Propagande déguisée à la veille des communales Orounla : le tour du Bénin, et après ?

Publié le mardi 10 mars 2020 | Matin libre

© RFI par Carine Frenk
Alain Orounla, porte-parole du gouvernement béninois.

Plusieurs semaines déjà que le ministre de la communication, Alain Orounla fait le tour des départements du Bénin à la rencontre des Béninoises et Béninois à la base. Pour contourner les textes électoraux, notamment le code électoral qui interdit l’utilisation des attributs, biens ou moyens de l’Etat à des fins de propagande pouvant influencer ou tenter d’influencer le vote, comme c’est d’ailleurs le cas actuellement à quelques deux mois des communales du 17 mai 2020, l’initiative a dû être baptisée « Gouvernement au contact de la population ».

Le Gcp vient juste après la création du Gfp, le « Gouvernement face à la presse ». Quelle ingéniosité ! Comme si les explications par quinzaine du ministre, relayées par les différents médias et canaux de communication au profit de la population ne suffisaient pas. Il fallait donc inventer ces descentes et leur donner un contenu. Après quatre ans de gouvernance, le gouvernement veut soigner la normo communication qui, en réalité, n’en était plus une. Evidemment, des réalisations pointent le nez et l’on estime qu’on peut aller maintenant mieux parler du Programme d’action du gouvernement (Pag) et du président Patrice Talon à la base. Dans ses accoutrements purement traditionnels, le ministre Orounla, appuyé souvent par le maire et des fils et filles acteurs politiques de la localité visitée, fait bien le job avec dévouement et la verve qu’on lui connaît. Microcrédits, Asphaltage, Eau potable, Electricité, bref tous les secteurs vitaux sont passés en revue à ces rencontres avec les réalisations vantées et des perspectives dévoilées. L’objectif n’étant pas d’aller exposer aux populations les contre-performances enregistrées quant à certaines libertés fondamentales à elles ôtées ou quant aux législatives non inclusives organisées sous la Rupture en avril 2019, avec leurs lots d’échauffourées et de pertes en vies humaines, nous nous focaliserons donc sur les acquis ou actifs que Alain Orounla et sa suite vont vendre aux hommes et aux femmes des contrées du pays au point d’en susciter leur adhésion au Pag. Si l’on s’en tient aux éléments rapportés par la presse, il a fallu ce Gcp pour que Bantè, Savè, Tchaourou et bien d’autres localités imperméables depuis 2016 tombent dans l’escarcelle de la Rupture et fassent bloc derrière Talon. Fait réel ou effet de communication ? Il y a lieu que non seulement le chef de l’Etat soit situé, mais aussi les plus sceptiques.

Le Gcp, et après ?

Si l’on considère le porte-parole du gouvernement, Alain Orounla comme un enseignant qui est allé dérouler la matière qu’il enseigne à ses élèves ou étudiants, la logique voudrait que qu’après exécution de son quota horaire, il évalue ses apprenants pour voir s’ils ont maîtrisé et adopté le cours. Une telle évaluation pourrait permettre de savoir si les populations pour lesquelles le gouvernement de Patrice Talon travaille sont en phase avec ce qui se fait et la façon dont cela se fait. Et pour l’épreuve d’évaluation qui restera deux ou trois sujets au choix, quoi mieux qu’une élection inclusive et transparente est indiquée ? Le Gcp, oui avec tout cela induit comme ressources mobilisées et utilisées. Mais les prochaines communales auraient été un bon miroir pour Alain Orounla et tout le gouvernement si le scrutin pouvait être mieux organisé que le piteux scénario vécu il y a à peine un an, lors des législatives.

Mike MAHOUNA

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