Le ministre de la Défense nationale, Fortunet Nouatin, représentant son collègue chargé de l’Intérieur, a donné la version du gouvernement sur les faits liés aux affrontements survenus le mercredi 29 mai 2019 puis dans la nuit du vendredi 31 au samedi 1er juin 2019 entre éleveurs et agriculteurs dans la localité d’Ayiwidji, village de Bétécoucou dans la commune de Dassa-Zoumè. C’était le jeudi 16 janvier 2020 au Palais des Gouverneurs à Porto-Novo lors de la séance plénière consacrée aux questions d’actualité. Des explications du gouvernement, il ressort que les affrontements sont survenus suite aux dégâts causés par le passage des bœufs d’un bouvier dans les champs de maïs d’un cultivateur. La question a été posée par le député Jean-Eudes Okoundé dans le cadre du contrôle de l’action gouvernementale. Le dossier a été examiné par la plénière. Le ministre est revenu sur les faits qui ont coûté la vie à quatre habitants du village d’Ayiwidji dont une fillette de cinq ans. Il y a également le décès d’un bouvier dont la mort a été d’ailleurs à la base de tout le drame. Non satisfait de la réponse du ministre, le député Sanni Mama est revenu sur la question lors du débat et a fait des révélations qui situent désormais les responsabilités.
“…Je voudrais remercier le collègues par rapport à cette question relative à la transhumance et la situation de Dassa-Zoume. C’est un dossier qui me tient beaucoup à coeur. Les populations du Zou et des Collines subissent le diktat de ces peuhls transhumants. Je voudrais qu’on fasse la nuance ici sinon, nous risquons de tomber dans cette stigmatisation qui ne dit pas souvent son nom où les gens pensent que tout peuhl qui est un éleveur et qui a des boeufs est quelqu’un de violent. Non. Je pense que les éleveurs et les agriculteurs doivent se compléter. L’un a besoin de l’autre et je pense que le problème de la transhumance doit être regardé avec un oeil pertinent. Vous savez notre pays a signé des conventions avec les pays de la sous région notamment le Nigeria, le Togo, le Burkina – Faso, et c’est interdit que des Nigérians entrent dans notre pays avec des milliers de bétails pour aller jusqu’au Togo. Quand il y a violence, ce que nous ne comprenons pas, c’est vrai je suis député aujourd’hui mais je suis aussi éleveur, et je l’ai toujours souligné quand j’étais à la mairie aux missions de sensibilisation du ministère de l’intérieur, pourquoi il y a assez d’affrontement chaque année? Le problème est simple chers collègues. Nous avons voté une loi aujourd’hui et sur les papiers, on nous dit que la transhumance est interdite, c’est à dire que les gens ne peuvent plus quitter chez eux pour venir chez nous. Mais je dis c’est archi faux! Je l’ai dit au ministre de l’intérieur lors des débats budgétaires. Ça a commencé avant même que le conseil des ministres n’en fasse cas. Des milliers de peuhls transhumants ont quitté le Nigeria pour venir chez nous. D’autres y séjournent encore. D’autres ont continué pour aller au Togo et c’est ceux-là qui causent les dégâts. Ils sont lourdement armés et passent avec des dizaines de bêtes parfois avec des AKM. Ils pensent qu’ils ont déjà payé leurs droits de passage en complicité avec une mafia qui est bien organisée, tapie dans des mairies, dans les départements. C’est le lieu de remercier le gouvernement du président Patrice Talon qui depuis trois ans a commencé quelque chose. C’est pourquoi on a constaté la diminution de ces affrontements et de morts d’hommes sinon à des périodes de transhumance, nous comptons des dizaines de morts. La mafia existe et résiste toujours. Chers collègues cessons de stigmatiser une ethnie. C’est ceux qui arrivent d’ailleurs lourdement armés entretenus par la mafia qui bouffent de centaines de millions chaque année qui résistent. Si nous n’agissons pas pour arrêter cette mafia, on va continuer par emprisonner de pauvres innocents pour dire que ce sont eux qui ont fusillé. Cette affaire qui s’est passée à Dassa -Zoumè, je l’ai suivie de près. Ce sont des innocents qui sont en prison. Les premières attaques qui se sont passées dans le village en question, les Nigérians, quand il y a eu la sensibilisation, ils ont réussi à aller vers Kétou pour renvoyer tout leur pâturage de l’autre côté et ils sont revenus armés. Ils ont attendu quand les villageois sont revenus, ils les ont tués puis répartis au Nigeria. Après on a pris les innocents pour les jeter en prison. La mafia opère toujours. Elle est dans les mairies, les départements. Même au Ministère de l’intérieur, les gens continuent de bouffer. Chers collèges il va falloir qu’on mette en place une commission d’enquête parlementaire pour comprendre cette affaire. Comment des peuhls qui vivent avec des Béninois, ils connaissent les sites et ne peuvent pas amener leur pâturage là. Ils sont ensemble depuis plus de 80 ans et leurs enfants ne parlent plus le peuhl mais le fon. Mais c’est des gens qui arrivent d’ailleurs, armés entretenus par la mafia qui arrivent à semer de troubles et fuient vers le Togo. L’agriculteur se lève le matin, voir son champ dévasté et dit que c’est son cohabitant qui l’a fait et Bonjour les dégâts.