Par Josué F. MEHOUENOU,
La onzième édition du Marché des arts du spectacle d’Abidjan (Masa) inaugure l’ère de la magie avec le Béninois
Thibaut Adotanou. C’est la première fois que le Masa reçoit un magicien et, à l’occasion, le prestidigitateur béninois y est allé de mains fortes devant un public médusé.
Prester au cours du Marché des arts du spectacle d’Abidjan (Masa) constituait un triple défi pour le Béninois Thibaut Adotanou. Il lui fallait prouver que cet art a sa place sur le marché, être à la hauteur des attentes et surtout combler le rêve du public qui voulait se convaincre qu’un Africain est capable de faire la magie comme on en voit ailleurs.
Pour cette première, salle comble. Pas une seule place inoccupée sur les 4500 de la salle Anoumabo. Bien au contraire, les ailes et allées étaient aussi occupées. Quelque 6000 spectateurs, révèleront plus tard les statistiques du Masa. Ce public majoritairement jeune, composé d’élèves et d’étudiants, s’impatientait de voir le magicien. Il ne se fera pas prier. Fière allure, sourire au point, l’illusionniste béninois épate dès ses premiers tours. Il fait disparaître un poste radio et bien d’autres objets, en avale certains qu’on ne reverra plus. Les cris de joie et d’admiration du public laissent très vite place à un calme plat. Thibaut n’avait pas fini de surprendre. A une jeune fille choisie au hasard dans le public, il fait avaler un verre d’eau en posant le contenant sur la tête. Quelques secondes plus tard, il fait ressortir une quantité plus importante d’eau en priant la jeune élève d’appuyer sur son coude gauche. Ovations, étonnement. Mais les autres tours du magicien vont définitivement convaincre sur ses capacités, surtout lorsqu’il fera disparaître une jeune fille dans une boîte, montre la boîte vide, tirant ensuite la tenue portée par la jeune fille avant de la faire réapparaitre dans une autre tenue.
Pendant un quart d’heure, Thibaut enchaîne les tours. Mais le temps joue contre lui. Son show d’une heure est réduit à un quart d’heure. Il ne peut aller plus loin devant un public qui en redemandait. Pour clore sa prestation, la première d’un magicien au Masa, il sollicite une spectatrice qu’il fait coucher en entier dans une longue caisse. Celle-ci sera ensuite découpée en deux. D’un côté, une partie du corps de la jeune fille et de l’autre, ses pieds. La salle exulte. Les spectateurs crient. Entre cris, émotion et peur, pendant ce temps, le magicien lui esquisse des pas de danse sur scène. Puis, remet en place les deux morceaux de caisse d’où il fera sortir, sourire éclatant, la demoiselle. Fin de spectacle pour Thibaut Adotanou qui prend congé du public en se livrant à un petit tour au milieu des élèves. Chacun voulait le toucher, s’assurer qu’il s’agit bien d’un homme.
Emerveillé !
« Je suis émerveillé de voir ma scène remplie. Depuis le début du Masa, on n’a jamais vu un public si important », note-il à la fin de sa prestation. « J’ai fait de grandes illusions, de la prestidigitation, du transformisme », explique-t-il. Objectif atteint ? «Oui, dira-t-il tout simplement, car la force de la magie, c’est de rendre possible ce qui paraît impossible, transformer, faire apparaître, faire disparaître, défier la nature…, laisse-t-il entendre. Des défis, il en avait vraiment eu et le reconnait si bien. « Pour la plupart des gens, le Bénin, c’est un pays de magie, surtout avec le
Zangbéto ».
A l’endroit des autres magiciens qui viendraient à se produire sur les futures scènes du Masa, Thibaut Adotanou lance un défi, celui de réussir une telle mobilisation en termes de public. « Mon objectif a toujours été clair. Sur toutes les scènes où je passerais, aucun autre magicien ne pourra passer et faire mieux que moi. C’est dans cet objectif que chaque fois sur scène, je donne le meilleur de moi-même», indique le magicien. A ceux qui pensaient qu’une telle magie était réservée uniquement aux «magiciens d’ailleurs », il répond que les meilleurs magiciens au monde se trouvent en Afrique, en commençant par le Bénin avec le Zangbéto. « Dans dix ans, si vous voyez un magicien ici faire mieux que moi, je reviendrai le défier », lance pour finir le trompeur de vigilance.