La mise en œuvre du projet Asphaltage redonne progressivement un nouveau visage à la Ville de Cotonou, capitale économique du Bénin. Mais c’est sans compter avec l’encombrement des voies asphaltées de part et d’autre par des véhicules gros porteurs. Cet état de choses risque d’altérer les bitumes et, par conséquent, réduire à néant les efforts du gouvernement.
Les vieux démons de retour. Sous le regard impuissant des autorités, la conduite sur les voies asphaltée reste et demeure une norme. Jeudi 9 janvier 2020. Nous sommes devant le Port autonome de Cotonou. Sur une partie de la chaussée assez épaisse et à peine achevée, il y a une série de véhicules gros-porteurs en attente pour accéder à l’entrée du port. D’autres parties de la chaussée sont en chantier. Celle accessible est encadrée par des bandes indicatives. Pendant de longues minutes, les conducteurs doivent patienter jusqu’au moment où la voie est libéré avant de circuler. Habib, l’un des conducteurs, confie qu’il n’y a aucun moyen d’accéder. « On aurait aimé que les autorités nous aident à trouver des itinéraires plus appropriés pour venir au port. Si on nous trouve d’autres alternatives, nous sommes preneurs… », dit-il. De l’Etoile rouge à Abomey-Calavi, il est possible de passer plus de 2 heures d’horloge pour un trajet de 15 à 20 mn. Camions et véhicules à 4 roues se disputent la place sur la chaussée. Plus loin, certains camions laissent tomber sur la chaussée des gravats de pierres et des sables de mer, causant ainsi des dommages aux usagers et dégradent sérieusement l’asphaltage. En panne, certains stationnent aux abords de la chaussée, rendant ainsi la circulation difficile. Cela crée un remue-ménage entre les usagers de route.
Pourtant, l’une des mesures fortes pour endiguer ce phénomène était de laisser circuler ces camions la nuit et au petit matin. Malgré cela, ces conducteurs récidivent. « Il faut faire remarquer que nous ne sommes plus traqués comme par le passé. Nous sommes conscients que les infrastructures sont en pleine construction et que d’autres sont achevées. Mais puisqu’il n’y a de consignes, nous sommes obligés d’emprunter les voies principales », confie Arouna Bako, conducteur de véhicule gros porteur.
Quid de durabilité des chaussées et accessoires ?
Les grands travaux liés au projet d’asphaltage commencent par donner une esthétique à la capitale économique du Bénin. Mais il est véritablement question de la durée de vie de ces chaussées. Selon les autorités, les infrastructures routières sont conçues pour durer au moins 15 ans. Il se fait que les actes d’incivisme notés par endroits dans la ville de Cotonou ne sauraient garantir une telle durabilité et la résistance de ces infrastructures. Les plus grands dégâts sont souvent causés par les camions. En cas d’accident, ces engins sont capables non seulement de détruire la chaussée, mais également le terre-plein central, les lampadaires, voire causer des pertes en vies humaines.
Aussi, la qualité des pneus de certains camions laisse à désirer et la dégradation de la voie s’observe rapidement généralement dans les sens giratoires et autres carrefours de la ville. « La probabilité que le carrefour de la Haie Vive situé non loin du ministère de l’Agriculture de l’élevage et de la pêche se dégrade assez vite, est très forte. Parce que le conducteur, en voulant tourner, doit beaucoup plus manier le volant. Ce faisant, le pneu abîme l’asphaltage et fait progressivement des fossés », explique Gédéon Assogba, usager interrogé pour la circonstance. Selon le Directeur des Infrastructures et des transports, Jacques Ayadji, les sociétés commises pour les travaux d’asphaltage ont l’obligation de fournir une prestation de bonne qualité.
De lourdes sanctions en vue
Le stationnement anarchique des camions à Cotonou a atteint son paroxysme. A ce sujet, les autorités préfectorales tapent déjà du poing sur la table. Le jeudi 9 janvier dernier, le préfet par intérim du littoral Jean-Claude Codjia a effectué une descente sur les tronçons de Cotonou. Première action, l’autorité s’est dirigée vers les sociétés en charge des véhicules en vue de les sensibiliser. Puisqu’un homme averti en vaut deux, il a promis l’enfer aux récidivistes. A en croire Jean-Claude Codjia, il est convenu « de ce qu’ils trouvent des parcs de stationnement dans les périphéries de Cotonou ». L’idée est que ces camions soient stationnés dans des parcs en périphérie de la vie de Cotonou. Et dès qu’ils sont appelés suivant la capacité des usines, qu’ils viennent à Cotonou. Pour le préfet par intérim, plus aucun camion stationné dans les rues de Cotonou. « En cas de non-respect de la mesure, les camions en stationnement anarchique seront enlevés et envoyés en fourrière. Et les sociétés concernées vont être sanctionnées », a-t-il martelé. Aussi rappelle-t-il que les camions devraient stationner à Akassato et à Glo-Djigbé dans la commune d’Abomey-Calavi et être appelés avant de se déplacer sur Cotonou. Un homme averti en vaut deux.