L’ancien ministre de l’Intérieur, Benoît Dègla s’est livré à un sport de mauvais goût ce week-end. Il a déclaré alors qu’il n’était pas obligé que Yayi Boni doit poursuivre sa mission à la tête du Bénin après 2016. Si jusque-là on a de la peine à comprendre les réelles intentions de cet ancien ministre, on pourrait tout au moins par respect, lui conseiller de s’en tenir à cela.
C’est un propos dangereux. Il ne faut pas ménager les mots. Face à l’alternance démocratique, Benoît Dègla a préféré la forme antidémocratique pour espérer maintenir son idole au pouvoir. Que Dieu nous en préserve. Et il faudra beaucoup prier pour exorciser ce mal qui hante certains Béninois. L’enjeu est national et chaque acteur y est convié expressément. En effet, l’actuel conseiller spécial à la sécurité du Chef de l’Etat a été désagréable le week-end écoulé. Reconnu pour ses déclarations fracassantes, il a étalé ses penchants antidémocratiques lors d’un meeting à Ouèssè. Selon lui, Yayi Boni ne doit pas partir en 2016. A l’entendre, l’actuel locataire de la Marina est un envoyé de Dieu qu’il faudra bien laisser diriger le Bénin après le 06 avril 2016.
L’ancien patron des flics béninois trouve qu’on peut violer la Constitution du 11 décembre 1990 pour permettre au président Yayi de s’éterniser au pouvoir. Un propos grave qu’on ne peut tolérer sous aucun prétexte tant il remet en cause une condition nécessaire à la consolidation de la démocratie, l’alternance politique. Et dans un Etat qui se veut démocratique, ces déclarations doivent être condamnées avec sévérité. Les partis de l’opposition et la Société civile devraient fustiger de telles déclarations qui font le lit à la dictature. Elles sont suffisamment graves pour être relayées par les médias sans être critiquées.
Et tout porte à croire que l’ancien ministre de l’Intérieur multiplie ses dérapages en fonction d’un plan secret élaboré par les caciques de l’actuel régime. Les agissements du Chef de l’Etat et de son proche entourage, agissements qui se sont révélés dans le cadre du débat sur la révision de la Constitution, prouvent qu’ils poursuivent des intérêts lugubres qui ne sont pas forcément en adéquation avec les aspirations du peuple. Et pour cela, les déclarations de Benoît Dègla ne doivent être prises à la légère.
Dègla mal inspiré…
A analyser ses déclarations de près, on a l’impression que Benoît Dègla veut servir le Chef plus qu’on lui en demande. Certains observateurs confient qu’il est simplement mal inspiré. En réalité, si les risques de maintien de Yayi au pouvoir au-delà de 2016 existent toujours, il est désormais difficile pour le Chef de l’Etat d’atteindre cet objectif à travers la révision de la Constitution. Au Parlement, une minorité de blocage s’agrandit de plus en plus pour barrer la voie à Yayi Boni et ses suppôts.
Les perspectives sont donc moins rassurantes pour le président de la République et toute la clique qui le soutient dans ce projet décrié. Une réalité qui fait affirmer à certains observateurs que l’ancien ministre Benoît Dègla ne vise que ses propres intérêts en tenant un propos aussi grave que ce qu’il a maladroitement lâché le week-end écoulé. Benoît Dègla veut faire feu de tout bois pour mériter davantage l’admiration du Chef de l’Etat et bénéficier de ses largesses.
Selon certaines indiscrétions, il vise toujours des postes politiques, notamment la direction générale du Port autonome de Cotonou. Et pour Benoît Dègla, il faut être plus royaliste que le roi au risque même de mettre en danger la démocratie béninoise afin d’obtenir ce poste que d’aucuns jugent, non sans indécence, juteux.
Coutumier du fait…
Benoît Dègla n’est pas à son premier coup. Ses ambitions politiques démesurées l’ont déjà poussé à commettre à la fin du mois d’octobre dernier des impairs dénoncés par certains députés. Les membres du groupe parlementaire « Refondation et émergence » ont désapprouvé jeudi 07 novembre 2013 les agissements de l’ancien ministre de l’Intérieur. Selon eux, en affirmant publiquement et ce, en présence du président Mathurin Nago, lundi 28 octobre 2013 « qu’aucun homme politique non originaire de Ouessè ouest ne vienne diviser les fils et filles de la localité en sollicitant des suffrages », Benoît Dègla a manqué de respect à l’autorité du président du Parlement et violé l’article 25 de la Constitution béninoise du 11 décembre 1990.
« Il a également mis à mal les principes fondamentaux relatifs aux libertés et à la paix », ont fustigé les députés. Benoît Dègla, faut-il rappeler, soutenait également le 28 octobre dernier des femmes et des jeunes qui scandaient des slogans hostiles au député Edmond Agoua. Il se conduit donc en maître de la Commune Ouessè et alimente une crise ouverte entre les membres de la famille Cauris de la région.
Ces comportements qui relèvent des choix d’un hors-la-loi constituent des menaces graves à l’unité nationale. Ils sont d’autant plus graves qu’ils émanent d’un ancien ministre de la République, qui plus est, un ministre de l’Intérieur. Benoît Dègla n’est pas un démocrate. Et il y a lieu de le dénoncer. Les intérêts personnels de quelques individus ne doivent pas mettre en danger la démocratie chèrement acquise. Il faut le condamner afin que ces mauvaises options ne servent d’exemple. La préservation de l’unité nationale et de la paix en dépend.