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Art et Culture

Rencontre littéraire: Le sens des vers avec Esther Doko

Publié le mardi 25 fevrier 2020  |  La Nation
Esther
© aCotonou.com par DR
Esther Doko, poète béninoise
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Par Babylas ATINKPAHOUN (Stag),
Esther Doko, poète béninoise, était face aux jeunes apprenants des lycées et collèges à l’Institut français de Cotonou, samedi 22 février dernier. Cette rencontre initiée dans le cadre de la présentation de son dernier recueil de poèmes intitulé ‘’Mémoires d’horizons’’ a permis des échanges fructueux sur la poésie.


La poète béninoise Esther Doko se donne pour défi de faire aimer la poésie à un grand nombre de Béninois. Raison pour laquelle elle multiplie, depuis quelques années, les œuvres poétiques accessibles à toutes les bourses. Après la parution en 2016 de son premier recueil intitulé ‘’Par la sueur de mon suaire’’, elle revient avec ‘’Mémoires d’horizons’’ présenté à l’occasion et qui est aussi un recueil de poèmes sensationnels.
Son éditeur Rodrigue Atchawé reconnaît la qualité des vers poétiques de l’ouvrage. « Esther est l’un des poètes les plus aigus et entreprenants de mon écurie », révèle-t-il. Pour lui, elle a réussi à mettre l’art poétique à un niveau différent de l’ordinaire et mérite à cet effet des encouragements.
Daté Atavito Barnabé-Akayi, enseignant et postfacier du recueil, va confirmer les qualités de la poète et préciser que le lecteur bien averti n’a pas besoin de lire l’entièreté d’un texte poétique avant de se faire une idée de son auteur. « Il suffit d’ouvrir le livre au hasard et les deux ou trois premiers vers rencontrés rendent compte de la qualité du poète », indique-t-il. Pour lui, Esther Doko fait de la poésie élevée et il ne serait pas étonné de la voir hors des frontières pour parler de la poésie béninoise.
De l’art accessible à celui hermétique qu’elle a côtoyé, Esther Doko explique le lien entre le slam et la poésie qu’elle fait actuellement. Selon ses explications, le slam est de la poésie orale sur un rythme scandé tandis que la poésie écrite est beaucoup plus stricte et peut être aussi déclamée comme le slam. « La barrière est assez mince », souligne-t-elle. A l’en croire, elle s’est consacrée au début de sa carrière poétique au slam qu’elle délaisse peu à peu au profit de la poésie proprement dite.


La poésie dans tout son sens

« On ne comprend pas la poésie mais on la ressent », affirme la poète Esther Doko pour répondre à ceux qui posent le problème de compréhension des textes poétiques. Elle poursuit qu’il s’agit d’un genre qui permet de s’évader sans être compris. La compréhension, souvent recommandée avec les autres genres littéraires, n’est pas la même chose avec la poésie. Pour Esther Doko, le lecteur a la latitude d’avoir différents sentiments dans sa lecture et d’explorer divers horizons.
« C’est un cocktail d’émotion et d’imaginaire », va-t-elle préciser. Dans ce sens, elle demande aux lecteurs de ne pas chercher à en comprendre le sens au risque de se perdre dans la lecture ou de donner un sens en déphasage avec l’esprit de l’écrivain. Dès lors, on comprend que le lecteur doit éviter de rester dans la logique des mots mais plutôt libérer son esprit et laisser les mots le porter. « Ce n’est pas compréhensible, ressentez-la », insiste-t-elle. Et à Daté Atavito Barnabé-Akayi d’ajouter que ceux qui disent ne pas comprendre les poètes refusent plutôt de les comprendre. «Parce que la vérité est que le poète qui prend sa plume et écrit ne comprend pas lui-même son texte. Mais comment celui qui le lit peut avoir l’audace d’affirmer qu’il a compris ?», questionne-t-il pour montrer qu’effectivement, les textes poétiques sont incompréhensibles mais se vivent.
Jérôme Tossavi, également poète et modérateur de la rencontre, va insister sur le minimum de bagage à avoir dont la maitrise de certaines figures de style pour savoir aller au-delà des mots.
« C’est pourquoi les poètes ont du mal à avoir un lectorat fidèle », informe-t-il.
Quant à Bruno Ahossi, poète et conseiller pédagogique, il va donner quelques pistes sur comment faire aimer la poésie aux apprenants, étant donné qu’ils s’y intéressent de moins en moins. Il propose que les enseignants prennent ce genre littéraire à bras le corps et initient des séances d’échanges avec les apprenants sur des textes poétiques.

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