Après de longs mois d’attente, le Conseil national de l’éducation nouvelle version est fonctionnel depuis le 21 janvier dernier. Dans un entretien accordé au quotidien du service public, le président du Conseil, Prof Noël Gbaguidi s’est prononcé sur la mission du bureau directeur et les attentes des Béninois. A l’en croire, il sera question de mener des réflexions prospectives pour orienter la politique éducative vers de nouveaux horizons…
“Nous avons le devoir de mener des réflexions prospectives pour orienter la politique éducative vers de nouveaux horizons afin de trouver des réponses à nos préoccupations. L’organisation et la gestion du système éducatif sont-elles bonnes ? Nous ferons des propositions dans ce sens. Je suis très optimiste que nous pourrons poser des jalons dans le sens de l’amélioration du système éducatif national. Nous n’avons d’ailleurs pas le choix“, se veut rassurant Prof Noël Gbaguidi, président du Conseil national de l’éducation. La nouvelle équipe installée pour les quatre prochaines années entend travailler avec méthode pour identifier les problèmes du secteur éducatif, les hiérarchiser et les répartir dans le temps. “Nous allons nous baser sur des programmes d’activités et des plans de travail annuels, sans précipitation, mais avec détermination“, précise-t-il. S’il se dit optimiste quant à l’atteinte des objectifs, il s’est surtout dit convaincu que chaque membre jouera sa partition pour sortir l’école béninoise des sentiers battus. « Nous sommes dans un secteur très sensible et nous devons en tenir compte. Il n’y a pas que la technicité. Nous touchons également le volet de la famille et de la société. La famille, la société, l’environnement jouent un rôle fondamental dans l’éducation. La famille est le premier lieu de l’éducation, où le citoyen prend son identité. Si elle joue mal son rôle, les citoyens auront du mal à marcher droit. Nous pouvons évoquer les problèmes de l’éducation au sens large, entre autres, les mauvaises pratiques, les détournements, les comportements amoraux…ils sont largement liés à l’éducation dans les familles et dans les rues… Le Cne va exercer son pouvoir. Les tâches entrant dans ses attributions seront exécutées. Les problèmes du système éducatif sont multiples et multiformes. Ils vont des programmes de formation aux infrastructures en passant par la qualité et la quantité du personnel, l’organisation et la gestion du système. Le Cne ayant une fonction de suivi-évaluation, va évaluer toutes les actions pour identifier les problèmes, les hiérarchiser et s’attaquer aux problèmes les plus brûlants », a déclaré Prof Noël Gbaguidi.
Un modèle de système pas performant…
Le Président du Conseil national de l’éducation s’est également prononcé sur le profil des enseignants notamment la qualité des formateurs. Selon ses propos, il ne faudra pas espérer des résultats positifs d’un enseignant mal formé. “C’est une sorte de reproduction de modèle. Nous avons un modèle de système qui n’est pas performant. Les enseignants transposent aux apprenants, les lacunes qu’ils reçoivent de leur formation. Le Cne doit pouvoir apporter des réponses à ces insuffisances. Déjà, le gouvernement a opté pour le recyclage des enseignants. Nous pourrons résoudre ces problèmes si nous travaillons avec méthode“, a-t-il fait savoir. Le Cne se préoccupe également de l’adéquation formation-emploi et des suggestions seront bientôt faites pour orienter la formation vers l’employabilité. Si les actions sont menées dans le sens de l’enthousiasme et de l’assiduité actuels, d’ici à quelques années, les résultats seront probants, affirme Noël Gbaguidi. Et ce, au regard de la composition du Conseil. « C’est un groupe de techniciens touchant tous les ordres de l’enseignement et de la recherche scientifique. Au Cne, il y a les enseignants du primaire et de la maternelle, du secondaire général, du secondaire technique et professionnel, du supérieur, des chercheurs, des spécialistes en suivi-évaluation des politiques publiques, en science de l’éducation, des juristes constitutionnalistes, des économistes de l’éducation. Les acteurs sont recrutés sur la base de leurs compétences, de leurs expériences pour répondre aux attentes des populations », rassure l’homme.
Le Cne n’est pas un super ministère…
Quant à la polémique positionnant le Cne comme une superbe structure, le Prof Gbaguidi a tenu à apporter des clarifications. “Chacun est dans son rôle. Le Cne n’est pas dans l’opérationnel. Il ne recrute pas lui-même les enseignants, ne conçoit pas lui-même les programmes de formation, il ne prend pas de décision de nomination et d’affectation de ressources, ni de sanction. Le Cne veut veiller à la pertinence des projets de réformes, à la justesse des projets de nomination et des affectations budgétaires, à la construction des infrastructures selon les normes. Il veut veiller à ce que la carte scolaire reflète les besoins réels des populations. Si le Cne se prononce sur un projet d’affectation de ressources ou de programme de formation, et estime qu’il n’est pas pertinent, cet avis est lié. Le ministre en charge du dossier doit se conformer à cet avis. Le Cne est une technostructure, pas un ministère“, clarifie le président du Cne.