naissent chaque année au Bénin, note Saliou Badarou. Il nous faudrait mobiliser environ 800 000 dollars par an. Sauver la vie d’un enfant, c’est sauver la vie d’une nation. »
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