Le dérapage verbal observé au niveau du ministre Aboubacar Yaya n’est pas un phénomène nouveau mais un mal profond entretenu. C’est du moins la perception qu’en fait le président Daniel Edah qui profite de la situation de Parakou pour inviter tous les béninois à combattre le phénomène.
Dans un post sur sa plateforme digitale de prédilection, l’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2016, le président Daniel Edah, est revenu sur les propos du ministre Aboubacar Yaya à l’endroit de la Communauté de Somba. En effet, selon lui, ces propos xénophobes, au-delà d’un acte isolé ou d’une lutte politique partisane, n’est pas un phénomène nouveau, mais l’illustration d’un mal profond longtemps entretenu ou ignoré dans le pays, en l’absence des réseaux sociaux pour le dénoncer et faute de victimes suffisamment révoltées et en position de pouvoir, pour faire plier les coupables. « C’est un mal qui entrave l’unité nationale et la construction d’une véritable nation béninoise, un mal que nous devons tous combattre et dont nous devons tous ensemble guérir.« , indique-t-il.
En dehors des qualificatifs peu valorisants souvent utilisés par certains pour désigner leurs compatriotes d’autres régions ou ethnies, je me souviens qu’en 1996 lors de la présidentielle, alors qu’il était en campagne dans le fief d’un de ses challengers du premier tour qui était Adja, le Président de la République Candidat à sa propre succession avait malheureusement déclaré en langue mina ce qui suit : « Adjato la douga, mêkê la déagbléo« , ce qui signifie en français: « qui cultiverait la terre si l’Adja devient Président ? », donne-t-il en témoignage. Des propos qui à ses dires l’avaient personnellement blessés. « J’étais choqué et révolté mais je ne pouvais manifestement rien faire et les aînés Adja politiquement plus engagés n’avaient pu, eux aussi, rien faire. Ma fierté de jeune leader Adjavi s’en trouva affectée mais au lieu de répondre par un repli identitaire qui conforterait l’esprit du dérapage du président candidat, je redoublai plutôt d’effort dans la campagne électorale pour la victoire au second tour de mon Candidat », précise-t-il.
Des félicitations à ceux qui ont décrié le phénomène
Dans l’intérêt supérieur de la nation, suggère Daniel Edah, nous devons pouvoir nous élever au-dessus des considérations ethniques pour élire, nommer, promouvoir, soutenir ou nous associer à tout candidat politique ou cadre d’une autre ethnie que nous jugeons réunir, à un moment donné, l’intégrité, l’intelligence et l’énergie nécessaires à l’occupation d’une position publique pour le relèvement de nos défis du moment. Contrairement au silence relatif observé en 1996, poursuit-il, la levée de boucliers en 2020 à travers tout le pays contre ce dérapage jusqu’à amener l’ancien ministre Yaya à présenter des excuses est un motif de fierté nationale et l’illustration de l’éveil collectif contre le régionalisme et l’ethnocentrisme.
Aussi, félicite-t-il les lanceurs d’alerte qui ont provoqué les vives réprobations. Il invite dans le même temps les compatriotes Somba et toutes les victimes directes des propos du ministre Yaya à lui pardonner et à ne pas baisser les bras dans leur contribution nécessaire pour faire de Parakou une grande ville moderne, économiquement prospère et socialement stable. « Ce qui vient de se passer à Parakou alerte sur l’urgence de nous mobiliser contre le régionalisme politique, contre les règlements de compte entre ethnies et d’œuvrer plutôt ensemble pour une gouvernance inclusive en vue de la construction d’une vraie nation béninoise », sans exclusion, conclut-il.