C’est une fin d’année éprouvante pour plusieurs familles. Au-delà de l’austérité, le deuil et les larmes ont ajouté leur lot de grisaille. En provenance du Nigéria, alors qu’ils revenaient dans leur pays pour assister aux cultes et rester en famille pour les fêtes de fin d’année, ils ont trouvé la mort en chemin. Des dizaines de Béninois ont péri ces derniers jours dans les eaux. Les embarcations qui leur servaient de moyens de transport n’ont pas résisté à la furie des eaux. Partis en joie, pressés de se retrouver chez eux, ils étaient loin d’imaginer qu’ils allaient périr en cours de route. Les images insoutenables des corps tirés de l’eau et les visages hagards des survivants renseignent sur l’ampleur du drame. Pourquoi faut-il que les nôtres périssent sur l’eau à chaque fois sans que rien de concret ne soit initié par les pouvoirs publics pour limiter sensiblement le phénomène ?
Depuis des décennies, selon les localités, des dizaines de Béninois meurent par noyade du fait des naufrages des embarcations. A part les messages de compassion, plus rien n’est fait pour changer la donne. Le cas des écoliers de Kassouala dans la commune de Tchaourou est encore vivace dans les mémoires. Abomey-Calavi ne finit pas de pleurer ses morts qui interviennent par dizaines. Quid de Bopa où il y a peu, des familles entières ont été plongées dans le deuil parce que des corps ont été engloutis par le lac Ahémé. Il est à craindre que les jours, semaines et mois à venir réservent des surprises désagréables aux citoyens qui se retrouveront brutalement arrachés à l’affection des leurs.
Qu’attend le gouvernement pour initier un programme de modernisation du transport fluvio-maritime ? La définition des voies navigables, la formation des conducteurs, l’acquisition d’engins flottants modernes, la construction d’embarcadères et de ports pour passagers, la limitation du nombre de passagers selon le type et la capacité de chaque embarcation…voilà les actions qui devraient être enclenchées au plus tôt. améliorer la navigabilité de nos voies fluviales, renforcer l’investissement dans les infrastructures des voies navigables afin de les relier aux autres réseaux de communication afin de créer un grand réseau national interconnecté, veiller à sa compatibilité avec les autres activités en relation avec l’eau, ouvrir de nouvelles lignes de transport nationales comme internationales... sont des pistes de réflexion et d’actions.
Dans un contexte de rareté de ressources, il n’est pas dit qu’il revient seulement à l’Etat d’injecter des sous dans un tel projet. Il est à parier que si les pouvoirs publics donnent le top et les garanties, les privés qui sont à l’affût d’opportunités ne resteront pas indifférents à cette dynamique. Au vu de l’ampleur des drames liés essentiellement aux embarcations de fortune, il urge que le gouvernement fasse le nécessaire pour limiter la saignée.