Théophile Yarou a mis les pieds dans le plat. Droit dans ses bottes, le secrétaire exécutif national adjoint du parti Force cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) a asséné ses vérités aux contempteurs du régime de Patrice Talon. Interviewé par les confrères de la chaîne en ligne Bi News, l’ancien ministre de la défense sous Boni Yayi estime que l’opposition n’existe que de nom. A ses yeux, le creuset dit de la Résistance dont la vocation première est la lutte pour la sauvegarde de la démocratie a perdu toute crédibilité. « Cette résistance que nous menons est une résistance creuse, stérile », a-t-il lâché. Pour lui, le fait qu’elle se soit « cantonnée dans des discours stériles » l’éloigne de ses objectifs. Le défaut de la mise en place d’une bonne organisation n’est pas non plus de nature à faire bouger les lignes. « Aucun mouvement coordonné n’a été organisé. Nous avons plusieurs formations politiques et plusieurs personnalités politiques qui avaient chacune en ce qui la concerne, un objectif précis », a-t-il souligné. Ainsi, la diversité des intérêts et des motivations plombe l’essence même de ce regroupement. Sans coup férir, Théophile Yarou donne le coup de grâce. « Ils ne défendent pas la démocratie, ils défendent leur intérêt. La plupart d’entre eux veulent se positionner en opportunistes ». Comme on pourrait s’en douter, en conclusion, le parti Fcbe n’est plus membre de ce groupe. Paul Hounkpè et compagnies ayant réussi à obtenir la reconnaissance officielle du parti au niveau du ministère de l’intérieur conformément à la charte des partis politiques, il va s’en dire, jusqu’à nouvel ordre, qu’ils sont à même de décider au nom de cette famille politique.
Yayi, pêcheur en eaux troubles ?
C’est un secret de polichinelle d’affirmer que Boni Yayi demeure le leader naturel et incontestable du parti. Au lendemain de l’annonce de la reconnaissance officielle du parti après plusieurs mois de tiraillements, l’opinion s’attendait à ce qu’il rassemble les siens afin de jouer la carte de la réconciliation. Rien n’y fit. Certes, il a l’excuse de son absence du territoire national. Mais de l’extérieur, il peut néanmoins calmer le jeu et donner les directives en attendant qu’il reprenne les choses en main une fois au pays. Mais depuis plus de trois mois, les deux camps rivaux du parti se mangent constamment le nez. Cette situation sème la confusion et la démobilisation au sein des militants qui pourraient, si ce n’est déjà le cas, chercher leur bonheur ailleurs. A terme, l’implosion du parti dont la création à Parakou en février 2018 a suscité beaucoup d’intérêt pourrait advenir. Que fait Yayi pour sauver les meubles ? Visiblement, rien, puisque sur le terrain, rien n’a changé.
D’un autre côté, Boni Yayi incarne le leadership au sein de la Résistance. Aux côtés de Nicéphore Soglo, il œuvre pour l’atteinte des objectifs que ce creuset s’est fixés. Pendant que les partis affiliés à ce grand ensemble peinent à obtenir une existence juridique au niveau du ministère de l’Intérieur, le sien parvient à tirer son épingle du jeu, même si entre temps, par un procédé inconnu du grand public, les têtes de pont ont été changées. Les nouveaux responsables du parti ont même participé au dialogue politique pendant que l’aile qui revendique sa fidélité à Boni Yayi ne l’entendait pas de cette oreille. Subitement, Théophile Yarou annonce la décision de retrait du parti de la Résistance. Qu’en dit Boni Yayi ? Après tout, il s’agit du parti dont il est le leader. Est-il toujours membre des Fcbe ? Reconnaît-il la légitimité des nouveaux dirigeants ? Quelle sera sa posture au sein de la Résistance. Va-t-il s’y maintenir ou au contraire claquer la porte ?
Une chose est sûre. Telle que la situation évolue, il ne peut plus continuer à se taire. Dans les délais raisonnables, il est appelé à se prononcer sur ces épineuses questions par souci de clarté et de respect pour l’opinion. Le flou artistique savamment entretenu par ses soins ne lui profitera pas bien longtemps.