Les avis divergent depuis l’annonce de l’isolement de huit communes du Bénin. Le gouvernement joue la carte de la prudence et ne parle que d’un cordon sanitaire, mais les béninois estiment qu’il s’agit d’un « confinement déguisé ». A quelques heures de l’entrée en vigueur de la mesure, c’est toujours certaines zones d’ombre couvrent subsistent.
Depuis le début de la crise, nombre de béninois sur les réseaux sociaux et les médias locaux, ont vertement critiqué les premières mesures du gouvernement. «Elles ne seraient pas « assez rigides et contraignantes », confie par exemple , Jérome Kounou, comptable de formation. Selon lui, les mots choisis par le gouvernement ne révèlent pas à la population que l’heure est grave, et la situation appelle une réplique urgente. Mathias Amoussou, instituteur à la retraite, estime aussi pour sa part que le gouvernement ne prend pas conscience de la gravité de la situation.
Pourtant les autorités locales se veulent rassurantes. « La fragilité de l’économie béninoise et la prédominance du secteur informel, appellent des mesures plus approfondies et réfléchies ». C’est ce qui explique la prudence du gouvernement selon un Conseiller du Ministre de la Communication. Il rappelle que des mesures ont été prises et freinent d’ailleurs la propagation de la maladie. « Le cordon sanitaire annoncé vient renforcer ses mesures » poursuit-il.
En réalité, les béninois vivent au jour le jour. 80% de béninois opèrent dans l’informel. « Ces personnes auront toutes les difficultés pour se nourrir si la circulation est réduite au strict minimum » fait savoir Jonas Kougblénou, un Sociologue. Selon lui, « les contours du cordon sanitaire n’ont pas été clairement expliqués. Les populations ne savent pas si elles peuvent sortir et les itinéraires qu’elles peuvent emprunter ».
Les artisans, les commerçantes des marchés, les autres béninois non fonctionnaires, recevront un grand coup et toutes leurs activités risquent d’être à l’arrêt, fait savoir ce dernier.
« Un sacrifice nécessaire » selon les défenseurs de la mesure qui prennent pour exemple les autres pays de la sous-région ouest africaine qui ont été obligés de mettre plusieurs villes en quarantaine pour freiner l’épidémie.
« L’Organisation Mondiale de la Santé également va dans ce sens et demande aux dirigeants africains de prendre des mesures courageuses pour contrer le fléau ». Pour Pascal Bidé, la mesure gouvernementale arrive à point nommé. Elle doit être plus rigide et demander aux populations de ne plus sortir afin de permettre de fixer le virus et espérer un retour rapide à la normale.
Le cordon sanitaire entre en vigueur le lundi 30 mars 2020 à minuit, et va durer deux semaines. Pendant cette période, huit communes seront coupées du reste du pays.