Romuald Hazoumè sur le report du tour cycliste du Bénin: «Je pense qu’il faut rester optimiste»

Publié le lundi 23 mars 2020 | Matin libre

© aCotonou.com par DR
Romuald Hazoumè,président de la Fédération béninoise de cyclisme (Fébécy)

Deux sujets ont meublé la deuxième partie de l’interview de Romuald Hazoumè, président de la Fédération béninoise de cyclisme (Fbc). Il s’agit du report du tour cycliste international du Bénin et la loi sur le financement du sport. Invité de l’émission sportive «Au cœur du sport» sur le site precisium-sports.fr, Romuald Hazoumè reste optimiste sur la tenue du tour et donne plus de détails sur le financement du sport. Lisez-plutôt !!!

Le report du tour du Benin à cause de Corona Virus. Je parie que vous avez la mort dans l’âme de reporter cette course qui est le rendez-vous majeur des activités de la Fbc…

C’est un peu malheureux mais c’est comme ça. Après trois mois de boulot, jour et nuit et qu’on en soit arrivé là, je dis que c’est tant mieux qu’on en soit arrivé là parce que, le gouvernement béninois est prévoyant par rapport à certains gouvernements. Le gouvernement béninois a décidé l’auto confinement des Français qui viennent d’une zone infectée. Au départ, c’était ça. Mais, si vous êtes Français et vous n’êtes pas venus d’une zone infectée, vous n’êtes pas confiné. Mais depuis le 7 mars, l’auto-confinement est généralisé à tout Français qui foule le sol du Bénin. Ça veut dire que les gens doivent rester chez eux et ne pas sortir de chez eux pour éviter les contacts avec d’autres. Ce qui est difficile. Mais, il le faut et la moitié de l’école française est en auto-confinement. Aujourd’hui, puisque ceux qui reviennent de la France ne sont pas allés à l’école, de peur de se faire contaminer, c’est la situation. Donc, à cet effet, nous, qu’est-ce qu’on fait ? Nous avons promis aux sponsors Canal+ horizon, Tv 5 et c’est pour cette visibilité que beaucoup de sponsors nous accompagnent. Mais le problème qui se pose est le suivant : Si vous promettez quelque chose et vous prenez l’argent des gens et que vous ne pouvez pas le faire, ça vous traîne au tribunal. Et moi, je n’ai pas envie d’aller au tribunal pour de si peu d’argent. Si vous me parlez de 20 milliards de dollars, je veux bien aller au tribunal mais si vous me parlez de 20 millions de FCFA, ça ne vaut pas vraiment la peine d’aller au tribunal. C’est pour vous dire que la situation est telle qu’en commun accord avec les sponsors et tout le monde, nous avons décidé de repousser le tour mais à quand ? Comment ça va se passer ? Quelles sont les mesures qui vont être prises ? Parce que l’Italie aujourd’hui, vient d’interdire tous les vols en direction de l’Italie jusqu’au 5 avril. La France, on ne sait pas trop comment ça va être géré. Donc, voilà des situations qui nous mènent dans de petits problèmes qu’il faudrait qu’on règle. Le plus important de ces problèmes est la loi sur le financement du sport.

Du report, va-t-on tendre vers l’annulation pure et simple du tour du Bénin ?

Je pense qu’il faut rester optimiste. Si nous baissons les bras, on n’arrivera pas. Moi, je reste optimiste que le tour soit simplement reporté et qu’il aurait une solution qui serait vite trouvée et que, ça va s’améliorer. C’est une question de souveraineté. Mais je ne suis pas certain que nous aurons suffisamment d’argent pour le faire. Parce qu’on ne l’a pas fait maintenant. Parce qu’on a loupé le coche par rapport à cette situation sanitaire qui prévaut et qui sévit le monde. Ce qui fait que le tour du Mali a été annulé, le tour du Maroc a été annulé, le congrès de la Confédération africaine de cyclisme (Cac) au Kenya a été annulé. Des situations comme ça sont des situations qu’on ne peut échapper.

La loi sur le financement du sport, parlons-en…

Je vais vous expliquer quelque chose que le commun des associations ne comprend pas. Vous pouvez avoir l’argent de la société mais cet argent, qui est destiné à l’Etat en tant qu’impôt, doit être payé à l’Etat à une échéance donnée. Nous avons repoussé notre tour mais l’entreprise qui doit payer l’argent à l’Etat est obligée de payer à l’Etat. Si l’entreprise nous donne cet argent, elle va repayer ça à l’Etat parce que, si elle donne l’argent, nous devons exécuter nos activités. Nous devons prouver à cette société que nous avons réellement dépensé l’argent avec les justificatifs qu’il faut pour que la société aille justifier à l’Etat. Aujourd’hui, nous ne faisons pas le tour du Bénin. Donc, nous ne sommes pas capables de justifier quoi que ce soit. L’entreprise ne peut plus nous donner cet argent. Cet argent doit être retourné à l’Etat. Pour moi, cette situation est peut-être en train de compromettre le tour du Bénin parce qu’on ne sait pas combien il restera dans notre cagnotte. Parce que, par trimestre, il faut payer les impôts.

Pour le financement des activités de la Fbc, il y a un sponsor habituel qui vous accompagne ?

Un sponsor habituel mais très généreux qui fait énormément. Cette course de détection à Nikki, c’est la Sobebra qui l’a financée. Je profite de l’occasion pour saluer toute l’équipe en particulier le Dg de la Sobebra Sébastien Yves Manager qui fait beaucoup pour le sport en général et pour le cyclisme béninois en particulier. C’est rare de trouver des gens qui font des choses avec beaucoup de plaisir. Parce qu’ils savent que leur argent est vraiment dépensé là où ça doit aller. Mais sachez une chose, l’équipe nationale dans quelques jours va aller aux championnats continentaux d’Afrique qui ont lieu en Erythrée. On prie tous les Dieux pour que cette compétition soit sauvée, qu’elle ne soit pas annulée. On a payé les billets. On a payé l’hôtel. L’équipe est en stage depuis un mois. On fait juste une excursion à l’équipe pendant le dernier championnat. Cet argent doit être un argent qui doit venir de l’Etat mais l’Etat ne nous donne rien.

Transcription : Mariano TOUANOU (Stg) / Abdul Fataï SANNI

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