Ce lundi 24 février 2020, cela fait deux mois que le journaliste Ignace Sossou a été condamné à 18 mois de prison ferme et 200 mille fcfa d’amende. Cette condamnation fait suite à une plainte du procureur Mario Mètonou qui estime que le journaliste a sorti ses propos, tenus lors d’un séminaire organisé par CFI, de leur contexte et de les avoir publié sur les réseaux sociaux. 60 jours après cette condamnation contestée à travers le monde, le journaliste est toujours en attente d’un procès en appel.
Condamné à 18 mois de prison ferme, Ignace Sossou entame son troisième mois en détention sans connaître la date de son procès en appel. En effet, n’étant pas satisfait du verdict rendu en première instance, au tribunal de Cotonou le 24 décembre 2019, le journaliste et ses avocats ont décidé d’interjeter appel de la décision qui le condamne à 18 mois de prison ferme et 200 mille fcfa d’amende.
Jusqu’à l’heure où nous mettons sous presse, le processus enclenché dans le cadre de l’appel ne connaît pas l’évolution attendue. Aux dernières nouvelles, l’une des pièces maîtresses du dossier ne serait pas encore disponible. Il s’agit de la décision du jugement rendu en première en instance qui jusque là ne serait pas encore dans les mains des avocats du journaliste. Convaincu qu’il ne mérite pas cette lourde sanction qui lui est infligée, Ignace Sossou attend sereinement la programmation du procès en appel pour défendre sa position devant les juges de la Cour d’appel de Cotonou.
Emprisonné, mais la tête haute
Incarcéré depuis décembre 2019, le journaliste Ignace Sossou ne faiblit pas dans son choix de bien faire son travail. Il continue de défendre sa conviction d’avoir simplement fait son travail d’informateur. Il garde la tête haute, et reste confiant que justice sera faite. En tous cas, deux mois après son emprisonnement, il n’a pas encore baissé les bras. La seule chose qu’il réclame, c’est d’avoir droit à une justice équitable, afin que la vérité triomphe.
Retour sur les faits reprochés à Ignace Sossou
Le journaliste a relayé sur les réseaux sociaux des propos du procureur en live-tweet lors d’un séminaire organisé à Cotonou par CFI. Il sera par la suite accusé d’avoir sorti les propos de leur contexte. Un acte qualifié de « harcèlement » par l’accusation qui soutient que le journaliste en agissant ainsi a causé une détresse émotionnelle au plaignant. Le tribunal s’est alors basé sur le code du numérique pour condamner le journaliste à 18 mois de prison et une amende de 200 mille fcfa.
Malheureusement, à l’éclatement de l’affaire, CFI a pris ses distances vis-à-vis du journaliste qui participait aussi au séminaire. Elle ira d’ailleurs plus loin en envoyant un courrier aux autorités béninoises pour plonger le journaliste Ignace Sossou.
CFI, l’éthique du cynisme et de la trahison
CFI, bras armé de l’aide française aux médias du monde entier, porte une responsabilité historique écrasante dans l’échafaudage du deal qui jette Ignace Sossou en prison. Son courrier incendiaire, dégradant et insultant, gracieusement offert au ministre de la Justice du Bénin pour tailler en pièce notre jeune confrère, est dans la catégorie de ce qui se fait de pire en matière d’éthique, note Momar DIENG, Journaliste-Reporter, Directeur-fondateur de www.impact.sn et Membre du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) dont Ignace Sossou est également membre.
Dévastateur et cynique, poursuit ce dernier, son contenu a été la base argumentaire essentielle du parquet autant pour discréditer notre confrère aux yeux de ses pairs et du public que pour justifier le caractère impératif d’une très lourde sentence contre le prévenu afin que nul autre ne se hasarde plus à «sortir de leur contexte» les propos d’un démiurge de la République.
Une justification laconique
Acculé de questions, un de ses responsables s’incline avec une franchise admirable : «(le courrier) n’était destiné qu’au ministère (ndlr : de la Justice du Bénin) afin de protéger notre partenaire média qui avait fait venir le procureur au Forum et éviter une escalade de la situation…» Aveu sans appel. CFI revendique l’attentat contre Ignace Sossou et passe à autre chose, pestant mollement contre le sort infligé à notre confrère par une justice expéditive… Hypocrisie.
Après une série de communiqué parfois contradictoire, l’institution « très française » d’aide au médias finira par reconnaître publiquement son rôle joué dans la condamnation du confrère et renvoie un autre courrier au ministre de la justice, Sévérin Quenum, qui cette fois-ci, a méconnu l’adresse de ces chiens de garde, relayeurs sur les réseaux sociaux.