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Energies renouvelables Bénin : Odd7.2, les lignes bougent

Publié le jeudi 19 mars 2020  |  Matin libre
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« Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable ». Ainsi libellé, le 7ème Objectif de développement durable (Odd 7) met l’accent sur l’accès universel à l’énergie, l’augmentation de l’efficacité énergétique et l’utilisation accrue des énergies renouvelables grâce à de nouvelles opportunités économiques et professionnelles pour créer des communautés plus durables et inclusives et une résilience face aux problèmes environnementaux tels que le changement climatique. Face à ce défi mondial, où en est le Bénin quant à la réalisation de la cible 7.2 (de l’Odd 7) qui porte essentiellement sur les énergies renouvelables ? Enquête…



L’énergie, en général, est au centre de presque tous les défis majeurs et des perspectives prometteuses, qui se présentent au monde aujourd’hui. Selon un communiqué de la Banque mondiale, publié en mai 2019, et citant le rapport Tracking SDG7: The Energy Progress Report, qui met en évidence l’ampleur des initiatives engagées pour produire de l’électricité à partir d’énergies renouvelables et améliorer l’efficacité énergétique partout dans le monde, l’accès à l’énergie s’est sensiblement amélioré depuis quelquesEnergie Renouvelable années. Le nombre de personnes privées d’électricité est passé d’un milliard en 201Energie Renouvelableopportunités économiques

6 (et 1,2 milliard en 2010) à environ 840 millions aujourd’hui. Cependant, environ 3 milliards de personnes, vivant pour la plupart en Asie et en Afrique subsaharienne, n’ont toujours pas accès à des moyens de cuisson non polluants en 2017. Faute de mesures intensifiées et pérennisées, alerte le rapport, 650 millions d’individus seront toujours privés d’électricité en 2030, sachant que 90 % d’entre eux vivront en Afrique subsaharienne. Selon le site mcabenin2.bj, au Bénin, les deux tiers de la population n’ont pas accès à l’électricité. Une grande partie de cette population vit dans des zones rurales où l’expansion du réseau existant est peu probable à court ou moyen terme. Le même site fait savoir qu’une étude nationale a été réalisée sur plus de 5 700 foyers et entreprises, et porte sur leur volonté de payer pour une énergie électrique. Il est ressorti de cette étude l’existence d’un marché de l’électricité secondaire important au Bénin, constitué de près d’un tiers de la totalité des raccordements des foyers au niveau national. Le marché secondaire présente une caractéristique des coûts élevés et du retard en matière de raccordement au réseau, et à l’intérieur de ces marchés, les voisins vendent aux voisins à un tarif dans certains cas deux fois supérieur au prix facturé par les services publics. « Parce qu’elles développent l’accès à l’énergie, stimulent la croissance économique, créent des emplois et améliorent la santé des populations, les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique sont la clé d’un développement durable. Nous pouvons faire en sorte que tous les pays engagent leur transition énergétique, en veillant à ce que les communautés les plus vulnérables en soient bénéficiaires (…) », préconise Francesco La Camera, directeur général de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), face à la situation.

Energies renouvelables au Bénin …

Contrairement aux énergies fossiles (charbon, gaz, pétrole…), qui sont des combustibles très polluants, responsables de la dégradation de l’environnement à travers les gaz à effet de serre produits, y compris 78% des émissions de CO2 de la planète depuis 1970 selon le Giec, les énergies renouvelables sont écologiques, propres, durables, inépuisables à l’échelle du temps humain, résilientes, décentralisables. « Nous avons l’énergie solaire, l’énergie éolienne, l’énergie hydraulique et ce qu’on appelle la biomasse à savoir le biogaz, tout ce qui est issu de la production végétale ou des déchets issus des activités humaines. Il y a une autre forme d’énergie renouvelable qui n’est très pas connue chez nous : la géothermie pour la production de la chaleur en énergie », cite Juste Damada, chef service des énergies traditionnelles à la Direction des ressources énergétiques (Dgre). Les plus utilisées au Bénin sont, souligne-t-il, l’énergie solaire, solaire photovoltaïque, l’hydroélectricité avec la centrale de Yérikpao d’une capacité de 0,5 Mw, celle de Nagbéto qui est au Togo et qui alimente aussi bien le Bénin que le Togo par la Communauté électrique du Bénin. « En dehors de cela, nous avons la biomasse notamment le biogaz. Ces derniers mois, il y a une certaine dynamique à ce niveau. Il y a des unités de production de biogaz. Il y a aussi des unités de valorisation des résidus agricoles. L’éolien n’est pas très exploité chez nous. C’est encore à l’étape embryonnaire. Le ministère est en train de faire des efforts pour qu’on passe à une valorisation à grande échelle de cette forme d’énergie », précise Juste Damada. D’après le rapport Tracking SDG7, les énergies renouvelables représentaient 17,5 % de la consommation totale d’énergie en 2016 dans le monde, contre 16,6 % en 2010. Cette tendance légèrement haussière est la preuve que ces énergies sont des sources alternatives pour le futur. Pourvu que l’on soit capable de les stocker pour palier leur intermittence. Mieux, « seuls un engagement politique renouvelé, une planification énergétique de long terme, une augmentation des financements privés et des incitations politiques et budgétaires adaptées pour encourager le déploiement plus rapide des nouvelles technologies permettront de maintenir et d’accélérer le rythme des progrès dans toutes les régions et dans tous les secteurs », indique la Banque mondiale dans son communiqué.

A propos, la vision du gouvernement est clairement définie. Dans son Programme d’action (Pag), notamment au projet 27 « Développer les énergies renouvelables », l’objectif affiché est de retrouver une plus grande indépendance énergétique à court terme grâce à une production thermique compétitive, dans une filière verticale intégrée. Comme activités à mener pour y arriver, il y a la réhabilitation du parc de production de la Sbee, la réhabilitation de la centrale thermique de Maria-Gléta (120 MW installation bicombustible), la construction d’une nouvelle centrale bicombustible de 120 MW, la construction d’un terminal de regazéification flottant (Fsru) dans le Port de Cotonou , l’alimentation des centrales au gaz d’une puissance totale de 500 MW, tout ceci en tirant les coûts de production vers le bas grâce à l’hydraulique et en augmentant la part de renouvelable dans le mix énergétique, en mettant à disposition du monde rural une énergie moderne. Cela passe aussi par la construction de deux centrales hydroélectriques (Adjarala et Dogo Bis), le rééquilibrage du parc de production thermique grâce à une énergie hydroélectrique peu chère à destination des populations rurales et urbaines, l’implantation de fermes PVs : capacité totale de 95 MW, la structuration d’une filière biomasse-combustible (potentiel de 15 MW) et l’utilisation des déchets de l’agriculture (tiges de coton, palmier à huile).

D’autres actions…

Pour Pamphile Kpatènon, chef service du suivi de la réalisation et de la maintenance des ouvrages à l’Agence béninoise d’électricité rurale et de maitrise d’énergie (Aberme), plusieurs autres projets sont en cours. « L’Aberme, dans le cadre de ses activités, a pu décrocher deux grands projets en cours de mise en œuvre. Un projet d’électrification de 100 localités par raccordement au réseau conventionnel et un autre de 176 localités toujours par raccordement au réseau. Dans le cadre du hors réseau, nous avons un projet d’électrification par système solaire de 550 infrastructures sociocommunautaires toujours sur financement Bidc », a-t-il confié. A sa suite, Juste Damada informe que dans le cadre du MCA-Bénin II, il est prévu la construction d’une centrale photovoltaïque solaire d’une capacité cumulée de 50 MWc, soit 15 MW à Bohicon, 10 MW à Djougou, 10 MW à Natitingou et 15 MW à Parakou. « (…) avant le MCA-Bénin II, le Bénin avait déjà initié un programme de construction de centrales solaires. Ce projet s’appelle PROVES (Projet de valorisation de l’énergie solaire) qui a permis de construire aujourd’hui, 79 microcentrales solaires sur toute l’étendue du territoire béninois. On est en train de travailler pour mettre en exploitation ces microcentrales solaires. C’est un système constitué d’un ensemble de panneaux solaires (…) qui produisent l’énergie évacuée par un réseau basse tension. Cela permet de distribuer l’énergie vers les ménages », souligne Pamphile Kpatènon qui s’est réjoui également de la disponibilité désormais d’un cadre légal pour le secteur. M. Damada d’ajouter : « Il y a également le projet Défisol pour lequel il y aura la construction d’une centrale solaire d’une capacité cumulée de 50 MWc. Je crois qu’avec la réalisation de ces projets, il y aura une amélioration de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique ».

Dans la cible 7.2 des Odd, l’objectif est d’ « accroître nettement la part de l’énergie renouvelable dans le bouquet énergétique mondial d’ici à 2030 ». Certes, eu égard à tout ce qui précède, on peut affirmer que le gouvernement consent des efforts, appuyé des partenaires, pour réduire la fracture en matière d’électrification entre la ville et la campagne au Bénin. En décembre 2019, lors de la validation de la Politique nationale de développement des énergies renouvelables, le secrétaire général du ministère de l’Energie, Jean-Paul Gbodogbé, l’a relevé : “en 2015, 49,7% de la population urbaine étaient connectés à l’énergie électrique, contre seulement 6,3% en zones rurales”. Il va falloir redoubler davantage d’efforts pour faire bouger plus les lignes pour ce qui est du déploiement des énergies renouvelables.

Par Jacques BOCO
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