Groggy. C’est l’état dans lequel se trouve le gouvernement béninois à propos de l’affaire du juge Angelo Houssou.
Le chef de l’Etat et ses hommes de main zélés viennent d’apprendre que l’homme qu’ils surveillent comme du lait sur le feu a réussi à les prendre à contre pied. Il séjourne aux Etats-Unis depuis quelques heures, après en avoir été empêché le 17 mai 2013, date à laquelle il a été interpellé à la frontière de Sèmè Kraké alorsqu’il se rendait au Nigéria. Selon les informations, il avait l’intention de prendre par ce pays voisin pour s’envoler en direction des Etats-Unis. Mais alertée, la Police a mis en place son dispositif et au moment où il devrait traverser la frontière, il a été pris en sandwich. C’était le début d’un calvaire pour le magistrat.
Conduit à la Direction générale de la Police, il a été contraint en résidence surveillée. L’étau s’est resserré autour de lui, provoquant la désapprobation de l’opinion publique et surtout de ses collègues magistrats. Pour l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab), s’en est de trop. A plusieurs reprises, elle a invité le gouvernement à cesser la filature du juge Angelo Houssou.
Une préoccupation qui reste d’actualité dans son récent communiqué qui a annoncé un mouvement de débrayage de 72 heures dans le secteur de la Justice à partir de ce mardi. En clair, pendant que tous ou presque se demandaient comment le gouvernement allait réagir face à cette revendication, le juge Angelo Houssou avait son plan B dans la tête. Le gouvernement, la Police et les autres services composant le dispositif de surveillance du magistrat ont tout simplement mordu la poussière. Après tant d’agitations, on peut se rendre compte qu’ils se sont plantés. En tout cas, ils sont tous ébranlés par la nouvelle qui révèle une fois encore que le régime Yayi Boni continue d’accumuler des échecs et il doit prendre conscience de ses faiblesses.
Face à ce camouflet, le président de la République n’a qu’à réaliser qu’il n’est plus maître de la situation et que tout lui échappe de jour en jour. Face à cet échec, il y a une chose qui se révèle aux yeux de tous : le juge Angelo Houssou n’a pas réussi seul son coup. Il a bénéficié des soutiens non négligeables. L’Homme a pu tisser sa toile jusqu’aux Chancelleries étrangères accréditées au Bénin. Le magistrat classé sur la liste noire du régime pour avoir rendu une ordonnance de non-lieu dans les affaires de coup d’Etat et de tentative d’empoisonnement contre le président de la République avait obtenu un visa de trois mois pour séjourner aux Etats-Unis.
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