En matière de danse traditionnelle, une des grandes fiertés du Bénin reste le groupe Ankouamon, basé à Parakou. Malgré le poids de l’âge, il s’est assigné comme défi la valorisation du Têkê.
Le Têkê est une des danses traditionnelles qui font la fierté du Bénin. A travers sa spécificité et sa diversité, il requiert tout un savoir-faire. Grâce à sa maîtrise et la pratique qu’il en fait au quotidien, le groupe Ankouamon a réussi à se forger une notoriété sur les plans national et international. A chacune de ses sorties, il ne cesse d’apporter de la valeur ajoutée à cette danse.
La grande attraction du groupe demeure Abdoulaye Mama Gogué. A sa tête depuis près de 33 ans, il a toujours marqué les esprits à chacune de ses apparitions en public. Septuagénaire, l’homme continue de sentir et de vivre le Têkê sur scène. « Mon grand Sabi. Ici, c’est Parakou », laisse-t-il échapper par intermittence, au cours des prestations de son groupe, à la grande joie de l’assistance. Des émules, il en a également fait. Mais un jour, qui parmi eux saura le remplacer valablement? C’est la question que se posent la plupart des observateurs à Parakou.
Le groupe, confie le vieux Abdoulaye Mama Gogué, a vu le jour en 1982. Avant lui, ce sont son grand-père et son père qui avaient déjà pris par là. « Nous travaillons pour la promotion de la danse Tèkè et la préservation de tout ce qui fait la valeur de la culture Baatonu», explique-t-il. « Dans l’accomplissement de cette mission, le groupe a beaucoup voyagé », se réjouit-il.
Ce qui différencie le Têkê du groupe Ankouamon de celui pratiqué par les autres, c’est qu’il essaie de l’adapter aux réalités actuelles, tout en veillant à la sauvegarde de son originalité et de son authenticité. « Nous y avions apporté beaucoup de retouches. Il m’arrive souvent de crier et de citer les noms des personnalités présentes. Ce sont des touches personnelles », soutient le septuagénaire.
Ce qui réunit les 18 membres, danseurs et accompagnateurs, qui composent le groupe, c’est la passion que chacun d’eux a pour le Têkê. Si leur chef est un cultivateur, ils sont pour la plupart des ferrailleurs, des maçons, des menuisiers et des tailleurs. Ainsi, lorsqu’ils ne sont pas sollicités pour une prestation, ils sont occupés par leurs activités. « Nous arrivons à concilier les deux », rassure Abdoulaye Mama Gogué.
Les membres du groupe s’entraînent les samedis et dimanches. Ils se rendent disponibles en laissant leur travail. «C’est surtout une question de programmation », se défend leur chef. « Pour la confection de nos tenues, les bonnes volontés nous viennent en aide souvent», poursuit-il.
En termes de trophées ou de récompenses, le groupe en a remporté un certain nombre. C’est le trophée ramené du Venezuela qui a le plus marqué le vieux Abdoulaye Mama Gogué. «Avec le nombre que nous constituons, notre groupe a connu de très bons moments. Nous avons connu également des difficutés. Les mauvais moments vécus, je préfère ne pas les évoquer », tranche-t-il.
En dehors du Venezuela, le groupe s’est déjà produit en Turquie, au Gabon, au Niger, en France, en Côte d’Ivoire, au Nigeria, pour ne citer que ces pays. Grâce à son mérite, il espère avoir été l’un des meilleurs ambassadeurs du pays à l’étranger. Aussi, Abdoulaye Mama Gogué encourage-t-il d’autres groupes à oeuvrer comme Ankuamon, à préserver l’originalité du Têkê en tant que l’une des valeurs de l’aire culturelle Baatonu.