Dans le cadre de la célébration de la journée internationale des langues maternelles, l’Institut international de recherche et de formation (INIREF) et l’Université d’Abomey-calavi ont conjointement animé un mini-colloque ce vendredi 21 février à l’amphi Houdégbé de l’Uac . Le thème général des débats était : « Intensifions la mobilisation pour l’instruction des populations du Bénin en leurs langues maternelles, en accordant une attention particulière aux langues transfrontalières ». L’initiative s’inscrit en droite ligne de la volonté des acteurs de l’Université d’Abomey-calavi et ceux de l’Institut international de recherche et de formation (INIREF), de promouvoir la diversité linguistique et culturelle, et insister sur l’importance du multilinguisme dans les sociétés africaines. Dans son mot de bienvenue, Florentine Agboton , Chef Adjoint du département des sciences du langage et de la communication, a souligné la nécessité d’intégrer les langues maternelles dans les programmes scolaires. » Célébrer les langues maternelles d’année en année n’a pas de prix », a-t-elle ajouté. A sa suite, Fulgence Afouda, Secrétaire général du comité d’organisation a levé un coin de voile sur l’historique de la journée internationale des langues maternelles. L’éminent professeur à la retraite reste optimiste quant à l’issue du colloque et affirme « J’espère que les recommandations issues des assises déboucheront sur des décisions concrètes dans le sens de faire des langues maternelles, des langues d’instruction et d’administration ». Le Secrétaire général de l’INIREF quant à lui, identifie la « langue » comme l’outil le plus puissant et le plus efficace pour apaiser les grands conflits internationaux. Il explique : « …le continent africain bouillonne de révolutions philosophiques par la mise en exergue du patriotisme, exigeant la fin de la domination culturelle, économique et militaire. L’école néocoloniale est à bout de souffle ». Autant de défis face auxquels la langue constitue la solution humaniste selon le Secrétaire général de l’Iniref. Les participants à ce mini-colloque ont eu droit à 12 communications, abordant diverses thématiques liées à la prédominance de la langue dans les rapports interhumains. Ces différentes communications ont été l’œuvre des professeurs Albert Gandonou, Julien Gbaguidi, Euloge Franck Akodjetin, Moufoutaou Adjeran, Géraud Ahouandjinou, Thomas Sodji, Hubert Idohou, Viviane Anagonou, Idrissou zimé Yerima, Ephrem Houalakoue, Félicité Kossouho et Auguste Takpe.
Quelques impressions à la fin de la célébration
Moïse Sèdjro, Sécrétaire Général de l’Iniref
”la question de la langue maternelle est une nécessité appelée au niveau national par rapport à laquelle malheureusement les autorités ne donnent pas l’importance qu’il faut. L’Iniref est une ONG. Elle ne gère pas la nation. Mais elle a des idées qu’elle traduit en programme, parfois politique et dans ce sens, nous avons pris des contacts au niveau de certains proches des gouvernants qui se sont illustrés à chaque mandat pour nous aider à envoyer les dossiers vers différentes institutions. On voit aujourd’hui le traitement qu’on donne à la nécessité de la langue maternelle dans l’enseignement,on voit comment les gens le traitent. On le traite comme du sabotage parce que tel que c’est fait, c’est pour enlever aux gens le goût même d’y revenir pour ceux qui seraient de bonne foi".
Pr Denis Sindété, membre de L’Iniref
A la fin de ce mini colloque, nous demandons aux étudiants qui sont dans ce haut lieu du savoir de s’approprier leurs choses et de faire la pression nécessaire pour que l’instruction publique soit dans les langues maternelles. En plus c’est la pression sur les pouvoirs publics pour qu’ils prennent une décision d’Etat suivi des moyens pour que l’instruction soit véritablement dans les langues maternelles parce que aucun peuple ne se développe sans l’enseignement dans les langues maternelles’’.
Propos recueillis par : Marina HOUNNOU (Coll.)