Les autorités béninoises ont délogé des milliers d'habitants et vendeurs d'un grand marché de Cotonou, ont constaté samedi des journalistes de l'AFP.
Il s'agit de l'un des plus importants déguerpissements de commerçants de marché dans le pays.
"Nous sommes sans habitation ni commerce. Nous n'avons aucune issue. On nous a dit que nous sommes des occupants illégaux", a déclaré samedi à L'AFP, en sanglots, Hounsa Dekinnou, vendeuse de poissons d'une cinquantaine d'année, sur la berge lagunaire de Cotonou.
Comme des milliers d'autres habitants de cette berge qui ceinture le marché international de Dantokpa, le plus grand de Cotonou, elle a reçu fin janvier un document de "sommation".
Elle vivait sur la berge depuis plus de quinze ans avec ses trois enfants et ses petits fils. Désormais, tous se retrouvent à la belle étoile.
La document, signé du préfet du département du Littoral, Jean Claude Codjia leur notifiait une occupation illégale de la berge "au mépris de l'article 264 de la loi portant sur le Code foncier".
Inconsolable, la vendeuse de poissons estime avoir été l'objet d'un "abus d'autorité de la part de l'Etat".
Mais le chef du quartier de Hindé-Sud ne l'entend pas ainsi. Au total, 70 habitations ont été démolies sur la berge concernant son seul quartier.
"Nos administrés étaient informés et plusieurs séances ont été tenues. Ils ont reçu des sommations avant que la préfecture ne débarque avec les gros engins", se défend Ange Donatien Boko.
Selon lui, tous les occupants n'ont pas été traités à la même enseigne. "Seuls ceux qui y vivaient illégalement ont été délogés sans dédommagement", soutient-il.
"Certains ont pu justifier de titres de propriété et une procédure les concernant est en cours".
Au moins six quartiers sont concernés par le déguerpissement et, dans certains d'entre eux comme Dantokpa, l'opération est importants.
"Nous avons consentis à ce déguerpissement dans la douleur. On nous a dit que c'est un domaine public. Nous n'aurons pour seul soulagement que les travaux annoncés et que nous attendons de tout coeur", déclare Marcel Hounnoukon, pêcheur vivant dans le quartier depuis dix ans.
Plusieurs organisations de défense des personnes démunies et des pêcheurs ont engagés des actions aux côtés des déguerpis et, pour l'heure, un important dispositif policier surveille la berge.
"D'ici là, la mise en valeur du domaine commence", a déclaré une source jointe au ministère du Cadre de vie.
Un nouveau site a été prévu pour recevoir les vendeurs délogés mais il ne semble pas convenir à tous.
"Ce site est dans un bas-fond. Il n'est pas aménagé et on nous demande de cohabiter avec les reptiles", s'offusque Anick Amanyigbé, une autre
commerçante.
Les déguerpissements ou évictions de populations pauvres installées au fil des ans sans titre de propriété dans des lieux souvent insalubres sont fréquents sur le continent. L'intérêt soudain de promoteurs immobiliers est en général à l'origine de ces déménagements forcés.