Les Béninois n’attendront pas un énième exemple pour s’en convaincre. La loi de la jungle qui caractérise depuis un certain temps l’attribution ou l’adjudication des marchés publics au Bénin est malheureusement plus que jamais d’actualité. D’ailleurs, à la lecture du conseil des ministres des 16 et 17 novembre derniers, force est de constater que les mauvaises habitudes ont la peau dure et qu’à ce rythme, demain ne sera pas la veille pour revenir aux normes. Et pour cause, une communication conjointe du ministre de l’économie et des finances, du ministre du développement, de l’analyse économique et de la prospective et du ministre de l’économie maritime et des infrastructures portuaires relative à la mise en œuvre du Programme de certification des valeurs en douane laisse dubitative. En effet, le conseil des ministres a approuvé ladite communication et a demandé aux ministres concernés d’accélérer les négociations avec les responsables de la Segub en vue de la signature d’un contrat de partenariat entre l’Etat et le Guichet unique. Tout est dit.
Une fois encore, l’histoire retiendra que la norme est foulée aux pieds en matière d’adjudication de marchés publics au Bénin. Cette norme qui, on ne le dira jamais assez, veut que le gré à gré intervienne en dernier recours n’est pas respectée sous nos cieux. On peut même oser le dire, elle n’est pas la même pour tous. Ainsi, il y a des grés à grés qui s’improvisent, avec bien sûr l’évocation d’une bonne dose d’urgence pour ne pas éveiller les soupçons et quand cela ne plait pas au gouvernement, il a recours à un appel d’offres international. Les reproches faits au gouvernement tardent donc à être corrigés. Sinon, qu’est-ce qui presse si tant pour que la Segub soit préférée à toutes les sociétés qui interviennent dans le même secteur au Bénin ? Cela pose un problème quand on sait qu’il y a Cotecna et la Sgs-Bénin pour ne citer que ces sociétés, qui ont également l’expertise pour faire le travail. D’où une fois encore, le pourquoi du choix délibéré de l’entrée en négociation sans appel d’offres avec la Segub et le gré à gré qui ne dit pas son nom qui s’en suit ? A priori, aucune raison.
Les nationaux lésés
Mais tout compte fait, l’histoire retient que depuis 1992, la règle établie est que les marchés publics sont attribués après un appel d’offres. Et que le flou artistique dénoncé dans l’attribution des marchés publics est devenu peu à peu criant. Pire, contrairement à ce qu’on pourrait penser, avec cette manière de procéder, ce sont les privés nationaux qui sont lésés au profit des étrangers. Au moins, si c’est dans les règles de l’art, personne ne criera au scandale. Mais, le constat général est que dans la plupart des cas où les privés béninois sont en concurrence sur un marché avec des privés étrangers pour bénéficier d’un gré à gré, la messe est dite d’avance. Et, ce n’est pas l’opérateur économique M. de Chacus qui dira le contraire. L’épisode du marché de la cimenterie de Massè est encore vivant dans les mémoires et, il y a plus d’un opérateur béninois qui l’ont encore à travers la gorge. Bref, on déshabille les Béninois pour habiller les étrangers. A quelle fin ? Difficile de le dire. Sauf que personne n’a oublié que lorsqu’ il y a de cela un an, on mettait entre parenthèses le Pvi, il a été dit que pour remettre les choses en ordre, un appel d’offres international sera lancé. Aujourd’hui, le constat est là. La politique du régime en place fait la part belle aux opérateurs privés étrangers. Et à force d’être lésés, il n’est pas exclu que les nôtres se laissent aller à la haine envers les compères étrangers. On ne le souhaite pas. Mais, l’autre dira qu’à force de tirer sur une corde raide, elle finit par se casser. Alors, aux gouvernants de corriger le tir pour éviter le pire.