Si l’année 2019 a permis au tourisme béninois de baliser le terrain pour son envol en 2020, elle a enregistré aussi un drame : la mort du guide touristique Fiacre Gbédji.
Le 1er mai 2019, Patrick Picque et Laurent Lassimouillas en safari dans le parc national et touristique de la Pendjari sont portés disparus avec leur guide Fiacre Gbédji. On n’aura plus de leurs nouvelles avant trois jours, avec la découverte du corps sans vie et en état de putréfaction du guide. Un premier acte du genre dans ce lieu de tourisme sécurisé par une horde de rangers et surveillé grâce à un dispositif technologique déployé par African Park Network, l’organisation internationale à laquelle le Bénin a confié la gestion de l’espace.
Père de six enfants, passionné de tourisme et altruiste, Fiacre Gbédji est autodidacte. Le gouvernement a dépêché, jeudi 9 et vendredi 10 mai dans le septentrion et au parc Pendjari, une délégation pour rassurer les populations et les élus locaux. En dehors d’Oswald Homeky, alors ministre en charge du Tourisme, le directeur général des Eaux, forêts et chasse, le chef d’état-major adjoint de l’Armée de terre, le directeur de l’Agence nationale des patrimoines et du tourisme (Anpt) étaient aussi de la délégation.
« Ce qui est arrivé à Fiacre est encore plus douloureux pour nous acteurs du tourisme que pour les membres de sa famille. C’était l’un des meilleurs guides du parc de la Pendjari. Nous avons reçu de nombreux témoignages à son sujet, et depuis sa mort, des touristes de par le monde nous témoignent leur affection », a assuré Oswald Homeky. Pour lui, la meilleure manière d’honorer Fiacre Gbédji est de travailler à hisser le parc à un niveau très élevé. James Terjanian, directeur du complexe de la Pendjari, parle lui aussi avec regret et émotion : « Fiacre Gbédji est l’un des meilleurs guides de ce parc, on ne peut rien reprocher à son travail. C’est une perte énorme pour le tourisme dans ce pays ».
Assurance
Le décès du guide de tourisme Fiacre Gbédji, l’enlèvement de deux touristes français (désormais retrouvés) ne constitueront en rien des éléments de démotivation quant à l’ambition du gouvernement béninois de faire du parc de la Pendjari, un fleuron et une réserve de premier choix dans l’offre touristique. « Nous allons intensifier les moyens pour la sécurisation du parc pour qu’il y ait plus de sérénité et de sécurité. Ce parc est un joyau, une merveille de Dieu. Notre volonté d’en faire un joyau de l’offre touristique est inébranlable. Rien ne nous empêchera. L’intégrité dans ce parc et autour de ce parc sera toujours défendue. Nous avons pris la mesure des choses. Trouvez l’énergie pour transcender ce qui nous est arrivé », soutenait le ministre. Mieux, il leur fait cette adresse non moins importante : « 7000 personnes sont passées par ici sans le moindre problème. Cet incident ne doit pas nous faire oublier tous les succès que nous avons eus. Il doit être pour nous l’occasion de repenser notre dispositif, de voir les failles et de dire plus jamais on n’aura ça », avant de conclure que « cet incident doit nous amener à plus d’engagement ».
Nouvelles dispositions sécuritaires
Ce douloureux souvenir, gros point noir du tourisme béninois en 2019 glisse petitement vers le passé. Les regards scrutent l’avenir, rayonnants et confiants, 2020 étant annoncée comme l’année de la concrétisation des grands chantiers touristiques.
Le parc national de la Pendjari a relancé ses activités le 15 octobre dernier à travers une rentrée touristique après plusieurs mois de fermeture. Pour cette nouvelle saison, les responsables de cette réserve animalière de 4800 km², considérée comme la plus grande de la sous-région ouest-africaine avec de nombreuses espèces, ont pris des dispositions toutes particulières. « Le gouvernement du Bénin et African Park Benin ont travaillé pour mettre en place des moyens sécuritaires supplémentaires, pour maximiser la sécurité des visiteurs », ont-ils fait savoir par voie de presse avant le lancement de la saison.
Il a été ainsi prévu pour la saison 2019-2020, des distributions de traqueurs Gps pour les visiteurs entrant dans le parc pour savoir où ils sont à tout moment, l’utilisation obligatoire d’un guide accrédité par la direction du parc, l’ouverture de nouveaux circuits plus au sud dans le Parc, loin des zones considérées à risques. A cela, il faudra ajouter la fermeture de l’Hôtel Pendjari, l’installation de postes de surveillance à des points stratégiques proches des installations touristiques et l’augmentation des vols réguliers de surveillance aérienne à la frontière.