La loi du 15 janvier 1999 organisant les Conseils communaux en République du Bénin fait obligation à l’Etat central de reverser aux comptes des Municipalités les ressources financières des Mairies collectées auprès des contribuables. Mais aussi curieux que cela puisse paraître, le gouvernement de Yayi Boni s’est refusé de se sacrifier à son devoir régalien en privant de moyens financiers les collectivités locales dont la Mairie de Cotonou. De ce fait, les Soglo, père et fils, dirigeants cette grande municipalité, vitrine du Bénin se trouvent le bras coupé et inactifs face à la misère des Cotonois.
Il est d’une évidence pour celui qui parcourt aujourd’hui Cotonou, de constater que les artères de la ville cosmopolite du Bénin végètent dans une saleté à nulle autre pareille. La conclusion est vite tirée dans ce cas : Le Conseil communal ne fait rien pour assumer son rôle d’assainissement de l’espace vital de ses administrés. Mais erreur. De sources proches de la Mairie de Cotonou, c’est plutôt le gouvernement de Yayi Boni qui garde encore, par devers lui, les taxes et impôts perçus auprès des contribuables pour le compte de la Municipalité et qu’on s’obstine à ne pas lui verser. S’il est vrai que cette perception des ressources financières des Mairies du Bénin répond au principe de l’unicité de la caisse de l’Etat, il n’en demeure pas moins vrai qu’elles doivent aller à leurs destinataires. Malheureusement, Yayi et son gouvernement garde dans leurs caisses plus de 4 milliards de FCfa appartenant à la Mairie de Cotonou. Conséquence : plus rien ne bouge dans cette maison au grand dam des populations. L’opération les 3Ci en prend un coup et les prestations de désensablement des artères de la ville sont enrhumées car, les partenaires de la Mairie sont sans le sou.
Le Président-Maire Nicéphore Soglo et son 1er adjoint Léhady Soglo font l’amère expérience du chat et de la souris que leur faire subir leur allié politique qu’est Yayi Boni. Alors même que le parti la Renaissance du Bénin (Rb) présidé par Léhady Soglo a pris fait et cause pour le Chef de l’Etat Yayi Boni au lendemain des élections de 2011 consacrant sa réélection par un hold-up électoral de triste mémoire, pour dit-on, pacifier le pays qui était au bord de l’implosion ; voici comment la Rb est aujourd’hui payée en monnaie de singe. Sinon comment peut-on expliquer ce supplice que fait vivre Yayi Boni à ses alliés de la Rb qui dirige la Municipalité de Cotonou depuis deux mandats successifs ?
Mesures de coercition
Est-ce que les responsables de la Rb peuvent-ils encore douter aujourd’hui du mauvais choix qu’ils ont fait en allant s’acoquiner avec un Chef d’Etat qui décide de les priver de ressources financières pouvant leur permettre d’avoir un résultat à faire valoir au moment du bilan ? Les prestataires de la Mairie de Cotonou sont restés depuis impayés. Malgré la sortie médiatique, le 12 septembre dernier du Directeur des Services économiques et financiers de la Mairie de Cotonou, Mouftaou Alidou, pour dénoncer ce manque au devoir du gouvernement Yayi, rien ne se fait jusqu’à présent pour débloquer la situation. Au ministère des Finances et plus précisément au Trésor public au lieu de chercher à trouver une solution au problème posé, on s’est contenté de venir raconter sa vie à ceux qui veulent les entendre. Alors qu’il suffirait de répondre à une série de trois petites questions. Primo, l’Etat central a-t-il récolté de l’argent au profit de la Mairie ? Deuxio, cet argent est-il dans la caisse du Trésor public ? Tertio, a-t-on reversé l’argent collecté aux comptes de la Mairie. Aucun de ces questionnements n’a intéressé les responsables du Trésor public qui sont venus brassés du vent devant les caméras et micros des hommes des médias.
Est-ce une mesure de représailles contre Léhady Soglo et compagnie que le Chef de l’Etat met en œuvre pour les punir de certains événements qui ne lui auraient pas plus dans leur collaboration politique ou c’est une manière de les rendre impopulaires devant leurs administrés qui ne comprendraient pas les vraies raisons de cet immobilisme que l’on constate à la Mairie de Cotonou.
Dans l’un ou l’autre cas, on est bien tenté de dire que les deux hypothèses sont valables. D’abord, Léhady Soglo et la Rb ne se sont jamais prononcés dans le débat relatif au projet de révision de la Constitution si cher à Yayi Boni. Puis, de l’autre côté, on se rappelle très bien que Yayi Boni avait fait venir au Bénin un revenant de Dakar pour prendre la mairie aux Soglo lors des Municipales de 2008. Ainsi, au terme de ces élections, les populations de Cotonou ont infligé une bonne déculottée à Jérôme Dandjinou qui n’a plus demandé ses restes avant de prendre le vol pour rejoindre ses collègues de l’Asecna afin de poursuivre normalement sa carrière de fonctionnaire international. A son corps défendant, on l’avait embarqué dans une aventure sans lendemain et n’ayant pas réussi la mission, il fut chassé comme un malpropre et renvoyé à ses pénates. Maintenant que d’autres élections communales se préparent, si Yayi Boni le veut, on se demande celui que le Chef de l’Etat prépare encore pour damer le pion aux Soglo à la Mairie de Cotonou. En attendant, du côté de Wologuèdè, tout en étant sereins pour les prochaines joutes électorales, ils espèrent que les ressources financières de leur Municipalité seront débloquées pour leur permettre d’accomplir les missions à eux assignées par leurs mandants.