La recherche d’emploi au Bénin pose un véritable problème au point où l’effectif écrasant des chômeurs devient inquiétant, menaçant et risque dans quelques années, de provoquer une explosion si rien n’est fait.
Mardi, 23 septembre 2012. Il est environs 08 45mn, au kiosque de vente de journaux situé derrière la morgue du Centre national hospitalier universitaire (CNHU) du Bénin, Armel Ahossi, titulaire d’une maitrise en sciences économiques et de gestion de l’Université d’Abomey-Calavi (Uac), tient en main, un journal des plus lus et fournis en appels à candidature et offres d’emploi. Le jeune diplômé est sans emploi depuis bientôt cinq ans. « Monsieur n’hésitez pas à m’appeler, car j’en ai vraiment besoin pour subvenir à mes besoins quotidiens », s’est-il confié. « Je ne parviens même plus, poursuit-il, à payer mon loyer, même à dormir. Oh ! Sauvez-moi. Ne voyez vous pas que c’est une honte pour un diplômé de l’université comme moi ? ».
Elvis Amoussa, titulaire d’une licence en géographie fait quant à lui, constater qu’« actuellement, l’avenir n’est pas favorable à plus de 80% des effectifs d’étudiants qui sortent des facultés. Ainsi, l’étudiant s’approprie-t-il un titre foncier à l’université, se disant qu’il n’est pas sûr de trouver un emploi après ses études universitaires>
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Et dans les rangs des spécialistes, les raisons pouvant expliquer l’inadéquation entre la formation et le marché de l’emploi au Bénin, varient. Pour la diplomate, Doris Houédokoho intervenant sur la question, « l’université fabrique des candidats pour le chômage ». Car, pour elle, aujourd’hui, aucune formation supérieure ne débouche directement sur un emploi dans notre pays. Qu’ils aient fait de courtes ou de longues études dans les universités publiques ou privées, les jeunes diplômés ne peuvent prétendre à aucun emploi à la fin de leur formation.
Des concours nationaux fâcheux
La conséquence la plus frappante est celle des recrutements au niveau de la fonction publique. L’environnement de l’emploi est tellement restreint que, seuls les jeunes qui ont un parent aux grands postes de responsabilité sont les premiers bénéficiaires. L’exemple le plus frappant est le résultat du dernier concours de recrutement d’Agents permanents de l’Etat (Ape) au profit du Ministère des finances le 28 décembre 2012. Or, pour un seul poste à pourvoir au sein de la fonction publique, au moins 1000 diplômés postulent. Il faut avoir eu l’occasion de visiter les tableaux d’affichages d’avis de recrutement du Ministère de la fonction publique, des directions départementales de la fonction publique, des organisations ou cabinets de recrutement pour comprendre que le chômage va à pas grandissant au Bénin. « Sur le marché de l’emploi, nous avons plus de 2.750. 000 jeunes qui sont dans la précarité », relève l’avocat Jacques Migan. Le psychopédagogue Jean-Claude Hounmènou estime que l’Etat n’a pas encore créé les conditions favorables ou du moins, elles manquent pour permettre aux universitaires qui ont fini leurs études, de trouver un emploi. Selon la sociologue Reine Attindéhou, dans un journal de la place, le phénomène a pris son essor au Bénin à partir de 1987. L’année du gel des recrutements dans la fonction publique, sous le diktat du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.
Le secteur informel sous le poids de nombreux diplômés
Pour le moment, de jeunes béninois nantis des diplômes académiques, notamment le baccalauréat, la licence voire la maîtrise, se retrouvent dans le secteur informel où ils exercent comme vendeurs d’essence de contrebande aux abords des rues, secrétaires ou conducteurs de taxi moto. Selon une étude réalisée par l’Institut national de la statistique et de l’analyse économique (INSAE), le secteur informel a joué un rôle de premier plan dans l’économie béninoise, ces 20 dernières années. « Le secteur informel béninois procure à peu près 67,3% du Produit intérieur brut (PIB) contre 32,7% pour le secteur formel et fait vivre la majorité de la population, surtout les diplômés sans emploi’’, indique la même source. Pour l’ancienne représentante résidante du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) au Bénin, Mme Nardos Békélé-Thomas, avant de résorber le problème du chômage et du sous emploi au Bénin, le pays devrait créer plus de 110. 000 emplois en moyenne par an au cours de la période allant de 2000 à 2015. Durant ces 15 ans, la population active du pays passera de 2,7 millions à 4,4 millions. Pour elle, « avec cet accroissement du taux du chômage et du sous emploi au Bénin, seule une petite frange de la population, prend réellement en charge le reste de la population », a-t-elle indiqué, soulignant l’accroissement du taux de la pauvreté qui en découlera.