A moins de cinq mois des élections communales et municipales, Ministre et Président de la république ne manquent pas une occasion d’aborder la question relative à leur caractère inclusif. Si Alain Orounla l’a promis le 24 janvier 2020 à face à la presse, Patrice Talon l’a encore répété hier, jeudi 30 janvier 2020 à Washington, au cours d’une interview accordée à VOA. Quand on sait que les législatives dernières ont été exclusives, les promesses tous azimuts d’élections communales ouvertes ressemblent à un mea-culpa bien fardé.
Il est un secret de Polichinelle que les élections législatives d’avril 2019 ont été très contestées puisqu’exclusives. Pis, elles ont débouché sur une crise post-électorale avec son corollaire de victimes dans le rang des paisibles citoyens. D’ailleurs, le pays ne finit pas de chercher des solutions pour un règlement définitif. En son temps, pour l’exécutif et certains affidés du pouvoir, c’est l’Opposition qui avait refusé de participer à ces joutes électorales et par ricochet, l’on ne devrait en aucun cas parler d’élections non inclusives. Aujourd’hui, de moins en moins, cette posture est défendue. Même si ce n’est pas de façon flagrante, les nouveaux discours amènent à le penser. Au centre de ces discours, figurent en bonne et due forme les élections communales et municipales du 17 mai prochain. En effet, pour ces élections, l’exécutif promet monts et vallées quant à leur organisation parfaite et sans ambages. «Il n’y aura pas d’élections taxées d’exclusives», a juré le Ministre Alain Orounla, Porte-parole du gouvernement au cours de son entretien mensuel avec les professionnels des médias. Mieux, Après son tête-à-tête avec le Secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo aux Etats-Unis, rencontre au cours de laquelle ce dernier a mis l’accent sur l’importance des libertés fondamentales et des institutions démocratiques, Patrice Talon a renchérit l’idée des élections communales ouvertes lors d’une interview qu’il a accordée à VOA. « Théoriquement, tout le monde devrait pouvoir participer aux élections », a-t-il laissé entendre avant de relativiser qu’on ne devrait forcer aucun parti à aller à une élection. Pour d’ailleurs traduire ces paroles en des actes concrets, les différentes lois électorales crisogènes et conflitogènes ont déjà été totalement assouplies par les députés, afin de les conformer aux réalités actuelles du système politique béninois. Toujours dans cet ordre d’idée et avant de convoquer le corps électoral, Patrice Talon avait donné des instructions fermes à la Direction générale des impôts, pour que la délivrance des quitus fiscaux soit désormais débarrassée de tout fétichisme et protocoles connexes. Ceci, ajoutées aux instructions données pour dulcifier les conditions de délivrance des récépissés aux partis qui en font la demande. Quand on sait que ces mêmes suggestions ont été faites au gouvernement avant la tenue de ces législatives et que ce dernier est resté intransigeant, ce n’est pas anodin que ce même gouvernement prenne aujourd’hui toutes ces mesures, pour le compte des communales et municipales. On y voit à travers ces actes, une intention affichée du chef de l’Etat de faire participer toutes les forces politiques qui le désirent, à ces compétions électorales. Quand on voit aujourd’hui les conséquences de ces élections non inclusives, on se demande pourquoi a-t-on été obligé d’aller à ces extrêmes avant de reconnaitre la nécessité de faire des élections les plus ouvertes possibles? Seul le gouvernement pourra y répondre. Le plus important dans la succession de ces nouveaux faits, c’est que l’on constate un revirement tacite de position. Et c’est tant mieux même si le gouvernement ne reconnait pas officiellement que c’est un mea-culpa.