Faïzatou Gbian Moukaïla, conseillère technique en charge du Tourisme au Mtca: « Le touriste … fera une expérience authentique, privilégiée et personnalisée »
Faïzatou Gbian Moukaïla, conseillère technique en charge du Tourisme au Mtca: « Le touriste … fera une expérience authentique, privilégiée et personnalisée »
Faïzatou Gbian Moukaïla est conseillère technique en charge du tourisme au ministère du Tourisme, de la Culture et des Arts (Mtca). Dans cette interview, elle revient sur l’ambition du gouvernement pour le secteur touristique, la diversification de l’offre, la professionnalisation des acteurs et évoque le démarrage des travaux de construction des deux musées.
La Nation : Comment se porte aujourd’hui le tourisme béninois ?
Faïzatou Gbian Moukaïla : Le secteur touristique dans notre pays se portera bien, très bientôt, parce qu’aujourd’hui, le gouvernement est en train de mettre en place les projets structurants à travers son Programme d’action. Ceci, grâce au président Patrice Talon qui a une vision très ambitieuse et réaliste pour ce secteur. Le but de ce programme est de créer une industrie touristique à part entière, un secteur qui nourrit ses acteurs, privés et publics, et qui puisse profiter aux localités dans lesquelles les aménagements seront faits, et ensuite créer de l’emploi, générer de la richesse sur toute l’étendue du territoire et contribuer au Produit intérieur brut (Pib). On estime la contribution du tourisme au Pib à environ 2 à 5 %, parce qu’on n’avait pas mis en place des outils professionnels pour mesurer l’impact et la part du tourisme dans l’économie nationale. En novembre 2019, nous avons lancé un plan d’action qui vise à mettre en place un plan stratégique du tourisme. Il s’agit d’un instrument qui permet de mesurer la part du tourisme dans l’économie en général. Le tourisme est un secteur transversal par rapport à plusieurs autres secteurs. Il implique l’hôtellerie, la restauration, le transport, etc. Donc, pour mesurer la part réelle du tourisme dans l’économie, nous sommes en train de mettre en place le plan stratégique du tourisme. Commencé le 4 novembre passé, il sétendra sur 22 mois au bout desquels nous aurons un outil statistique fiable pour quantifier le taux réel de la contribution du tourisme à l’économie.
Le Bénin, on le sait, mise fortement sur le tourisme. Quels types de tourisme seront privilégiés ?
Il y a le tourisme balnéaire avec le projet Avlékété, le tourisme mémoriel avec de gros projets à Ouidah, Porto-Novo, Abomey, on a aussi le safari avec le Parc de la Pendjari. Nous développons aussi d’autres types de tourismes. Nous sommes en train de mettre en place la Route des couvents, un itinéraire touristique qui va définir un nombre de couvents sur toute l’étendue du territoire avec une phase pilote bientôt mise en œuvre. Il y a la route des Tata Somba au nord. Nous développons tous ces produits pour diversifier l’offre parce qu’avant, le diagnostic posé a révélé que l’offre n’était pas diversifiée, qu’elle était presque uniforme partout. Ainsi, nous sommes en train de travailler à diversifier cette offre, à la rendre authentique et personnalisable selon la cible de touristes que nous visons.
Le tourisme est un secteur très dynamique. Le touriste s’adapte aux changements démographique et économique. A cause de cette particularité, l’innovation doit être au rendez-vous. Car qui dit tourisme dit innovation. En référence aux tendances mondiales aujourd’hui, on ne peut plus parler de tourisme de masse. Beaucoup de personnes n’en veulent plus. Ce que nous envisageons pour notre destination, c’est un tourisme très particulier. Le touriste qui viendra visiter nos sites fera une expérience authentique, privilégiée et personnalisée, de sorte que le touriste qui repart du Bénin ait le sentiment d’avoir vraiment vécu la vie des Béninois et des localités visitées. On peut retenir de la politique du gouvernement depuis 2016 qu’il est en train de mettre en place le cadrage règlementaire, les aménagements, et tout ce qu’il faut pour jeter les bases d’une industrie touristique au Bénin.
Quid de la professionnalisation des acteurs ?
Selon les diagnostics, la qualité du service n’est pas au rendez-vous. Donc, le gouvernement à travers les ministères en charge du Tourisme, de l’Enseignement secondaire, technique et professionnel et de l’Enseignement supérieur travaille pour améliorer les programmes de formation en tourisme, hôtellerie et restauration afin de les mettre en adéquation avec les besoins du marché. C’est en cela que nous impliquons les acteurs privés dans tout le processus. Il y a un comité sectoriel qui vient d’être créé en tourisme, hôtellerie et restauration pour assurer la veille, orienter les programmes de formation délivrés à nos apprenants et en même temps, mettre un cadrage pour que les organismes de formation puissent avoir un minimum de pratique. Il faut tout au moins 20 % de pratique. Donc nous sommes en train d’œuvrer à la mise en place d’une école d’application pour que le niveau de formation soit plus élevé et réponde aux normes internationales.
Pour quand peut-on espérer le démarrage des travaux de construction des deux musées prévus ?
Le démarrage est prévu pour 2020. La plupart des projets commencent en 2020 parce que les études de faisabilité ont été faites, de même que le redimensionnement et la requalification des projets élaborés en début de mandat pour mieux répondre à nos réalités, avoir une offre pérenne et impulser une industrie touristique à partir d’aujourd’hui. A partir de 2020, vous verrez le commencement des travaux de même que des réformes.