Par Thibaud C. NAGNONHOU, A/R Ouémé-Plateau,
Le parquet spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) a donné ce mardi de nouvelles orientations aux unités spécialisées de police sous sa compétence pour plus d’efficacité dans la lutte contre la délinquance économique et financière ainsi que le terrorisme. C’est à la faveur de sa réunion de commandement au titre de 2020 élargie aux représentants des réseaux Gsm qui s’est tenue au siège de la juridiction à Porto-Novo.
Plusieurs secteurs d’activités sont dans le viseur du parquet spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet). Au nombre de ceux-ci, il y a les gares routières et les marchés, notamment celui de Sèmè-Okoun dans la commune de Sèmè-Podji. Ces milieux sont suspectés en effet comme étant des nids de corruption où des millions de francs Cfa sont détournés. Ainsi, plus de dix plaintes contre des gares routières sont enregistrées au niveau de la Criet. Le parquet spécial de la Criet a décidé alors de prendre ses responsabilités. Le parquet spécial près la Criet entend également se tourner vers les établissements scolaires et les universités privées et leurs alentours. Il est constaté ici que des drogues circulent allègrement et sont même vendues aux enfants à travers les aliments qu’ils consomment. Le procureur spécial près la Criet, Gilbert Ulrich Togbonon, veut s’intéresser à ce qui passe de ce côté pour y mettre de l’ordre. Il a donné ce mardi des instructions fermes aux Officiers de police judiciaire des unités spécialisées de la Police républicaine sous ses ordres pour la réussite de cette lutte à la faveur de sa traditionnelle réunion trimestrielle de commandement, la première au titre de l’année 2020. La Brigade criminelle a été invitée à faire œuvre de salubrité publique pour aider la Brigade économique et financière (Bef) dans cette mission d’assainissement des finances au niveau des gares routières sur l’ensemble du territoire national, des marchés et autres où des sommes colossales sont détournées au quotidien. Cette lutte sera menée dans une démarche pédagogique. L’accent sera mis d’abord sur la sensibilisation des acteurs concernés pour les amener à avoir un bon comportement. Ce n’est qu’après que suivra la répression.
L’enquête va vite
La rencontre de ce mardi a connu la présence des officiers des unités spécialisées de Police qui s’occupent des enquêtes au niveau de la Criet. Notamment la Brigade économique et financière (Bef), la Brigade criminelle (Bc), l’Office central de répression de la cybercriminalité (Ocrc), l’Office central de répression de trafic illicite de drogue et précurseurs (Ocertid), l’Interpol. Chacune de ces unités a fait, tour à tour, au parquet spécial de la Criet, le point de ses activités au titre du dernier trimestre écoulé en termes notamment de nombre de plaintes enregistrées, de nombre de procédures déférées devant la justice, de nombre de personnes placées sous mandat de dépôt et de nombre de personnes condamnées. Les Officiers de police judiciaire ont également fait le point des réquisitions au niveau des réseaux de téléphonie mobile Mtn et Moov dans le cadre des investigations pour la recherche de la preuve relative à certaines infractions commises par le biais des Gsm. La police a déploré ici l’existence de plusieurs cartes Sim frauduleusement enregistrées et qui sont en circulation. Ce qui ne facilite pas les enquêtes concernant les infractions via l’Internet, les Mobile money et autres avec leurs corollaires de blanchiment de capitaux. Les opérateurs Gsm ont été invités à plus de coopération pour revoir leur système d’enregistrement des cartes Sim si possible aller jusqu’à l’enregistrement des empreintes digitales pour plus de traçabilité dans les opérations. Il a été proposé aux Gsm de détecter et de désactiver les cartes Sim frauduleusement enregistrées parfois avec la complicité de certains agents des sociétés Gsm. Les représentants des réseaux de téléphonie mobile ont montré toute leur détermination à coopérer pour ne pas faire obstruction à la justice. Toutefois, ils ont fait part de leurs difficultés, notamment le nombre trop élevé des réquisitions qu’ils reçoivent allant jusqu’à une centaine par jour. Alors que leur système technique ne leur permet pas d’aller à ce taux de traitement des réquisitions par jour.
La réunion de commandement a permis aux deux parties d’échanger et de se comprendre pour une meilleure collaboration afin de faciliter le retour des réquisitions dans un délai raisonnable. Car, ça va vite en matière d’enquête.
La rencontre a connu également la participation du greffier en chef près la Criet, Léon Adjado.
Celui-ci a fait le point de la gestion des scellés au niveau de ladite juridiction. Le procureur spécial près la Criet qui était assisté de son deuxième substitut, Edwige Aklou Tangni, a saisi l’occasion de cette réunion pour partager avec les unités de Police le contenu de la nouvelle loi sur la Criet récemment adoptée par le Parlement et en attente de promulgation.