Les anti-révisionnistes soupçonnent le Chef de l’Etat de ne pas vouloir partir du pouvoir en 2016. Voilà que Benoît Dègla, ancien député et ancien ministre, vient apporter de l’eau à leur moulin.
C’est une déclaration à prendre au sérieux. Car elle vient de l’un de ceux qui se disent très proches du président de la République. «Boni Yayi restera au pouvoir après 2016 », a lancé Benoît Dègla, ancien ministre de l’intérieur jusqu’à une date très récente. Boni Yayi « restera » après 2016. Ce bout de phrase amène à au moins deux réflexions. La première, elle pourrait signifier que la révision de la Constitution que le Chef de l’Etat jure de réaliser ne vise qu’à lui donner les moyens « juridiques » pour rester au pouvoir au terme de son second et dernier quinquennat. Ce qu’insinuent déjà ceux qui s’opposent à l’initiative de Boni Yayi. Pour ces deniers, c’est ni plus ni moins une révision opportuniste de la Constitution que s’apprête à faire le président de la République afin de s’éterniser au pouvoir. Ces déclarations d’un proche de Yayi les amèneraient sans doute à durcir leur opposition au projet. Ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour Yayi déjà fragilisé à l’Assemblée nationale, vu les derniers événements intervenus à ce haut lieu de la politique nationale. Alors, Benoît Dègla n’aura pas aidé le Chef de l’Etat à parvenir à ses fins. Ce qui constitue pourtant un défi pour ce dernier.
L’autre interprétation
Les propos de l’ancien ministre de l’intérieur sont un pavé jeté dans la marre, interprètent déjà certains Béninois. Pour eux, il n’y avait d’ailleurs aucun doute que l’objectif de Yayi était de parvenir à une révision opportuniste de la Constitution. Ou alors, voyant peut-être les choses se compliquer à ce niveau, le régime en place aurait changé de stratégie. Plutôt que de faire le forcing pour que Yayi reste au pouvoir après 2016, ce qu’ils ont d’ailleurs toujours nié, les «mouvanciers» penseraient déjà un à dauphin au Chef de l’Etat. Quelqu’un qui sortirait de leurs sérails à qui Yayi ferait sans doute grande confiance et qui prendrait le pouvoir en 2016. Dans ces conditions, on pourra aussi dire que Yayi est parti mais est resté. Son éventuel dauphin pourrait donc continuer l’œuvre entamée. On n’en est pas encore là. Ce qui est par contre évident aujourd’hui, c’est que les déclarations de Benoît Dègla ne font que conforter les anti-révisionnistes sur leur position. En cas d’échec de son projet jusque-là secret de polichinelle, Boni Yayi pourrait ne pas le lui tolérer.