En vue de dynamiser la coopération entre le Bénin et le Togo en matière de lutte contre la traite transfrontalière, le Réseau des structures de protection des enfants en situation difficile (ReSPESD) organise depuis le mardi 7 janvier à Grand-Popo, une rencontre entre les deux pays sur le fléau. Prennent part à cette rencontre qui s’achève ce jour, jeudi 9 janvier, des experts des secteurs de la justice, de la sécurité, des affaires sociales, de la société civile, etc., des deux pays.
Présenter leurs expériences et défis, apprendre les uns des autres, dynamiser leur lutte contre la traite transfrontalière. C’est ce à quoi s’attellent depuis mardi à Grand-Popo, les participants à cette rencontre dont la tenue effective a été saluée par Salimane Issifou, le président du ReSPESD. « Il s’agit pour nous d’un rêve qui devient réalité. Nous avons depuis longtemps souhaité avoir cette rencontre où nous allions échanger les expériences et voir comment dynamiser notre coopération en vue d’une lutte efficace contre la traite transfrontalière » s’est-il en effet réjoui à l’ouverture des travaux. La traite des êtres humains désigne le fait de recruter, transporter, transférer, héberger ou accueillir une personne en ayant recours à la force, à la contrainte, à la tromperie ou à d’autres moyens, en vue de l’exploiter (exploitation sexuelle, travail forcé etc.) et Nassirou Afagnon, le représentant de l’Organisation internationale des migrations (OIM) a souligné le caractère transnational du fléau qui, selon ses dires, n’est plus à démontrer. « La traite des personnes représente l’une des pires formes de violation des droits inhérents à la personne humaine et il est important de souligner qu’elle porte atteinte à l’intégrité des victimes et agit négativement sur la société », a-t-il ajouté. Nassirou Afagnon s’est réjoui de la rencontre de Grand-Popo qui vient à point nommé en ce sens qu’elle permettra de renforcer le cadre de coopération qui existait entre le Bénin et le Togo. Proches par la langue, la culture, le partage du français comme langue de travail et bien d’autres choses, les deux pays sont frappés de plein fouet par la traite transfrontalière et, de plus, les criminels ne cessent de développer des stratégies pour contourner les dispositions mises en place par les Etats, soulignera M. Afagnon.
L’Afrique de l’Ouest, plaque tournante de la traite transfrontalière dans le monde
Il faut dire que l’Afrique de l’Ouest constitue une plaque tournante de la traite transfrontalière dans le monde. Cette région est en effet caractérisée par un schéma de traite transfrontalière et circulaire. Les pays fortement touchés par ce fléau sont le Nigeria, le Bénin, le Togo, le Ghana, la Côte d’Ivoire et la Guinée, qui sont aujourd’hui à la fois des territoires d’origine, de transit et de destination des personnes victimes de traite. Par ailleurs, on estime que 75% des mouvements migratoires dans ces pays sont réalisés à l’intérieur de la région. Le corridor commercial Abidjan-Lagos qui traverse cinq pays (Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin et Nigéria) a été identifié comme étant une importante route pour la migration et la prostitution ou l’exploitation sexuelle en Afrique de l’Ouest. Tout en soulignant, lui aussi, le caractère criminel du fléau, Célestin Zanouvi, le représentant du ministre de la Justice et de la législation a martelé que le combattre efficacement « nécessite que tous les acteurs à divers niveaux et dans leurs différents pays jouent leur partition». C’est d’ailleurs ce à quoi il a exhorté les participants deux pays, rassurant de la disponibilité du ministère de la justice du Bénin à jouer la sienne. A noter que cette rencontre s’inscrit dans le cadre du projet « Contribution à la lutte contre la traite transfrontalière à travers la capacitation des parties prenantes » financé par l’OIM et fait partie des interventions prévues au titre de l’initiative « Appui à la libre circulation des personnes et la migration en Afrique de l’Ouest (FMM Afrique de l’Ouest) » financé dans le cadre de l’accord de contribution de l’Union Européenne (Accord n° FED/2013/318-778).