Bénin /Politique Yayi : une démission au-delà des Fcbe

Publié le mercredi 8 avril 2020 | Matin libre

© aCotonou.com par Didier ASSOGBA
Les forces politiques de l’opposition ont décidé de se constituer une liste unique pour affronter les législatives d’Avril 2019
Cotonou le 16 janvier 2019. Les forces politiques de l’opposition ont décidé de se constituer une liste unique pour affronter les législatives d’Avril 2019

La démission de l’ancien chef de l’État, Yayi Boni, des Fcbe qu’il a entretenu sur plus d’une quinzaine d’années, était la grosse actualité au Bénin en fin de semaine écoulée. À propos, les commentaires vont bon train dans l’opinion. Qui pour saluer l’acte posé par le désormais ancien président d’honneur de cette formation politique, qui pour le critiquer parce qu’estimant que Yayi Boni dont le parti est habité aujourd’hui par le virus de la trahison et de la division aurait pu y rester pour, d’une part concilier les tendances et, d’autre part, poursuivre le combat pour la restauration de la démocratie dans le pays qu’il a dirigé sur dix ans avant de passer le témoin à Patrice Talon. Mais pour l’ancien leader charismatique des Forces cauris pour un Bénin émergent, la décision est prise et visiblement irréversible. Pour Yayi Boni, il n’est pas question de cautionner le hold-up orchestré par un groupe de militants qui ont détourné la formation politique vers le pouvoir en place. L’ancien président de la République a même qualifié le parti Fcbe, que contrôle depuis peu le groupe Paul Hounkpè et consorts, de troisième pôle du régime en place en dehors de l’Union progressiste et du Bloc républicain nés des entrailles de l’administration Talon.

L’autre angle de vue de la démission

Cependant, quand on analyse bien l’acte posé par l’ancien président, on peut dire qu’il va au-delà du comportement de Paul Hounkpè et sa suite. En effet, nul n’ignore qu’en 2019, des partis politiques et personnalités se sont regroupés au sein de la ” Résistance ” pour la défense des acquis démocratiques et l’organisation d’élections inclusives par le gouvernement du président Talon. Pour rappel, Yayi Boni était la pièce maîtresse de cette Résistance au point où après les émeutes de mai 2019 nées des élections législatives sans l’Opposition, il a été assigné, pendant plus de 50 jours, à résidence. Il a fallu des pressions dans la sous-région et à l’international avant qu’il ne soit ” libéré ” pour aller se faire soigner, sa santé s’étant alors dégradée. De retour à Cotonou avec une délégation de la Cedeao, après plusieurs mois hors du territoire national, pour une prétendue rencontre avec son successeur, Yayi Boni avait essuyé de vives critiques de la part d’autres figures de la Résistance. Certes, le tête-à-tête annoncé à grande pompe par le pouvoir n’a plus eu lieu, et la grosse surprise, l’ancien chef de l’État est reparti dans la soirée avec l’avion nigérian avec la délégation de la Cedeao. Mais depuis qu’il est rentré au bercail, fin décembre, on n’a plus noté le même activisme chez les membres de cette Résistance. Candide Azannaî, ancien ministre de la Défense nationale, démissionnaire du gouvernement Talon fait désormais cavalier seul, l’ancien président Nicéphore Soglo et Yayi Boni ne se voient non plus comme aux temps forts de la Résistance. Dans les coulisses, il se raconte même que Yayi Boni dont on ne comprenait plus la ligne de fonctionnement du parti Fcbe, faisait tout pour prendre part aux élections communales alors que l’idéal aurait été le boycott pour continuer dans la dynamique de revendication de la reprise des législatives qui ont fait, de façon inédite, des morts et des dégâts énormes. Avec aujourd’hui le retrait de Yayi Boni du parti Fcbe et ses récriminations à l’endroit du pouvoir de Patrice Talon, c’est une évidence que ses détracteurs sont désormais situés. Donc au-delà du parti Fcbe, la démission de l’ancien président de la République vient mettre fin aux procès d’intention à son égard.

WB

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