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Départ du parti Fcbe de Yayi : Une démission à plusieurs inconnues !

Publié le mercredi 8 avril 2020  |  L`événement Précis
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© aCotonou.com par Didier ASSOGBA
Les forces politiques de l’opposition ont décidé de se constituer une liste unique pour affronter les législatives d’Avril 2019
Cotonou le 16 janvier 2019. Les forces politiques de l’opposition ont décidé de se constituer une liste unique pour affronter les législatives d’Avril 2019
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Elle est tombée drue comme un coup de tonnerre. La démission de Boni Yayi, non seulement à la tête de la présidence d’honneur des Forces Cauris pour un Bénin Emergent (Fcbe), mais également du parti tout entier n’a pas pour autant étonné grand monde. Nombreux évoquaient déjà une telle perspective depuis, que ce dernier revenu au bercail, courant janvier 2020, après une longue absence, a vainement tenté de réconcilier les deux camps en conflit. D’aucuns continuaient de s’interroger sur la position réelle de Boni Yayi dans ce méli-mélo des Fcbe, où jusqu’à la veille de dépôt des candidatures pour les communales 2020, tout laissait croire à des efforts de rapprochement des deux ailes, Hounkpè et Azatassou, avec au passage, la fameuse rencontre dite des sages de Parakou qui aurait réussi finalement à calmer les ardeurs des uns et des autres pour affronter le prochain combat électoral avec une seule liste Fcbe. Du reste, la confusion est demeurée entière dans la tête de beaucoup de béninois sur la réalité des faits au sein de ce parti, jusqu’à cette annonce historique de démission du leader charismatique Boni Yayi.
Acte d’impuissance ou conséquence d’une grande déception politique ? L’ex-Chef de l’Etat qui a régné sur le Bénin pendant 10 ans s’est expliqué de long en large dans un message sur sa page Facebook. « …Il est regrettable de constater que le processus d’exclusion continue par des réformes personnelles au rang desquelles figure la charte des partis politiques. Cette charte nous conduit inexorablement à un parti unique à la solde du Président de la République, avec la complicité de toutes les Institutions et Organes. Pour rappel, cette idéologie du parti unique a été rejetée par notre peuple depuis la Conférence Nationale de 1990. Sur la base de cette nouvelle vision de nos gouvernants depuis 2016, ma conclusion est leur volonté de faire disparaitre, avec la complicité d’un groupe de militants, le parti FCBE » a dénoncé Boni Yayi. Il n’a pas occulté le point d’achoppement qui a conduit à tout ceci : le récépissé attestant la conformité aux nouvelles dispositions de la Charte des partis politiques tant contesté par le camp Azatassou, Tigri et consorts. « C’était tout comme si le récépissé était conditionné entres autres à l’exclusion de certains militants. Ce récépissé a été négocié par un groupe illégitime selon le rapport qui m’a été fait par la plupart des membres du Bureau Exécutif National du parti. La gestion des positionnements sur la liste des candidats et le rejet du rapport de certains coordonnateurs communaux me confortent dans l’idée que le parti Fcbe d’aujourd’hui n’est pas celui qui a été mis en place au Congrès de Parakou. Le virus de l’exclusion a emporté Fcbe, l’obligeant à devenir l’un des pôles politiques du Président Talon dans la perspective du parti unique au niveau national visé par celui-ci, puisque les partis en compétition sont tous de la majorité présidentielle. Tous les moyens coercitifs de l’État sont mis à contribution à cet effet. » Et de poursuivre sur un ton plus acerbe envers son successeur: « Pour tout processus électoral, le Président Talon a confirmé sa phobie de l’opposition, de la contradiction et de la compétition… FCBE est désormais bel et bien un pôle politique du Président Talon. ». La décision de Yayi de faire dos à ce parti qui lui était si cher, créé dans les années 2006, dès son avènement au pouvoir est donc sans ambiguïté : « Je ne saurai cautionner un tel état de fait. Je ne saurai militer au sein d’un parti qui a été confisqué en raison de son engagement pour le retour de l’État de droit et de la démocratie et qui tenait à rester dans l’opposition à la gouvernance actuelle des affaires de notre patrie commune. J’ai donc le regret de vous annoncer que je me retire du parti Fcbe et je demande à tous les militants de prendre leurs responsabilités et décisions selon leur conscience au regard de la paix, de la sécurité, de la stabilité et du nécessaire développement de notre pays. Je souhaite qu’ils ne s’écartent pas du peuple et de l’intérêt général. ». Un peu menaçant aussi : « J’interdis formellement l’utilisation de mon image, de mon nom et de ma caution sous quelques formes que ce soit par tout candidat de la liste Fcbe. J’engagerai au besoin les actions pénales idoines pour faire respecter mon choix. Ce choix est personnel et je souhaite être compris par les militants qui ont fait de Fcbe un des plus grands partis du pays, convoité par le pouvoir en place ».

Beaucoup de non-dits
Boni Yayi s’en va donc du parti Fcbe. C’est désormais chose faite. Mais l’ancien président de la République aurait été plus explicite dans les dénonciations qu’il a faites contre le président Talon en apportant des preuves tangibles, en exhibant des documents et autres éléments fiables prouvant effectivement son implication dans la division survenue au sein de son parti et ses accointances avec le camp Hounkpè. Ce sont des faits qui ne méritent pas d’être exposés de manière superflue, car, de par la personnalité qu’il incarne, Boni Yayi ne doit pas se limiter à des rumeurs pour porter des jugements sur un pouvoir, pour en avoir eu l’honneur et le privilège de l’exercer aussi. Il apparait trop facile d’accuser son successeur d’être à la base de tout ce qui est arrivé au parti Fcbe, s’il n’a accédé à des actes et faits démontrant réellement ses allégations. Boni Yayi a semblé manquer de tact à ce niveau.
Mieux, l’ancien président de la République laisse perplexes aujourd’hui, un grand nombre de militants Fcbe, qui lui vouaient un véritable culte de personnalité. C’est un peu comme un père de famille qui, un beau matin, se lève et quitte définitivement les siens, accusant des mains invisibles d’envenimer une crise interne latente. Que deviendront alors les filles et fils de cette famille ? A-t-il pensé à leur avenir ? Les militants Fcbe devraient être en train de poser mille questions en ce moment sur la démission de Boni Yayi de ce parti, pour lequel, ils se sont tant sacrifiés. Si de grands leaders pour des raisons d’incompatibilités de la nouvelle vision au sein du parti et celle à laquelle ils aspirent, après le départ de Yayi du pouvoir, lui ont fait dos au profit de Talon, ils sont également très nombreux, des militants à la base qui continuaient de s’accrocher au prince de Tchaourou, devenu une vraie idole. La crise actuelle au sein des Fcbe est si insurmontable pour conduire Boni Yayi à une telle décision ? La question est aussi sur toutes les lèvres au sein de la famille Fcbe, qui déjà affaiblie par la persistance de cette crise se voit presqu’endeuillée aujourd’hui avec le départ de Yayi.
Une autre inconnue trotte également depuis peu dans les esprits. Yayi quitte-t-il seulement le parti Fcbe ou la scène politique nationale ? ceux qui connaissent à fond l’homme et ont longtemps pratiqué, se veulent prudents face à la seconde hypothèse. Il semble bien que l’idée de se refaire une nouvelle peau politique n’est pas à écarter de la stratégie actuelle en étude chez Boni Yayi et ses derniers amis fidèles. La probabilité que l’homme revient au-devant de la scène avec un nouveau label politique, conçu de la somme de ses nombreuses expériences, est évoquée par quelques analystes politiques. En insistant aussi dans son message que : « Je me retire du parti Fcbe tout en me réservant le droit et le devoir d’opiner sur la gestion des affaires de notre pays car le Bénin nous appartient tous. Je suis un Homme d’État, de paix et je le resterai. L’avenir radieux de la jeunesse de mon pays me préoccupe énormément. », Boni Yayi ne s’exclut pas déjà définitivement de la scène politique nationale. Connu pour ses va-et-vient intempestifs sur tout ce qui déchaine des passions en lui, il faut avouer que cet homme d’Etat exceptionnel que le Bénin a connu, n’a pas encore dit son dernier mot.

Christian Tchanou
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