Et de trois pour le Conseil national des chargeurs du Bénin (Cncb). Depuis hier, Alimatou Badarou n’est plus la directrice générale du Cncb. Elle a été suspendue de ses fonctions par l’autorité de tutelle, le ministre Hervé Hêhomey, aux motifs de mauvaise gouvernance et refus d’obéissance hiérarchique. Ainsi, après Antoine Dayori, Bruno Kangni, c’est le tour d’Alimatou Badarou. En quatre ans, cette société d’Etat aura connu trois directeurs généraux. Mais, vraisemblablement, aucun d’eux n’aurait réussi à combler les attentes.
Nommé en Mai 2016 à la tête du Cncb, Antoine Dayori a été suspendu de ses fonctions le 17 juillet 2017 pour « légèreté blâmable dans la prise des mesures conséquentes exigées par la décision du conseil des ministres en sa séance du mercredi 30 juin 2016, confiant la gestion du Bordereau Electronique de Suivi des Cargaisons (BESC) au Port Autonome de Cotonou ». Après les démêlés avec la justice, il a été finalement remplacé en décembre 2017 par Bruno Kangni. Ce dernier sera, à son tour, remercié au conseil des ministres du 29 octobre 2019, lequel acta, par la même occasion, la nomination de Alimatou Badarou. Pour Bruno Kangni, les raisons de son limogeage n’avaient pas été explicitement évoquées. Mais, en son temps, les informations avaient fait état d’un rapport d’audit du Bai portant sur des malversations financières. Si on s’en tient aux motifs évoqués pour le cas de Alimatou Badarou, on peut donc déduire que c’est le même problème de gouvernance, depuis Antoine Dayori, qui continue d’être la source de l’instabilité à la tête du Cncb. Dès lors, on se demande si le problème se trouve au niveau du cahier de charges des directeurs ou ce sont les directeurs qui n’arrivent pas à bien cerner ce qu’on attendait d’eux. De toutes les façons, cet énième limogeage remet sur le tapis la nécessité de pourvoir au poste de responsabilité par appel à candidatures. C’était une promesse du candidat Patrice Talon, mais qui a du mal à se concrétiser depuis quatre ans. Les Béninois ont fini par se convaincre que l’élaboration d’un fichier national de cadres n’est plus une priorité pour le gouvernement. Patrice Talon a dû se rendre à l’évidence qu’une telle réforme, c’est la porte ouverte à trop d’indépendance. Les cadres nommés pourraient échapper au contrôle de l’exécutif. Seulement, au Cncb, cela pourrait être la solution. Car, visiblement, le gouvernement peine à trouver l’oiseau rare.