Déjà plus de 6 mois que le Nigéria a décidé unilatéralement de fermer ses frontières terrestres afin de lutter contre les activités de contrebande, de trafic et d’insécurité. Une situation qui a de lourdes conséquences économiques sur les pays voisins et impacte la vie des populations. L’émission interactive ‘’Appels sur l’actualité’’ de RFI animée par Juan Gomez ce jeudi 05 mars 2020 s’est intéressée à la question.
Depuis le 20 août 2020, le Nigéria a fermé ses frontières terrestres avec le Bénin. La raison officielle annoncée est la lutte contre les activités massives de contrebande, notamment de riz, opérées sur ce corridor. Cette situation représenterait une menace pour la politique d’autosuffisance alimentaire mise en place par le gouvernement d’Abuja. Les pays voisins : le Niger, le Tchad, le Cameroun et le Bénin ont été touchés économiquement par cette mesure. Les conséquences sont aussi énormes pour les opérateurs économiques de la région.
Selon un auditeur de RFI appelant de Cotonou, les activités des grands commerçants du Bénin qui vendent les produits du Nigéria sur le marché béninois ou ceux importés d’Europe, d’Asie ou d’Amérique du Sud sont à l’arrêt.
La fermeture des frontières nigérianes constitue un « grand manque à gagner pour l’Etat béninois » et un drame dans les ménages.
Aussi, les prix des produits de première nécessité ont-ils augmenté dans le pays et beaucoup de personnes sont au chômage depuis des mois. Les pièces détachées qui viennent du Nigéria sont devenues rares et très chères.
« Des milliers de Béninois sont au chômage parce qu’ils travaillent tous autour de la réexportation du riz vers le Nigéria », a-t-il déclaré.
« Je fais partie de ces milliers de personnes au chômage à cause de la fermeture de la frontière. Les sociétés de transit sont en faillite, beaucoup ont déjà mis la clé sous la porte. Ici au Bénin, personne n’est épargnée », a confié un internaute de RFI.
Pour un autre auditeur, la fermeture des frontières nigérianes est peut être une opportunité pour le Bénin puisque les produits du pays exportés vers le Nigéria ne seront plus rares et chers sur le territoire béninois. « La fermeture a permis de retrouver ces produits Made in Bénin (Fabriqué au Bénin, Ndlr) et ça amène la population à consommer local », justifie-t-il. L’appelant se dit satisfait de la manière dont les autorités béninoises gèrent la situation.
D’après Emmanuel, un Nigérian-Béninois vivant à Lagos, la contrebande continue malgré la fermeture des frontières. Certes, le riz de contrebande est plus rare mais, il y en a toujours sur le marché et vendu à 400 naira le kilo. Les populations consomment désormais le riz local même s’il n’est pas de bonne qualité.
Un transitaire de Kraké confirme qu’il n’y a pas plus de mouvement à la frontière depuis des mois.
Le Nigéria met en mal les efforts des organisations sous-régionales
D’après un autre intervenant, le Nigéria en prenant cette initiative met en mal les efforts des organisations sous-régionales en terme de promotion de la libre circulation des biens.
Abraham qui travaillait dans une société de transport est au chômage depuis 4 mois. « C’est difficile à expliquer quand on a un emploi et du jour au lendemain on se retrouve à la maison », se plaint-il.
« On ne peut pas comprendre qu’un pays fasse partie de la CEDEAO, qui milite pour la libre circulation des biens et des personnes et que depuis 6 mois la frontière soit fermée. C’est incompréhensible », déplore un auditeur.