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Fermeture des frontières du Nigeria: L’économie nationale résiste aux chocs

Publié le mardi 31 decembre 2019  |  La Nation
4ème
© Présidence par DR
4ème gouvernement du Président Patrice TALON
Mercredi 11 septembre 2019. Bénin. Les ministres, membres du 4ème gouvernement du Président Patrice TALON. Photo : Romuald WADAGNI - Ministre de l`Économie et des Finances
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L’économie béninoise a subi en 2019 les effets des chocs exogènes engendrés par la fermeture depuis août des frontières du Nigeria. Elle plie mais ne rompt pas, grâce aux réformes structurelles qu’il va falloir intensifier pour sortir le système productif national de sa vulnérabilité.


Au nombre des événements ayant marqué l’année 2019 au plan économique, au-delà du sacre de Romuald Wadagni, primé meilleur ministre des Finances de l’Afrique (Prix African Banker Awards, juin 2019), il y a sans doute la fermeture unilatérale des frontières par le Nigeria. Le Bénin traverse depuis août dernier une période difficile caractérisée par le recul des exportations, notamment des produits agricoles, avec son principal partenaire commercial, engendrant un important manque à gagner à travers une baisse des recettes douanières.
Alors que le secteur du riz était le plus visé, les acteurs des filières ananas et maïs sont éprouvés dès le début de cette galère. Au-delà des plaidoyers diplomatiques qui ne prospèrent guère, les autorités gouvernementales ont initié des séances d’échanges avec les producteurs pour recueillir des propositions à court, moyen et long termes visant à juguler la crise. Celle-ci devrait perdurer jusqu’au 31 janvier prochain au mieux des cas, selon le bon vouloir des autorités nigérianes qui accusent le Bénin de ne pas prendre des mesures assez fortes pour enrayer la contrebande. Erigée en industrie au niveau des frontières, la fraude nourrit le secteur informel qui représente 70 % du produit intérieur brut (Pib) et emploie 95 % des actifs (selon les données du Rgph3), occasionnant des pertes énormes pour le budget national.
Quelques mois plus tôt, c’est le tourisme de masse qui a commencé à subir un coup de boutoir, avec la prise en otage en mai 2019 de deux Français libérés par la suite, dans le parc Pendjari, et dans laquelle un guide touristique béninois a trouvé la mort. Malgré tout, le Bénin compte rester dans sa dynamique de sauvegarder la stabilité macroéconomique, à travers des réformes structurelles visant l’amélioration de la gouvernance et la stimulation des investissements. Cela passe par l’intensification de la mobilisation des recettes intérieures et la gestion rigoureuse des finances publiques. Des réformes et actions entamées dans ce sens depuis trois ans et demi ont valu des honneurs au ministre de l’Economie et des Finances, lui qui conduit une politique macroéconomique prudente et réformatrice visant à créer les conditions d’un climat d’investissement attrayant. Il est question de créer un espace budgétaire qui permet d’accroître les investissements publics et les dépenses en faveur de la réduction de la pauvreté, tout en préservant la viabilité de la dette: un défi qui reste entier.
Les actions menées ont permis jusque-là de contrôler les prix, même si l’on craint une inflation généralisée des denrées de première nécessité si le statu quo est maintenu pendant longtemps.


Résilience

A quelque chose, malheur est bon, dit l’adage. Les populations se ceignent les reins pour pouvoir tenir face à la situation, en dépit de la morosité économique ambiante. De nombreux Béninois commencent à développer le réflexe de s’approvisionner en produits pétroliers dans les stations-service plutôt qu’auprès des fournisseurs de l’essence de contrebande communément appelée « kpayo » dont le prix a grimpé passant de 300 ou 350 F autrefois à 600, 700 F Cfa, voire plus.
Au-delà du grincement de dents qu’elle a engendré, la crise appelle à une réorganisation du marché local. Une politique de « Consommons local » est plus que d’actualité afin que le Bénin compte plus sur ses propres forces, en consommant ce qu’il produit et en produisant ce qu’il consomme.
Les réflexions vont également dans le sens du renforcement des capacités des unités de transformation locales et de la diversification des exportations. Les marchés sahélien, maghrébin, européen et même asiatique sont visés. Aussi, les organisations faîtières devront être appuyées pour une meilleure structuration des filières en général et celles affectées en particulier, en vue d’assurer la traçabilité des produits agricoles.
Outre la production agricole qui nécessite une revue du paradigme de financement et une maîtrise des itinéraires techniques puis l’adoption de bonnes pratiques en vue de garantir la qualité du label béninois, des mesures devront être prises pour la bonne conservation et une meilleure commercialisation des produits. L’accent doit être également mis sur la transformation sur place des produits. Cela passe par l’équipement et l’appui financier aux petites et moyennes entreprises et industries (Pme/Pmi) afin qu’elles acquièrent à moindre coût les machines, les emballages et autres consommables.
L’économie béninoise accuse le coup mais résiste aux chocs. Mais jusqu’à quand tiendra-t-elle face aux soubresauts ? Il urge de veiller désormais à la surveillance étroite de l’évolution macroéconomique du voisin de l’Est et d’instaurer un cadre d’échanges réguliers en vue de la densification des relations bilatérales et des investissements et de la convergence des politiques économiques des deux pays. La rigidité de la règlementation des changes au niveau fédéral et au niveau des Etats frontaliers nigérians exige de remplacer les produits de réexportation, notamment le riz, objet de prohibition par le Nigeria, par des produits du cru (denrées agricoles, produits de l’élevage, de l’artisanat et de la manufacture) faits sur place au Bénin et dont le Nigeria a grand besoin.


Par Claude Urbain PLAGBETO,
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