Annoncée depuis plusieurs mois, l’opération de libération de la berge lagunaire du marché international de Dantokpa est entrée dans sa phase active. Démarrée le 7 janvier dernier, elle suit son cours et offre déjà une nouvelle image appréciée des populations.
Plus rien ne sera comme avant au marché de Dantokpa. La berge lagunaire qui servait de site de vente aux forgerons, vendeurs de friperie et enregistrait tout acte illégal, est entièrement mise à nue. Les engins lourds déployés sur le terrain depuis une dizaine de jours, laissent apprécier leur chef d’œuvre par la grande étendue de terre noire entièrement libérée de hangars et autres installations servant précedemment de site de vente aux commerçants. Des tas de caillasses entremêlés aux sachets plastiques sont visibles par endroit, et un peu plus loin, de légères fumées s’échappent encore des tas de déchets incinérés quelques heures plus tôt. Le moteur à fond, les engins lourds s’évertuent à finir le travail entamé depuis quelques jours, sous le regard vigilant des agents des forces de sécurité et de défense épaulés par ceux de la police municipale déployés sur le terrain. Un travail qui suscite l’étonnement des usagers, ravis de remarquer la nette visibilité de la berge allant du marché Dantokpa à « Tokpa Hôhô », en passant par les quartiers « Gbôgbanou » et « Missèbo ». « Le marché est très sale et nous venons d’en avoir la preuve. L’initiative du gouvernement est salutaire car elle va conduire à l’aménagement de l’espace qu’on occupait anarchiquement », se réjouit Sabine Minasin, commerçante au marché Missèbo et victime de cette opération. Cette libération de la berge lagunaire a également fait le bonheur du premier responsable de l’école maternelle et primaire publique Nouveau Pont, René Coomlan Hounkpè. Un centre de savoir situé en plein cœur du marché de Missèbo, et dont la voix d’accès récemment occupée par les commerçants de friperie, a également été libérée. « Nous étions exposés à toute sorte de pollution, des tentatives de violences sur nos apprenants par des badauds, des enfants qui sont blessés par les portefaits. Nous avions plusieurs fois écrit à la mairie et à la préfecture pour dénoncer la chose. Les autorités ont fait le déplacement et le constat est là », a-t-il dit avant de louer cette opération. « C’est un grand bonheur pour nous et cette action est très salutaire », renchérit-il tout heureux de voir désormais, les apprenants et leurs enseignants épargnés des nombreuses difficultés rencontrées pour avoir accès à l’école.
Plaidoyer pour une réinstallation des occupants
La nostalgie gagne déjà les cœurs des occupants de la berge lagunaire. Séparés de leur hangar après plusieurs mois de sensibilisation par le Directeur général de la Société de gestion des marchés autonomes (Sogema) sur la libération de la berge, les occupants apprécient les dispositions prises par les autorités pour une première relocalisation des occupants afin de poursuivre leurs activités. « La berge lagunaire n’appartient pas à la Sogema mais au ministère de l’environnement. Nous avions déménagé à l’annonce de l’opération avec l’aide de la Sogema qui nous a accordé un petit espace », précise Hortense Sossou, vendeuse de tissu bogolan sous le pont du marché Dantokpa depuis une trentaine d’années. Hélas, tous les occupants n’ont pas pu obtenir cette faveur de la Sogema. « Il est vrai qu’il faut casser des œufs pour faire des omelettes mais, tous les occupants de la berge ne sont pas encore relocalisés. Je suis dans le cas. Je suis allée m’inscrire à la Sogema mais jusque là, aucun site ne m’a été présenté pour reprendre mes activités », se plaint Mariette, une vendeuse de pagne qui a repris timidement ses activités dans la boutique d’une de ses amies. A en croire Sabine Minasin qui s’est rabattue dans le magasin de stockage de ses articles, certaines femmes délocalisées n’ont pas pu s’installer en raison du type d’espace proposé. « J’aurais appris que la Sogema a fait visiter à certains occupants de la berge notamment aux vendeuses de tissu, un espace sur le site de vente de mouton, occupé par les vendeuses de tomates fraîches. Mais, vu l’aspect que présente souvent ce site en période pluvieuse, elles se sont opposées à cette proposition », révèle-elle, plaidant pour leur réinstallation. « Le site d’Akpakpa qui nous était réservés n’est pas encore accessible. La libération de la berge lagunaire est une très bonne idée mais, je prie les autorités de penser à nous qui n’avons plus de site où mener nos activités » implore-t-elle. Un plaidoyer soutenu par Hortense Sossou. « J’aime le Président Talon mais nous plaidons pour un meilleur essor des femmes du marché. Tantôt, nous apprenons que le marché sera reconstruit, tantôt qu’il sera relocalisé. Nous ne savons plus à quel saint nous vouer. Je demande au Chef de l’Etat de nous venir en aide et de faciliter la réinstallation de toutes les femmes victimes de cette opération » souhaite-t-elle. Rappelons que le Directeur de la Sogema, Armand Gansè a affirmé tout son soutien aux femmes du marché et réitéré son engagement à leur assurer une meilleure réinstallation. « Nous avons pris les dispositions nécessaires pour reloger tous ceux qui sont affectés par cette opération. Je soutiens les femmes et les rassure que la Sogema est la solution à leur réinstallation », a-t-il déclaré le lundi 7 janvier dernier.