Par le truchement d’un communiqué signé hier, mardi 17 mars 2020, l’aile dure du parti Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) accuse le camp Paul Hounkpè de n’avoir pas respecté au dernier moment, les conclusions issues de la séance de réconciliation de Parakou. Ceci, en ce qui concerne entre autres, la préparation collégiale par les deux courants du parti, des élections communales et municipales prochaines. Si cette nouvelle dénonciation vient expliquer l’absence de ces frondeurs à la Commission électorale nationale autonome (Cena), elle risque aussi d’impacter négativement le parti, dans la suite du processus électoral.
La guéguerre ne finit définitivement pas chez les Cauris. Alors que les deux ailes du parti ont dernièrement annoncé pêle-mêle la fin définitive de leur opposition interne, beaucoup pensaient que la fronde était définitivement finie. La fameuse séance de réconciliation de Parakou qui avait réuni à cet effet les deux ailes du parti était considérée, à tort ou à raison, par les concernés, comme une panacée. Ainsi, de la conception des dossiers de candidatures du parti en passant par les positionnements sur la liste, dans le cadre des prochaines communales et municipales, plus aucune contestation officielle n’a plus été soulevée des deux côtés. Du moins, jusqu’au soir du dépôt de ces dossiers à la Cena, où un constat majeur a été observé dans le rang de cette formation politique de l’Opposition. Alors que l’on s’attendait à la présence des deux ailes au siège de la Commission électorale pour confirmer une fois de plus cette supposée union retrouvée, c’est plutôt Paul Hounkpè et ses lieutenants, qui s’y sont uniquement rendus. Cette absence curieuse de l’aile dure du parti à cette grande occasion du processus électoral en cours, était déjà la preuve que le calumet de la paix a été mal fumé. Un soupçon que vient ainsi confirmer Nourénou Atchadé, à travers son communiqué. « (…) Les travaux au sein du comité et des sous-comités créés après la rencontre de Parakou, ont connu d’énormes difficultés, en l’occurrence le défaut de transparence qui les a caractérisés. La cellule informatique contrôlée par le groupe Hounkpè a été verrouillée et finalement déplacée à quelques heures du dépôt des dossiers à un endroit inconnu jusqu’à ce jour. Dans le cadre de la sélection des candidats de notre parti, il a été convenu au Bureau Politique et validé par la réunion du Bureau Exécutif National du 06 février 2020 que c’est dans les arrondissements que les choix et positionnements se feront de façon consensuelle. Mais force est de constater que dans la majeure partie des cinq cent quarante-six (546) circonscriptions électorales que compte le Bénin, dans le cadre de ces élections municipales et communales, les candidatures des structures officielles de notre famille politique ont été mises de côté au profit de celles récoltées par des personnes étrangères au parti ; ceci surtout dans la zone méridionale du pays. Comme vous l’avez certainement remarqué, contrairement à l’engagement pris à Parakou par les deux ailes opposées, de procéder ensemble à la finalisation et au dépôt de la liste de candidature de notre parti à la Cena, le camp Hounkpè a rusé, feignant un défaut de matériel adéquat au niveau de la cellule informatique, pour aller imprimer la liste hors des locaux de ladite cellule. Ainsi, ils se sont retirés, l’un après l’autre, pour se retrouver, où ? Bien malin qui saura le dire. Ce n’est qu’après plus de trois (03) heures d’horloge de leur départ furtif des locaux abritant la cellule informatique où certains membres du Comité National de Candidature et des militants les attendaient, qu’à travers les médias et réseaux sociaux nous avons réalisé que nos camarades sont déjà à la Cena (…) », a-t-il donc dénoncé, dans le communiqué. Dès lors, l’absence de son aile à la Cena justifiée dans ce message vient confirmer que les Fcbe n’ont jamais retrouvé la cohésion définitive, comme certains ont tôt fait de l’avancer.
Un rebondissement sans conséquences…
A cette étape où les conclusions issues de cette séance de réconciliation n’ont pas été respectées par le camp Paul Hounkpè comme l’a dénoncé Nourénou Atchadé, il n’est aussi pas évident que l’aile à laquelle il appartient encaisse ce nouveau coup sans vouloir riposter. Même si l’ancien député dit attendre la publication officielle de la liste des candidats par la Cena avant toute réaction officielle, il n’est pas prétentieux d’affirmer qu’une nouvelle crise s’annonce au sein du parti. Laquelle crise pourrait lui fait perdre des plumes, pour le compte de ces joutes joutes électorales. Surtout si cette aile qui se sent lésée et à nouveau trahie en arrive à appeler au boycott du scrutin, par les militants du parti.
Pour une fois de plus, Matin Libre est conforté dans ses opinions. Dans sa parution du 4 mars, le Journal avait dans l’une de ses publications émis des doutes sur la sincérité de cette renonciation de Parakou et par ricochet, sur le respect par l’aile Paul Hounkpè, des conclusions qui en ont découlé. Et pour cause, toutes les caractéristiques d’une paix sincère et durable n’étaient pas réunies à l’issue de cette réconciliation. Pour preuve, les leaders de cette fronde au sein du parti n’y étaient pas, les recommandations fondamentales du Président d’honneur du parti à savoir la remise des documents officiels et l’organisation d’un congrès extraordinaire n’étaient pas satisfaites. Pis, aucun geste de grandeur manifestant une paix intrinsèque entre les deux camps n’a même pas été observé entre les protagonistes, à la fin de la séance… En clair, ce sont tous ces constats réunis qui avaient amené votre Quotidien à douter sur l’objectivité réelle de ce calumet de la paix, fumé par les deux ailes du parti à Parakou. A l’arrivée, l’absence de l’aile dure du parti à la Cena avant même la réaction actuelle des frondeurs, suffisait pour se rendre compte que chez les Fcbe, la crise a malgré tout demeuré.