Frontières Bénin-Nigeria (2/7): Abuja fait grimper les prix dans les marchés de Cotonou
Mohamed tient une boutique à Dégakon, dans le 1er arrondissement de Cotonou. Installé dans ce quartier d’Akpakpa depuis plus de trois ans, ses clients le connaissent bien pour ses « bons prix ». Début décembre 2019, en achetant dans sa boutique, nous surprenons une conversation entre l’un de ses clients et lui. « Client : Patron je veux un bidon d’huile. Mohamed: 14 500. Client : quoi ? La fois passée j’ai pris ça à 13 500 non ? Mohamed : ce n’est pas moi qui produis. Moi aussi j’achète ».
Depuis le 20 août 2019, date de la fermeture des frontières du Nigeria avec ses voisins dans le cadre d’une opération de lutte contre la contrebande et la criminalité transfrontalière (raison officielle), l’homme qui pratique des prix hors du commun, n’a d’autre choix que d’augmenter les tarifs de certains produits s’il ne veut pas faire faillite.
Selon les clients de cette boutique, les prix habituels sont parfois en dessous de ceux pratiqués au marché Dantokpa, le plus grand marché du Bénin. Dans la boutique, à l’allure d’un magasin, on y trouve surtout des produits alimentaires (huile végétale, pâtes alimentaires, boîtes de conserve, lait en boîte et en sachet…) et cosmétiques (savons, détergents, dentifrices, etc.). Chaque fois qu’un client interpelle le propriétaire sur le prix d’un produit, il lui sert sa réponse toute faite : « Ce n’est pas moi qui produis. Moi aussi j’achète ». Sans trop bavarder, Mohamed explique aux clients qu’il ne peut faire autrement. D’ailleurs sachant qu’ils pratiquent des tarifs spéciaux, ses assistants et lui ne marchandent pas. C’est à prendre ou à laisser.
Ça grimpe
Tout comme dans cette boutique, la hausse des prix s’observe à d’autres points de vente des produits importés du Nigéria, qui partage plus de 700 km de frontières avec le Bénin. De 14 500 en début du mois, le bidon d’huile végétale de 25 litres est passé à 16 500, voire 17 500 francs par endroit.