Le ministère de la Culture a engagé cette année, deux projets majeurs pour l’émergence du secteur artistique au Bénin. Il s’agit de l’aménagement de la route des pêches et la construction du Théâtre national. A cet effet, le ministre Jean-Michel Abimbola a accordé une interview à votre journal. Une interview dans laquelle, il revient sur ces deux chantiers vitaux susceptible de booster le développement touristique et culturel du Bénin…
Le Matinal : Le gouvernement a prévu un fonds pour la construction du Théâtre national. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Jean-Michel Abimbola : Je voudrais vous remercier de nous donner l’occasion de parler du grand théâtre du Bénin. Le gouvernement vient de marquer sa volonté à travers le projet du budget 2014. Donc dès 2014, les travaux vont démarrer. Là où nous sommes actuellement, je ne peux pas vous dire que ce sera dans tel mois puisque c’est un grand chantier. Nous avons déjà une étude de faisabilité et lancé les concours architecturaux. L’année prochaine, vous verrez émerger les premières fondations du grand théâtre du Bénin.
Peut-on connaître le montant du fonds alloué à la construction de cette infrastructure culturelle ?
Bien sûr. Le montant inscrit pour 2014, c’est un milliard. Si on inscrivait plus, peut-être qu’on n’aura pas le temps de consommer. Vous savez comment fonctionne le budget national. Si les diligences se faisaient en cours d’année, on ferait les démarches si nécessaire pour en avoir davantage. Mais on démarre avec ce qui a été prévu en conseil des ministres.
Avez-vous déjà identifié un site pour la construction ?
Il y avait un site qui avait été déjà identifié et compte tenu du fait que le projet accusait un peu de retard, l’espace a été utilisé en partie pour les tours administratives. Nous avons donc identifié un nouveau site qui sera dans l’emprise du programme de développement touristique de la route des pêches. Je peux vous dire que ce sera entre Fidjrossè et Togbin.
C’est un rêve des acteurs culturel béninois qui est en voie d’être concrétisé. Dans les prévisions architecturales, à quoi ressemblera ce grand Théâtre ?
Je voudrais d’abord vous dire qu’un pays tel que le nôtre doté d’un patrimoine culturel impressionnant ne dispose pas encore d’infrastructures de taille pouvant servir de cadre à l’expression des artistes. Et c’est vraiment préjudiciable. Donc le théâtre national va apporter un regain de créations artistiques. Cela va booster la créativité et l’économie culturelle. Il faut comprendre que le théâtre national est un lieu de vie où vous aurez des galeries pour la création, une autre galerie marchande, des lieux de résidences pour des artistes qui seront de passage. Ce sera une infrastructure impressionnante.
Et par rapport à la gestion de ces fonds là, quelles sont les dispositions que vous avez prises pour éviter les « gaps financiers » ?
Vous avez raison. C’est ma crainte également. Mais sachez que pour l’instant, ce risque n’existe pas parce qu’il s’agit du Pip qui est un programme d’investissement public. Ça veut dire qu’il va y avoir un contrat de marché avec des entreprises nationales ou internationales pour la construction de l’infrastructure. Donc à priori, si toutes les études sont bien faites, il n’y a pas de raison qu’on connaisse un déficit financier.
Par rapport au projet d’aménagement de la route des pêches qu’est-ce qui se passe réellement ?
Vous savez que c’est un vaste programme qui va se dérouler en plusieurs phases. Comme j’ai l’habitude de le dire, c’est un projet ambitieux qui donnera au Bénin 5000 chambres d’hôtels au moins 22000 emplois directs, 100 000 visiteurs par jour. Cela permettrait également de faire des aménagements touristiques principalement sur trois communes à savoir Cotonou, Abomey-Calavi et Ouidah.
Nous avons Djègbadji, Avlékété, Togbin, Fidrossè pour ne citer que ceux-là. Voilà là où nous allons ériger des infrastructures avec des thématiques différentes. Vous verrez des endroits où ce sera autour du sport, d’autres, des loisirs, de la culture. Donc c’est un programme d’aménagement qui va changer le visage de notre pays et qui lui permettra enfin de pouvoir tirer l’essentiel en matière de nos potentialités culturelles.
Et le processus de déguerpissement des populations. Pensez-vous que la commission en charge de cet aspect pourra parvenir à ses fins ?
Vous avez raison parce que c’est très délicat. Mais je peux vous dire que les populations autochtones sont unanimes pour le programme. Surtout avec ce programme, le gouvernement a fait l’option de préserver l’habitat. Ça veut dire que nous allons respecter l’habitat mais en améliorant. Les populations sont acquises à la cause mais il y a quelques personnes, des gens qui ont acheté des parcelles et là, nous avons mis en place une commission ad ‘hoc qui poursuit ses travaux.
C’est elle que vous voyez souvent sur le terrain. Dernièrement c’est vrai qu’il y a eu un malentendu mais ces populations sont revenues en de meilleurs sentiments lorsqu’elles ont compris le bien fondé de cette opération.
Tout cela est encadré d’abord par notre constitution et par un certain nombre de textes qui réglementent et informent sur le cadre légal par rapport au dédommagement. En ce moment, le comité recense tous les propriétaires terriens et les présumés propriétaires et c’est à la suite de ça que nous entrerons en négociation avec les uns et les autres pour entendre la façon dont on va les dédommager et le montant.
Donc c’est une tâche colossale mais je suis persuadé qu’on va y arriver même avec des tensions par endroits. Des conditions sont entrain d’être crées pour que nous puissions nous entendre. Je voudrais dire que dans les tout prochains jours, on va démarrer le bitumage des routes parce que quand on parle du projet, il y a deux volets : l’aménagement et la construction. L’emprise dans un premier temps, c’est 40 m de largeur.
On va d’abord commencer par bitumer 15 km. Il y a une requête qui va aboutir bientôt pour les 15 prochains kilomètres parce que nous irons entre Ouidah et Grand-Popo. En ce qui concerne les aménagements touristiques, l’emprise, c’est 42 km avec 100 m de largeur et 2 km et demi en fonction des zones.