Une diplomatie relookée, moderne, proactive et dynamique. C’est la volonté affichée par le gouvernement qui depuis avril 2016 déroule sa conception de l’action du Bénin hors de ses frontières. Voulant révéler le Bénin sur la scène internationale à partir du Programme d’actions du gouvernement (Pag) lancé en décembre 2016, Patrice Talon a misé sur de nouveaux paradigmes. Placée sous la responsabilité de Aurélien Agbénonci, ministre des affaires étrangères et de la coopération, la mise en place d’une diplomatie de développement qui aille à la conquête de nouveaux horizons a été actionnée. C’est ainsi que dans l’optique de réduire le train de vie de l’Etat, la carte diplomatique a été réorganisée avec la suppression de certains postes et la réaffectation d’autres. Le réseau diplomatique et consulaire du Bénin moins touffu que par le passé répond aux vœux des décideurs.
Pour matérialiser la dynamique en cours, le personnel du ministère s’habitue depuis peu à une nouvelle pratique, les lettres de mission. Les responsables de la quarantaine de missions diplomatiques, consulaires et commerciales que compte le Bénin à travers le monde ont reçu chacun un cahier de charges bien précis. En plus des affaires courantes qu’ils sont appelés à gérer au quotidien, ils sont considérés par l’Etat béninois qui les emploie comme des agents mobilisateurs de ressources au service du développement du pays. En réalité, il ne s’agit pas d’une responsabilité nouvelle. De tous les temps, sous tous les cieux, les ambassadeurs ont souvent joué ce rôle pour leurs pays d’origine. Ce qui est intéressant pour le Bénin, c’est que les décideurs du moment attendent des résultats concrets sur ce plan de la part des diplomates affectés hors du pays. A partir de cet instant, les ambassadeurs nommés ne peuvent plus dormir sur leurs lauriers.
Mais depuis bientôt quatre ans, cette particularité de la fonction diplomatique remise au goût du jour semble rester lettre morte. Au-delà du cadre général de la mission, ces lettres sont à considérer comme des instruments clés de la gestion axée sur les résultats. De plus en plus, les responsables nommés à divers postes sont astreints à faire leurs preuves. Qu’en est-il des ambassadeurs en poste depuis 2016 ? Qu’ont-ils apporté de plus à la nation hormis les activités classiques de représentation de l’Etat ? Combien d’entreprises étrangères se sont-elles implantées au Bénin du fait de l’action diplomatique ? Combien de ressources le Trésor a-t-il pu capter grâce au plaidoyer de nos ambassadeurs ? Combien de projets et/ou programmes de développement ont-ils été renforcés ou élargis suite au dynamisme de nos diplomates en poste à l’étranger ? A 15 mois de la fin du quinquennat, il faut commencer par songer au bilan.
Il est de la responsabilité du ministre des affaires étrangères de situer l’opinion sur les résultats à l’actif de cette réforme dont il n’a pas manqué de souligner en son temps, les tenants et aboutissants. Avec les années, il faut songer à faire une évaluation de cette mesure et informer les populations. Le moment est venu pour que le ministre des affaires étrangères vienne nous dire ce qui a marché et ce qui a moins bien réussi. C’est aussi ça la gouvernance. Après l’annonce, il faut aussi dire ce qui en a résulté. Il y aura nécessairement des points positifs et d’autres à corriger. Au nom de la transparence qui est de plus en plus promue pour ce qui est de la bonne gestion des affaires publiques, Aurélien Agbénonci est attendu sur ce sujet.