Sur quel signe le Bénin sera gouverné en 2020 et quelles en sont les interprétations possibles et les recommandations subséquentes? C’est une tradition annuelle depuis plus d’une décennie, et cette année encore, l’association des fâgbassa et bokonon du Bénin (Afab) et l’association Bénin Tôfa ont sacrifié à cette tradition en consultant l’oracle. Des interprétations faites par le professeur et prêtre du Fâ, David Koffi Aza qui était hier dimanche sur le plateau de la télévision privée Canal 3 Bénin, entre la crise politique au Bénin et l’image du pays qui a pris un coup à l’international, le Pouvoir de Patrice Talon voudra privilégier la solution du dehors. Cette option semble ne pas être la bonne selon David Koffi Aza qui recommande au gouvernement de « concentrer les efforts sur les préoccupations internes du pays au lieu de se focaliser sur la diplomatie à l’international ». Parlant de la résolution ou du dégel de la crise à l’interne, le Fâ recommande la médiation d’une « femme de poigne » pour plus d’efficacité, mentionne-t-il. Ainsi, pour votre quotidien Matin Libre, le dialogue organisé en octobre dernier par le chef de l’Etat est loin d’être le gris-gris contre la crise politique et sociale dans le pays. Le Fâ ne ment pas, et tant que recommandations ne sont pas appliquées pour conjurer le mal, c’est qu’on aura rien fait. Le problème reste entier. Si le président Patrice Talon doit alors suivre à la lettre ce qui ressort de l’interprétation du signe de l’année 2020 quant au climat politique délétère dans le pays, il doit pouvoir missionner une femme de poigne qui aura pour tâche de rapprocher le Pouvoir et les forces de la Résistance se réclamant de l’opposition. Qui donc pour conduire cette mission délicate si éventuellement le chantre de la Rupture cédait aux prescriptions de l’oracle ? Matin Libre y voit tout de suite quatre figures féminines influentes, toutes béninoises.
Célestine Zanou
Présidente du mouvement Dynamique du changement pour un Bénin debout, Célestine Zanou a été l’une des femmes influentes du régime de feu Général président Mathieu Kérékou dont elle a été la directrice de cabinet. A l’avènement du pouvoir du changement conduit par Yayi Boni (2006-2016), elle avait peut être la possibilité de faire les salamalecs pour décrocher un strapontin, mais tel n’a pas été le cas chez l’amazone de Logozohè dans la commune de Savalou, département des Collines. Célestine Zanou a été d’ailleurs très critique vis-à-vis de ce pouvoir. Même si on ne l’a pas trop remarquée ces quatre années de gouvernance Talon, sa voix compte sur ce chantier de médiation.
Reckya Madougou
Relativement jeune, Reckya Madougou maîtrise l’appareil d’Etat et le langage qui va avec. Avant de se retrouver du côté de Lomé où elle met ses compétences au profit du développement du Togo, elle a occupé de hautes fonctions en République du Bénin. L’ancienne activiste et figure de proue de la société civile connue par son combat ‘’Touche pas à ma Constitution’’, a été sous le président Yayi Boni, Directrice générale et ministre en charge de la microfinance puis Garde des Sceaux ministre de la Justice. Son atout est que non seulement elle connaît l’ancien chef de l’Etat pour avoir servi longtemps sous lui, mais aussi elle reste l’une des femmes influentes de l’administration Faure Gnassingbé. En témoigne sa présence remarquable en Côte d’Ivoire, dans le cadre de la première médiation historique conduite par le président Alassane Ouattara, assisté du président togolais, entre Yayi Boni et Patrice Talon, deux acteurs clés de la crise que traverse le Bénin. Nonobstant ses piques à l’endroit du pouvoir de Patrice Talon, l’Experte internationale en finance inclusive a un plus qui pèse lourd dans la balance pour cette mission du Tofâ.
Vicentia Boco
Professeure d’université, l’ancienne directrice de campagne du candidat Yayi Boni, début 2006 sera nommée plus tard ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Chef d’entreprise, première femme Gouverneur de District d’une association ou club international, c’est dire donc qu’en matière de gestion des « Hommes », de gestion de conflits, la présidente de l’Institut national pour la promotion de la Femme (Inpf) a le profil du job quand bien même certaines opinions la classent aussi dans le lot des interventions parfois critiques vis-à-vis du pouvoir du président Patrice Talon.
Elisabeth Pognon
D’aucuns considèrent l’ancienne présidente de la Cour constitutionnelle comme proche de l’administration Talon à cause de ses présences aux activités de la Cour présidée aujourd’hui par Joseph Djogbénou, contrairement à successeurs Robert Dossou et Théodore Holo. Malgré le poids de l’âge, Elisabeth Pognon aura quand même marqué l’histoire politique du Bénin par certaines de décisions jugées audacieuses à l’époque. Elle incarne après tout la bravoure, la considération et ferait l’unanimité si une mission de médiation lui était confiée, elle qui maîtrise certaines réalités béninoises pour avoir pratiqué la Constitution pendant plusieurs années.