Cotonou-Parakou, Cotonou-Hilacondji, Cotonou-Kraké. La route est en apparence dégagée des nombreuses barrières qui entravaient la circulation routière, mais la corruption y sévit toujours, de façon subtile.
Samedi 12 octobre 2019. 6h 30 mn. A la frontière de Hilacondji entre le Bénin et le Togo, à une centaine de kilomètres à l’ouest de Cotonou, ce n’est pas encore la grande affluence mais déjà, automobilistes et passagers s’affairent sur la gare routière. Une voiture 505 de marque Peugeot démarre, en direction de Cotonou. A bord, 12 passagers au lieu des 9 réglementairement reconnus. Sur le porte-bagages, des sacs remplis de chaussures, d’oignon et de vêtements. Entre Hilacondji et Comè, séparés d’une trentaine de kilomètres, les policiers roupillent encore à bord de leur véhicule Pick-up. Un peu après Comè, à quelques centaines de mètres du pont de Guézin, les douaniers attendaient, sifflet à la bouche. Sègbégnon, le conducteur, marque l’arrêt, soutire un billet de 1000 F CFA (un peu plus de 1, 50 Euro) de son coffre à gant, sort de sa voiture puis se dirige vers le disciple de St Mathieu. A quelques mètres de l’agent, il simule un salut militaire et lui serre la main. Le tour est joué. L’agent de douane empoche promptement le billet. Tout souriant, Sègbégnon redémarre.
A la porte d’entrée de Ouidah, à quelques encablures de l’Institut pour le développement endogène (IDEE), des éléments de la Police républicaine font la patrouille en sens inverse. Mais subitement, ils rebroussent chemin et prennent en chasse la voiture de Sègbégnon, qui ne prend aucun risque. Il gare, descend avec un billet de 1000 F CFA et court vers les policiers. Cela ne semble pas faire l’affaire. Il revient auprès du véhicule et repart avec un billet de 2000 F. Les policiers reprennent leur direction initiale. Le chauffeur aussi, furieux d’avoir payé plus qu’il n’en avait prévu. « Mais c’est mieux que de se retrouver en fourrière », marmonne-t-il. De Ouidah à Cotonou, Sègbégnon n’a plus rien déboursé bien qu’ayant croisé près de quatre patrouilles de la Police.
Sur l’axe Cotonou-Kraké, en plus des policiers, pas moins de trois postes de douane. Ce qui est contraire aux dispositions du décret N° 2013-546 du 24 décembre 2013 qui limite à 01, le nombre de poste de contrôle sur cet axe routier. Le comble : la présence des Klébés ou « arracheurs de billets », dans le jargon des fraudeurs. Ils sont chargés de percevoir l’argent de la fraude pour le compte des douaniers qui ne veulent pas prendre le risque d’être pris en flagrant délit de corruption.... suite de l'article sur Autre presse