La crise sanitaire liée au Covid-19 fait prendre aux gouvernants, un peu partout dans le monde, des mesures pour empêcher la propagation du virus. A l’instar de ces pays, le gouvernement de la Rupture au Bénin est à la tâche. Mais, les choses se font autrement. Ni aéroport, ni frontières terrestres ne sont hermétiquement fermés. Les alertes à la prise de conscience sur la dangerosité de la situation ont fini par conduire à l’instauration d’un cordon sanitaire dans les villes du Sud, les plus exposées. Dans ces villes, les bars sont fermés, les transports en commun interdits de circulation. Dans le même temps, alors que des voix s’élèvent pour condamner le fait que ces décisions ne soient suivies de mesures d’accompagnement, comme c’est le cas dans des pays limitrophes, le gouvernement enfonce le clou par un appel à la solidarité nationale.
Dans un communiqué de la présidence, il est dit que face à la situation actuelle, des Béninois et Béninoises, des entreprises, des personnes morales et physiques manifestent le désir de solidarité par des apports financiers, des dons en équipements ou intrants médicaux. Dès lors, un compte a été ouvert au trésor public pour recevoir les dons financiers et ceux en équipements devront être adressés au ministre de la santé.
Ainsi, en plus du fait que les populations doivent supporter, sans aucun accompagnement, le coût économique des mesures prises, elles plus invitées à accompagner le gouvernement en manifestant leur solidarité par des dons divers. Bien évidemment, on dira que ce n’est pas une obligation et que seuls ceux qui le désirent peuvent le faire. Mais l’Etat béninois n’ayant pas les moyens, avant d’appeler les autres à manifester leur solidarité, la logique ne voudrait-il pas que ceux qui sont aux commandes donnent le bon exemple ?
Depuis le début de la pandémie, tout ce que fait le gouvernement, c’est avec l’argent du contribuable. Sans oublier les dons d’autres pays et structures privées. Ailleurs, les personnalités politiques au plus haut niveau ont mis la main à la poche pour soutenir l’effort de leur gouvernement. L’exemple est parti des dirigeants, chef d’Etat, ministres, députés avant d’atteindre les opérateurs économiques, les stars de football et autres. C’est le cas par exemple au Ghana où le président Nana Akufo Addo a donné trois mois de salaire au fonds Covid-19. Le vice-président Mahamudu Bawumia a fait le même geste, en soutien au président. Au Nigéria, Le gouvernement fédéral a fait l’option de compter sur les grosses fortunes du pays. Au Bénin, combien ont donné, du chef de l’Etat, les ministres, en passant par les directeurs de sociétés d’Etat, les députés et autres ? Une chose est d’appeler les populations à la solidarité nationale. Mais l’exemple ne doit-il pas venir d’en haut ? Parce que la crise sanitaire ne les concerne pas? Pourquoi est-ce que c’est le peuple qui doit faire le plus de sacrifice ? Avant même d’inviter les populations à soutenir l’effort du gouvernement, ne devrait-on par commencer à publier ce que les membres du gouvernement ont déjà sorti de leurs propres poches ?
Compte tenu de l’urgence sanitaire qu’implique la situation, il est utile de compter sur tous les fils du pays. Mais cela aurait plus d’impact si les dirigeants montraient le chemin au-delà de leurs images sur support numérique qui inondent les réseaux sociaux, les présentant rntrain de se laver les mains.