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Entretien avec Martin Assogba sur l’anniversaire de son Ong : « Pendant 25 ans, Alcrer a contribué à la bonne gouvernance »

Publié le lundi 23 decembre 2019  |  Fraternité
Martin
© aCotonou.com par Didier Assogba
Martin Assogba, le Président de l`Ong-Alcrer.
Les 100 premiers jours du Président Patrice Talon au pouvoir.Causerie débat initié par la fondation Friedrich Ebert. - Cotonou, le 13 juillet 2016. Soirée politique sur les 100 premiers jours du Président Patrice Talon au pouvoir
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Le 23 décembre 2019, ça fera 25 ans que l’Association de lutte contre le racisme, l’ethnocentrisme et le régionalisme (Alcrer) a été créé. Dans cette interview, le Président et initiateur de cette Ong fait le point des actions menées.
D’où est partie l’initiative de la création de l’Ong Alcrer ?
L’Ong a été pensée et mise sur les fonts baptismaux par ma modeste personne le vendredi 23 décembre 1994. Elle a pour objectif la promotion, la protection, la défense des droits de l’homme, la promotion de la bonne gouvernance à travers la lutte contre la corruption et l’impunité. Nous sommes aussi très préoccupés par les questions d’éducations civique et morale de la couche juvénile en particulier et de la couche béninoise en général. Je pourrais vous dire que nous avons constaté la culture du régionalisme, de l’ethnocentrisme sous nos cieux et du racisme sous d’autres cieux qui fait le terreau à la corruption parce que les responsables politiques veulent toujours mettre en bonne place les leurs pour que les passes doigts soient mieux huilés. C’est pour cela que beaucoup de gens qui n’avaient rien compris au début disent que nous parlons d’ethnocentrisme, de régionalisme et que nous parlons maintenant de lutte contre la corruption. Nous disons oui !
La corruption est favorisée par l’ethnocentrisme et le régionalisme. Et la violation des droits de l’homme passe aussi par là. Celui qui a le droit d’être à une place, si celui qui a le droit de le mettre à cette place n’est pas de la même ethnie, de la même religion ou de la même région que lui, il n’aime pas lui accorder cette place. D’où la nécessité pour nous de lutter contre cet état de chose.

25 ans après, que peut-on mettre à votre actif ?
Nous avons bataillé dur dans ce pays pour le maintien des droits de l’homme pour le respect de nos textes frontaux. Nos grandes lignes sont toutes ces luttes que nous avons menées et nous sommes là aussi pour gérer les populations et l’administration publique. Beaucoup de citoyens viennent se plaindre à nous lorsque leurs droits ne sont pas respectés dans l’administration. Ce qui nous amène tout le temps à prendre notre bâton de pèlerin pour aller dans l’administration pour gérer le compte de tel ou tel citoyen. Nous sommes sur toute l’étendue du territoire national par le biais du mécanisme que nous avons mis sur place et que nous avons dénommés les Cellules de participation citoyenne (Cpc) pour permettre à notre Ong de jouer son rôle au niveau local. Nous avons mis en place un programme qui a été financé par plusieurs partenaires techniques et financiers en l’occurrence le Royaume des Pays-Bas, qui nous a aidés en mettant beaucoup de moyens à notre disposition pour nous permettre de mettre en place les Cpc à raison de quinze organisations de la société civile de base par commune. Nous sommes arrivés à couvrir tout le territoire avec ce mécanisme. Nous sommes dans les 77 communes. Nous avons été sollicités par beaucoup d’autres organisations pour aller échanger avec la jeunesse sur leurs devoirs et leurs droits puisque nous avons constaté que les gens parlent de beaucoup de droits aux populations. Même les Nations-Unies ont défini le 10 décembre comme la journée internationale des droits de l’homme. Nous disons que c’est une bonne chose et les devoirs alors ? On ne peut pas avoir des droits sans des devoirs. C’est pour cela que nous sommes entrés dans l’éducation des questions de civisme et de l’éthique pour permettre à ce que la jeunesse prenne le bon pli.

Pendant 25 ans, on vous a vu lutter contre la corruption au Bénin. Avez-vous encore en mémoire certaines actions phares que vous avez eu à mener ?
Vous savez que pendant 25 ans d’existence depuis le renouveau démocratique, nous avons traversé tous les régimes, Soglo, Mathieu Kérékou 1 et 2, Yayi Boni 1 et 2, et nous sommes dans le régime actuel dit de la rupture. Nous avons tout le temps lutté puisque nous avons pour cheval de bataille la lutte contre la corruption, la mauvaise gouvernance, la violation des droits de l’homme et nous avions effectué depuis ce temps les questions de civisme et de l’éthique pour appeler les béninois à se respecter, à respecter les textes de la République. Nous avons fait de grandes luttes. Nous sommes membre de la plupart des réseaux à savoir le Fonac, Social Watch parce qu’à vrai dire, notre organisation ayant comptabilisé 25 ans aujourd’hui est née avant que ces réseaux-là ne naissent. C’est pour cela que nous sommes membre fondateur de tous ces réseaux. En ce qui concerne les questions électorales, nous avons fait tous les combats. Nous avons participé à toutes les sensibilisations sur les questions de la Lépi, du bulletin unique pour dire que c’est Alcrer qui a eu la chance de faire la promotion du bulletin unique dans ce pays. L’avènement du bulletin unique est passé par nous. C’est nous qui avions démarré la Lépi dans ce pays avant de laisser le travail après aux ministres du gouvernement qui s’en sont occupés. Nous avons toujours participé à la sensibilisation des populations et nous continuons toujours par faire tout ça. Nous avons participé et lutté pour l’alternance au pourvoir parce qu’il y a eu des velléités pour certains de nos dirigeants qui ne voulaient pas laisser le pourvoir. Il y a eu des velléités pour certains de nos dirigeants qui ne voulaient pas organiser les élections communales et municipales et même parfois les élections législatives. Donc, ensemble avec les autres associations nous avons combattu cela et les élections ont eu lieu quand bien même les dates ont été plusieurs fois reportées. Nous avons tout le temps été dans le combat pour la justice, le combat pour l’équité, le combat pour la transparence dans la gestion des affaires publiques.
A l’avènement de la décentralisation, nous avons encore fait notre travail. Ce qui nous a amené d’ailleurs à sensibiliser les populations à la base à ne plus se comporter comme de simples habitants ni comme de simples résidents mais à se comporter comme de vrais habitants et de vrais citoyens. Nous avons fait la lutte contre les questions de pollution atmosphérique, de pollution sonore, contre les inondations par rapport au fait que nous sensibilisons les populations à ne pas jeter les tas d’ordures dans les caniveaux. Nous avons aussi sensibilisé les populations à s’abonner aux Ong de collecte d’ordures ménagères pour que notre pays soit aussi mis sur l’orbite de démocratie. Nous sommes aussi invités pour beaucoup de temps, à aller assister à des rencontres régionales, sous régionales et même à des rencontres internationales, sur diverses questions. Nous avons été, par le biais de ma modeste personne membre du conseil économique, social et culturel de l’union africaine. Nous avons fait 1 mandat de 5 ans au niveau de l’union économique, sociale et culturelle de l’Union africaine. Donc nous avons organisé beaucoup de conférence de presse pour dénoncer des situations, apaiser les populations sur des questions Voilà en gros ce que je peux vous dire. Je sais que les béninois connaissent l’existence de l’Ong Alcrer qui fête 25 ans et d’ici 5 ans, nous fêterons notre trentenaire.

Dans ce combat, vous avez frôlé plusieurs fois la mort.
Dans le cadre de nos prises de position à cause des différentes violations, au niveau de nos lois, nos prises de position n’ont pas tout le temps enchanté nos dirigeants. Ainsi, le 9 décembre 2013, j’ai été l’objet d’un assassinat manqué et j’en garde toujours les séquelles. Après ça, j’ai été l’objet d’un braquage en Afrique du sud, j’étais allé là-bas pour une conférence. C’était des choses qui couraient les rues en son temps. Comme c’était juste après qu’on a tiré sur moi à bout portant et grâce à Dieu je ne suis pas mort, que je suis allé à cette rencontre internationale au niveau de l’Afrique du Sud. Et donc quand ce braquage a eu lieu, beaucoup de gens voulaient soupçonner encore le régime qui était là. Mais c’est moi-même qui avais encore organisé une conférence de presse pour apaiser les populations pour leur dire que les braquages en Afrique Sud sont récurrents. Avant cela le 17 janvier 2010, pendant qu’on était en train de préparer une élection, j’étais allé à Parakou pour donner une formation sur les questions électorales et de retour on avait eu un accident de route avec le bus et il y avait beaucoup de mort. Mais grâce à Dieu, j’en étais sorti indemne. Voilà le parcours de 25 ans et les différentes difficultés auxquelles nous avons été confrontés.
Réalisation : Adrien TCHOMAKOU
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