Le gouvernement vient une fois encore de s’illustrer dans l’art de la manipulation. Morceau choisi : un virement de 2,7 milliards F Cfa au Cos-Lépi. C’est du pipo. Il s’agit plutôt d’une autorisation du gouvernement pour passer les commandes liées aux opérations technologiques et des travaux de l’imprimerie dont le coût bien cerné est de 2,7 milliards F Cfa. Le bout du tunnel est encore loin. Très loin.
A la date d’aujourd’hui, le gouvernement n’a viré que 500 millions FCfa dans le compte du Cos-Lépi. Cela s’ajoute aux 611 millions Fcfa qu’il avait décaissés à la structure pour son fonctionnement depuis six mois. Pas plus. Le reste, c’est de la manipulation. Et c’est de cela qu’il s‘agit lorsque le Conseil des ministres annonce avoir accordé au Cos-Lépi, la somme de 2 783 083 148 F Cfa. Cette somme annoncée en Conseil des ministres représente le coût des travaux confiés aux opérateurs technologiques et aux imprimeurs retenus dans le cadre de l’actualisation et de la correction de la Lépi. Le gouvernement a donc donné son accord pour décaisser ce montant.
La décision du Conseil des ministres n’est qu’une autorisation sans laquelle le Cos-Lépi continuerait de végéter dans l’immobilisme. Il faut donc souligner que c’est une décision qui permet à l’équipe de Saca Lafia, président du Cos-Lépi d’avancer. Les sociétés retenues attendent toujours une avance de démarrage pour se mettre au travail. Ce que le gouvernement n’a pas encore décaissé. Elle est estimée à 834.924 945 F Cfa. C’est seulement 500 millions F Cfa qui ont été décaissés le 19 novembre 2013. Selon nos informations, le gouvernement a pris l’engagement de verser environ 2 milliards cette semaine.
Quand on sait que les promesses non tenues constituent le premier péché de Yayi Boni, personne ne peut parier que cette somme promise sera accordée. On se souvient tous que le 14 octobre de l’année en cours, le chef de l’Etat a, au cours d’une rencontre au Palais de la Marina avec les membres du Cos-Lépi, les présidents des institutions de la République, annoncé que la somme de 3,5 milliards F Cfa a été mandatée et qu’elle est disponible depuis début septembre. Selon l’échéancier établi, la totalité de ce montant devrait être disponible. Mais le Cos-Lépi n’a rien obtenu. Plus d’un mois après avoir fait cette promesse, la question qui se pose est la suivante : pourquoi le chef de l’Etat n’a pas respecté sa parole ?
Le gouvernement fait semblant
De plus en plus, une question revient sur les lèvres : Yayi Boni veut-il réellement corriger la Lépi ? Les faits donnent raison à ceux qui soutiennent que le gouvernement de Yayi Boni ne veut réellement pas actualiser encore moins corriger la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). Placé devant ses responsabilités, Yayi Boni a initié une rencontre pour tenter de dégager la balle dans le camp du Cos-Lépi. C’était le 14 octobre dernier. L’occasion pour lui d’afficher un semblant de bonne foi.
Fidèle à ses habitudes, il a encore promis en annonçant la disponibilité d’une ligne budgétaire de 10 milliards F Cfa à mettre à la disposition du Cos-Lépi. Depuis ce jour, on a tout simplement constaté qu’il n’y a pas eu d’avancée significative dans le processus. A quel niveau se trouve donc le blocage ? Il faut rappeler qu’au cours de cette rencontre du 14 octobre, le chef de l’Etat a marqué son étonnement de voir que les choses n’ont pas bougé au Cos-Lépi. Un point d’exécution des opérations lui ayant été présenté, il s’est rendu compte qu’il reste encore à faire.
Il a mis les députés qui ont mandaté le Cos-Lépi devant leurs responsabilités. Une manière indirecte d’accuser l’Assemblée nationale d’être à l’origine du retard qui s’observe. Inspiré par les propos du chef de l’Etat, le président de l’institution parlementaire Mathurin Nago a tenu devant les députés un discours qui jugeait clairement l’organe chargé de superviser et d’actualiser la Lépi responsable du retard.
Aussitôt, il a suscité des réactions de désapprobation à l’hémicycle. Comment comprendre qu’il ne jette pas le tort sur le gouvernement qui bloque le processus et pointe un doigt accusateur sur les députés. La rencontre du 14 octobre devrait permettre d’aller plus vite. Mais Yayi Boni et son équipe n’ont pas aidé à ce que les choses aillent vite. L’attitude du régime frise la mauvaise foi. Il n’est pas en mesure de donner le peu d’argent qu’il faut.
Toujours pas d’adoption du budget
Le budget du Cos-Lépi n’est pas encore adopté. La faute est au gouvernement. D’un montant de plus de 17 milliards F Cfa, ce budget a été revu à la baisse. Il est arrêté à 9,8 milliards F Cfa, soit 7 milliards F Cfa d’économie. Le gouvernement n’est pas prêt à donner cette somme. Et pourtant, le chef de l’Etat a indiqué qu’environ 10 milliards F Cfa sont prévus au budget de l’Etat exercice 2013 pour financer les opérations. Contradiction ou mensonge ? La Direction du budget a quant à elle annoncé avoir une enveloppe de 5,5 milliards pour le Cos-Lépi.
Elle a contredit le président de la République. Et puis, après plusieurs séances d’échanges avec les membres du Cos-Lépi, la Direction du budget a reconsidéré sa position. Elle compte accorder 8,5 milliards F Cfa à la correction de la Lépi. On est encore en deçà du montant annoncé par Yayi Boni Le Cos-Lépi persiste et signe. Il n’est pas question de retrancher un seul copeck dans les 9,8 milliards. Grosse mésentente. Et ça fait trop pagaille. Pendant que le chef de l’Etat chante partout qu’il veut la Lépi corrigée pour cette année, on se rend compte qu’il est derrière les manœuvres qui visent à bloquer le processus.